François Hollande avait refusé de vendre, Emmanuel Macron l’a fait, la France vient de livrer trois hélicoptères de combat à la garde présidentielle de Faure Gnassingbé.
On ne s’y attendait plus. Quand en 2017, Jean-Marc Hérault, le ministre des Affaires étrangères de François Hollande, mit son veto sur une vente de cinq hélicoptères Gazelle au Togo, craignant leur utilisation dans la répression contre l’opposition, on a vite fait de croire que l’affaire avait fait chou blanc.
Deux ans plus tard, le nouveau gouvernement français n’eut pas les mêmes scrupules que le précédent. Le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, très peu regardant sur les questions de démocratie et des droits de l’homme en Afrique, a donné son accord.
Selon le magazine électronique Africa Intelligence, la France a livré trois Gazelle à la garde présidentielle du Togo; deux en 2019 et le dernier en avril 2020. Soit quelques semaines après la présidentielle controversée du 22 février 2020.
Dans son numéro d’avril, le magazine titre : « La garde présidentielle de Gnassingbé ne recevra pas tous ses hélicoptères Gazelle ».
« Secaro, spécialisé dans la modernisation d’appareils issus des stocks de l’armée française, ne livrera finalement que trois des cinq appareils commandés en 2016 par le Togo. Au terme de nombreux rebondissements, les hélicoptères militaires SA 341 Gazelle commandés en 2016 par le Togo prennent finalement leur envol. Mais le président Faure Gnassingbé, impatient de voir ces machines issues du surplus de l’Aviation légère de l’armée de terre (ALAT) française entrer en service au sein de sa garde présidentielle, a dû revoir ses ambitions à la baisse », informe le journal.
Et le journal de poursuivre que des questions de coût auraient conduit le pouvoir à revoir à la baisse le volume de ses achats. Précédemment, en 2016, c’était 5 hélicoptères d’un coût d’une vingtaine de millions d’Euros qui étaient commandés.
« Selon nos informations, le Togo, qui a reçu deux premiers appareils en novembre, n’en commandera finalement que trois au total, sur les cinq appareils souhaités au moment de l’achat, en 2016. Une question de budget ; avant tout : la licence d’exportation accordée en 2016 par le gouvernement français estimait ce contrat à 30, 5 millions d’euros, au lieu de la vingtaine de millions d’euros initialement évoquée», ajoute le journal.
Pour quelles raisons le coût a varié de manière aussi importance, soit 50% d’augmentation pour des hélicoptères sortis du stock de l’armée française ? Mystère.
Macron au secours de la dictature togolaise
L’ancien patron du Quai d’Orsay s’était opposé à la vente des Gazelles au Togo parce que les mêmes appareils vendus au régime d’Ali Bongo avaient servi à la répression sauvage des manifestations populaires à la présidentielle de 2015.
Lors de la commande, le Togo avait fait valoir l’utilité des aéronefs pour le sommet des chefs d’Etat de l’Union Africaine sur la sécurité maritime à Lomé. La réception du matériel par la garde présidentielle reste tout de même surprenante.
La livraison de ce matériel militaire par la France à la dictature militaire cinquantenaire, est un signe du soutien décomplexé de la France de Macron à Faure Gnassingbe. C’est la preuve que malgré ses discours aux accents de rupture avec la Françafrique, Emmanuel Macron reste dans la continuité d’un appui sans faille aux dictatures du pré carré africain.
Le pouvoir de Faure Gnassingbé est une junte militaire qui organise des élections d’apparat, dont celle du 22 février dernier. Réputé pour faire peu de cas des droits de l’homme, le régime est fortement contesté par les masses depuis 2017.
Confronté à la menace du Covid-19 qui révèle l’état sinistré du système sanitaire, le gouvernement n’a fait que renforcer le dispositif sécuritaire autour des populations. Le régime a décrété l’état d’urgence et un couvre-feu sous la houlette d’une brigade anti-covid, dont les bavures ont fait des morts et de nombreux blessés.
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