Le gouvernement a décidé de la réouverture des établissements scolaires uniquement pour élèves en classes d’examen, qui effectueront la rentrée ce 15 juin. Ils étaient fermés depuis le 20 mars dernier.
L’annonce a été faite dans un tweet par la Primature.
Quelles décisions ont été prises ?
- Réouverture des établissement scolaires le 15 juin sur l’ensemble du territoire.
- Seuls les élèves en classes d’examens scolaires (CEPD, BEPC, BAC 1 et BAC II) et des examens professionnels du lycée technique sont concernés pour quatre à six semaines de cours.
- Les cours seront “essentiellement” consacrés aux cours de révision, de soutien et de consolidation des programmes déjà réalisés”
- Les dates d’examen seront communiquées ultérieurement.
- Pour classes intermédiaires ou de passage, des annonces ultérieures seront faites quant aux modalités de leurs évaluations.
- L’effectif des élèves réparti 20 à 30 élèves par classes, un élève par banc
- Dispositif sanitaire de lavage des mains dans toutes les écoles
- Port de masque obligatoire pour les élèves et enseignants
- Soutien financier public aux enseignants volontaires et aux enseignants des établissements laïcs et confessionnel privés.
Les activités scolaires pédagogiques reprendront ce lundi 15 juin, d’après un communiqué du gouvernement. Le gouvernement tient à préciser toutefois que la réouverture ne concerne uniquement que les classes d’examens. Il s’agit plus précisément des classes du CM2, de la 3ème, des premières et terminales, et des examens des lycées professionnels. Selon le gouvernement, les classes intermédiaires prendront la relève à temps opportun. Quant aux dates d’examen, elles seront communiquées ultérieurement dans la semaine.
20 à 30 élèves par classes
Cette reprise intervient après la levée totale du couvre-feu et du bouclage des villes de Lomé et de Sokodé depuis la décision portant état d’urgence sanitaire le 25mars. Peu avant, le 20 mars il a été décidé la fermeture des établissements universitaires, d’enseignement général et professionnels le 20 mars dernier, pour endiguer la pandémie du coronavirus.
La reprise des cours intervient surtout après des rencontres entre le gouvernement, les autorités pédagogiques, et les directeurs d’établissements publics, des enseignements privés et confessionnels et des parents d’élèves.
D’après ces réunions, les effectifs des classes seront revus drastiquement à la baisse à raison de 20 à 30 élèves par classe et un élève par banc, pour respecter la règle de la distanciation physique. De même, des dispositifs d’hygiène de lave-main devront être à portée des élèves et enseignants. Les élèves et enseignants devront porter les masques pendant les cours.
Seule incertitude au tableau, la gestion réelle du problème d’effectifs dans les établissements publics et privés et surtout du respect des mesures-barrières.
Dans les établissements publics, les classes se retrouvent avec un effectif de 100 à 150 élèves voire 200, nécessitant des professeurs supplémentaires dans chaque discipline. Une gestion quasi impossible vu le déficit d’enseignants dans le public.
Le gouvernement annonce néanmoins que la reprise est destinée à préparer les élèves pour les examens dont les dates seront communiqués dans la semaine.
“Cette réouverture avec des cours en présentiel portera sur une période de quatre à six semaines. Elle sera consacrée essentiellement aux cours de révision, de soutien et de consolidation des programmes déjà réalisés afin de mettre chaque apprenant au niveau requis avant les examens nationaux”, souligne le communiqué.
La question de la prise en charge des enseignants
Quelques semaines avant la reprise ce 15 juin, le gouvernement a tenu plusieurs réunions avec les Directeurs nationaux de l’enseignement privé confessionnel, les fondateurs et les promoteurs des établissements privés laïcs, les Fédérations des syndicats des enseignants, l’Association nationale des enseignants volontaires du Togo, les représentants des centrales syndicales, l’Union nationale togolaise des associations de parents d’élèves et d’étudiants, et la Coalition nationale pour l’éducation pour tous.
