Les établissements viennent de se faire amputer de 30% de leurs budgets par le président Komla Dodzi Kokoroko, sur le départ.
Nommé ministre de l’Enseignement primaire et secondaire, le professeur Dodzi Kokoroko n’en reste pas moins président de l’Université de Lomé, dans l’attente, peut-être, de l’arrivée de son successeur.
En attendant donc Godot, le Professeur Dodzi Kokoroko nettoie la maison. Du propre. Dans un courrier en date du 15 septembre dernier, soit 13 jours avant la nomination du Premier ministre, le président de l’UL annonce une mauvaise nouvelle aux dirigeants des établissements : des coupes claires dans les dépenses. A leur grande stupéfaction, ces derniers n’auront plus accès aux 30% restant de leurs budgets et doivent se contenter de la première tranche de 70%.
«…compte tenu du covid-19 et face aux difficultés de trésorerie que rencontre [l’Université de Lomé] le budget, exercice 2020 ouvert initialement à 70% dans sa première tranche n’aura plus de deuxième ouverture », indique la note.
Et, dans le paragraphe suivant, le président explique la situation de cette mesure draconienne.
« Les 30% restant du budget qui ne seront pas ouverts sont mis à contribution dans la mise à contribution dans la mise en place des mesures barrières et de protection contre le virus lors des examens et de la rentrée académique 2020-2021 et le réaménagement des infrastructures », avance le professeur Kokoroko.
Bizarre, cette décision financière a été prise avant le conseil de l’Université le 16 octobre 2020 portant sur un collectif budgétaire devant revoir les finances à l’aune des événements exceptionnels de cette année. Les chefs des établissements ne savent plus à quels saints se vouer. Certains ont déjà engagé des dépenses et sont embêtés par la nouvelle situation. Déjà dans un piteux état, l’Université risque de tourner au ralenti.
Le coronavirus a bon dos, cession des marchés gré à gré
Bien de dirigeants mettent en doute l’explication du président de l’UL. La première université publique du Togo a un budget estimé à presque 14,3 milliards CFA, charges salariales, dépenses des établissements et rénovation des infrastructures comprises. Les dépenses occasionnées par le covid-19 semblent avoir été normalement les seules exceptions.
Selon un enseignant, le président Kokoroko s’est affranchi des règles de gestion pendant sa présidence, contrairement à ses prédécesseurs. Les marchés des travaux de rénovation des voies d’accès à l’UL ainsi que la construction de certaines infrastructures ont été réalisés gré à gré, sans l’aval de la Commission des marchés. Les décisions ont été prises par le seul président. La commission des marchés de l’UL, dirigée par son ami, le professeur Akodah Ayewouadan, n’a siégé que dans la première année de la présidence de Kokoroko. Après, plus rien.
« Les dépenses d’infrastructures qu’il a opérées n’obéissent pas vraiment à une planification », dit un cadre de l’UL.
« Par exemple le bassin d’orage, la route, le théâtre…. , ça ne tenait compte d’aucune projection », ajoute ce cadre. Tout est fait au pif ! D’où quelque peu le désordre dans les finances. L’UL qui semble n’avoir pas reçu d’appui budgétaire dans le cadre du covid-19, peut se permettre de porter « assistance aux couches défavorables », à hauteur de 3 millions CFA. Une broutille, certes, mais une opération de relation publique incompréhensible.
Pourtant le 22 janvier 2020, lors de la session budgétaire du Conseil de l’Université, le président de l’UL faisant montre d’avoir appris de sa gestion passée. « Le changement sera désormais au cœur du management financier de l’UL« , a-t-il affirmé. Il a plutôt frappé encore plus fort par ses méthodes cavalières.
Une politique de gestion qui ne s’explique que par son positionnement politique. Fort du soutien politique du chef de l’Etat, Kokoroko était parti en roue libre. Il est redouté par ses pairs malgré les casseroles qu’il traîne dans le cadre des condamnations du Cames. Certains cadres dirigeants craignent une crise après le départ de l’actuel président.
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