L’ancien président Yahya Jammeh est accusé par trois Gambiennes de les avoir contraintes à des relations sexuelles en usant de pressions morales, financières ou physiques lorsqu’il dirigeait ce pays, selon un rapport de Human Rights Watch présenté mercredi 26 juin au Sénégal.
« Yahya Jammeh a traité les femmes gambiennes comme ses choses », a expliqué à Dakar le célèbre avocat américain de Human Rights Watch, Reed Brody. « Le viol et l’agression sexuelle sont des crimes, Jammeh n’est pas au-dessus des lois ».
L’ex-président gambien et ses collaborateurs ont « recouru à la coercition, à la tromperie et à la violence » pour obtenir des faveurs sexuelles, « ainsi qu’à des représailles lorsque les femmes refusaient ses avances », accuse l’enquête, menée avec l’ONG suisse TRIAL International pendant 18 mois.
En décembre 2014, Fatou Jallow, dite « Toufah », alors étudiante en art dramatique de 18 ans, a été élue « reine de beauté » lors d’un concours retransmis en direct à la télévision d’Etat. Dans les six mois qui ont suivi, le chef de l’Etat l’a invitée plusieurs fois au palais présidentiel, couverte de cadeaux, puis lui a demandé de l’épouser, ce qu’elle a refusé, selon le récit de la jeune femme, qui a choisi de témoigner à visage découvert depuis le Sénégal, où elle a trouvé refuge. En juin 2015, Yahya Jammeh l’a enfermée dans une pièce de son palais, menacée de mort et lui a injecté une substance au moyen d’une seringue, avant de l’immobiliser et de la violer, a-t-elle expliqué.
Selon plusieurs témoignages rapportés par les deux ONG, Yahya Jammeh s’est aussi entouré de « protocol girls » – des jeunes femmes qu’il recrutait personnellement comme assistantes, avec l’aide d’une cousine, Jimbee Jammeh, chargée de les mettre en confiance – avant de les harceler sexuellement.
L’une d’entre-elles, désignée par le pseudonyme « Anta », a expliqué que le président l’avait menacée de lui couper les vivres si elle se refusait à lui. Une autre, « Bintu », affirme que Yahya Jammeh lui a proposé une bourse d’études aux Etats-Unis avant de se rétracter devant son refus de relations sexuelles.Une quatrième femme, Fatoumatta Sandeng, chanteuse connue en 2015, affirme avoir été forcée à se rendre dans le village du président, sans doute, estime-t-elle, pour la « piéger ». Empêchée de quitter son hôtel pendant trois jours, elle avait finalement été autorisée à partir sans avoir eu de contact avec Yahya Jammeh.
Le Temps avec AFP
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