Le gouvernement a évoqué des appuis financiers à apporter aux enseignants volontaires. Les enseignants volontaires sont des enseignants recrutés par certaines écoles publiques et qui n’émargent pas au budget de l’Etat. Exploités, sous-payés, leur prise en charge relève le plus souvent de des associations de parents d’élèves. Dans une déclaration sur une radio, un
Il en est de même d’un appui conditionnel aux enseignants du privé et des écoles confessionnelles invités à déposer des dossiers dans leurs inspections de tutelle. Tout dossier doit contenir une copie de la carte d’électeur et doit être déposé au plus tard ce vendredi 12 juin 2020. Des conditions quelque peu drastiques qui pourraient exclure nombre de candidats.
Improvisation et pilotage à vue
Même si dans l’opinion on était quelque peu dans l’expectative d’une reprise imminente des classes, l’annonce de la réouverture des écoles cache mal le pilotage à vue du gouvernement. Le processus de décompression de l’état d’urgence sanitaire montre beaucoup d’improvisation de la part du gouvernement.
Tout d’abord, le gouvernement n’a jamais laissé voir clairement un calendrier cohérent de la reprise. En dépit de moult réunions entre le gouvernement et les parents d’élèves, les ministères en chargé des enseignements général et technique n’ont jamais pu tomber d’accord sur une échéance claire de l’ouverture. Ce qui a donné lieu à une cacophonie : la presse privée et bien des journaux avaient donné la date du 8 juin avant que dans la nuit du 7 juin, le gouvernement n’apporte un démenti.
Ensuite, en annonçant le 12 juin le retour des élèves pour le 15 juin, soit trois jours avant, le gouvernement fait la preuve encore une fois d’une absence de calendrier. Pire, la date des examens n’est pas encore annoncé alors qu’il est dit que les élèves ont “quatre à six semaines de cours” de remise à niveau pour les examens. Un pilotage à vue qui rappelle le processus de levée du couvre-feu.
Enfin, il semble que bien des aspects des difficultés liées à la reprise ne soient pas totalement maîtrisés. Apparemment, tous les établissements scolaires ne seront pas équipés des dispositifs de lavage de main et d’autres matériels nécessaires au respect des mesures d’hygiène. Le gouvernement “encourage” la mise en place de ses dispositifs mais ne les rend pas obligatoires. Tout comme il n’exprime pas clairement les soutiens à apporter aux écoles privées laïques, souvent démunies, dans ce domaine.
En ce qui concerne les dispositifs de lavage des mains, leur utilisation est vivement encouragée partout où cela est faisable, particulièrement dans les districts et les localités qui connaissent déjà une infection au covid-19. (…) A cet égard, les autorités locales, notamment les maires, ainsi que les comités de parents d’élèves sont exhortés à s’impliquer et à apporter leurs contributions pour le respect des mesures-barrières, indique le communiqué.
Les collectivités locales n’ont pas encore de dotations depuis leurs mises en place à la suite des scrutins de juin 2019.
Le nombre de contaminations reste élevé
C’est un Togo à bout de souffle qui annonce un adoucissement des mesures portant état d’urgence sanitaire. L’Etat visiblement a adopté la stratégie risquée de laisser les populations vivre avec le virus.
Après avoir annoncé qu’elle entreprendrait des tests systématiques à raison de 10 mille par jour à partir de juin, l’équipe scientifique et le gouvernement semble avoir fait machine arrière. Or, les tests sont censés couvrir les foyers épidémiques que sont Lomé, Agoè, Akebou, Wawa, Tchaoudjou et Mô. Ce revirement pour des raisons inexpliquées laisse quelque peu dubitatif avec l’adoucissement de l’état d’urgence sanitaire mis en place le 1er avril alors que le pays ne comptait que 38 cas et un décès. Dix semaines plus tard, le Togo enregistre 525 cas confirmés et 13 décès. Et dans le mois de mai, l’augmentation des cas a été exponentielle frôlant parfois 200%. Les signes d’une maîtrise du virus ne sont pourtant pas évidentes, et on craint toujours la propagation du virus à Lomé, Agoè et dans l’Akébou. La fin de l’isolement des villes et la reprise totale des activités, avec l’ouverture prochaine des frontières terrestres et aériennes peuvent exacerber les risques de propagation du virus.
La stratégie de testing dans les foyers épidémiques auraient pourtant pour but de connaître les modes de contamination et les couches sociales à risque afin de pouvoir prendre des mesures d’endiguement.
En savoir plus sur Le Temps
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Laisser un commentaire