Liberté d’expression : Pas d’avancée majeure selon l’observatoire des médias

L’observatoire  togolais des médias (OTM) a établi son rapport annuel sur l’état de la presse au Togo. C’est à l’occasion de la journée internationale de la liberté d’expression célébrée chaque 03 mai.

 Cette année, selon Reporter sans frontières (RSF), le Togo fait un bond de 10 places. Une progression qui le place au 6ème rang derrière le Ghana, le Burkina Faso, le Sénégal, le Niger et la Côte d’Ivoire.  Pour Reporter sans frontières, « Le Togo dispose d’un paysage médiatique foisonnant, mais les médias d’état peinent encore à fournir une véritable information de service public. La dépénalisation des délits de presse est acquise depuis 2014, et les organisations professionnelles de journalistes disposent d’une importante capacité de mobilisation pour défendre la presse lorsque cette dernière est attaquée. Cette situation de la liberté est toutefois fortement dépendante du contexte politique ». RSF ajoute que la «  la professionnalisation du secteur, la protection des sources et des journalistes-notamment lors des manifestations- et l’accès à des ressources financières plus importantes pour  assurer la viabilité économique des médias constituent les principaux enjeux  du futur code de la presse actuellement à l’étude ». Un défi que doit relever le Togo en permettant une meilleure liberté d’expression.

Pour l’heure, le pays n’en est pas là si on regarde le tableau dressé par l’observatoire togolais des médias. C’est un bilan mitigé qu’il  a dressé malgré le score réalisé par le Togo. Selon l’OTM, de nombreux écueils se dressent sur le chemin menant à la liberté d’expression au Togo. Dans le volet « Médias et forces de l’ordre de son rapport, l’observatoire note que les agressions contre les journalistes persistent. « L’OTM a reçu une plainte du journal satirique SIKA’A pour signaler « les mésaventures d’un journaliste » indiquant que l’un de ses reporters s’est retrouvé, le 08 mars dernier, à la présidence de la république et a eu maille à pâtir avec les forces de sécurité des lieux, qui lui auraient infligé des traitements inhumains et dégradants. Remis à la direction de la police judiciaire, il a été soumis à des interrogatoires avant d’être conduit le lendemain au siège du journal SIKA’A où une perquisition a été faite », relève l’observatoire. À cela s’ajoutent d’autres traitements reçus par les journalistes de la part des forces de l’ordre.

Récemment, lors du sit-in du mouvement Martin Luther King réclamant le départ du sélectionneur des Eperviers du Togo, un journaliste qui couvrait la manifestation a été brutalisé.

Toutefois, ces relations moins amicales entre les forces de sécurité existent aussi entre les médias togolais. Il s’agit entre autres, de la violation sans cesse des règles de confraternité. Aussi l’observatoire note-il des rapports parfois tendus entre les médias et la Haute autorité de l’audiovisuel et de communication (HAAC). « De nombreux dérapages relevés, notamment dans la presse écrite, ont conduit le collège des membres de la HAAC, suite aux rapports du service de monitoring, à se saisir de certains dossiers et à auditionner des directeurs de publication, en vue de leur faire prendre conscience des graves erreurs professionnelles qu’ils commettent. Trois (03) directeurs de publication ont été auditionnés sur des articles jugés « diffamatoires et non équilibrés » ou encore « tendancieux et comportant des informations non vérifiées », mentionne l’’organe d’autorégulation l’OTM dans son rapport 2019.

À cela s’ajoutent des plaintes dont quatre (04), pour diffamations, mensonges atteintes à la liberté de presse, les comportements des militants de certains partis politiques, les effets de bipolarisation des médias togolais, l’autocensure de certains médias dont l’émission « taxi presse » de la Radio Taxi Fm pour cause de pression. « L’observatoire togolais des médias a également eu à auditionner des directeurs d’organe par rapport à leurs publications ou diffusions, soit sur des plaintes de diffamation, de demande de réparations, soit sur auto saisine.

Du 03 mai 2018 à ce jour, ce sont au total 10 audiences qui ont été tenues et plus d’une vingtaine d’autres cas réglés par échanges », souligne l’OTM.

Autant de situations qui ont amené l’observatoire à jouer son rôle de tribunal des pairs. Ce qui a conduit à l’abandon des poursuites judiciaires contre certaines presses et décidé l’observatoire et la HAAC à organiser périodiquement les formations des journalistes. Et c’est dans le but d’amener la presse à s’améliorer que le projet Profamed a débuté cette année. Il a pour but de former les journalistes et les patrons de presse.

Au demeurant et pour une presse de qualité, l’observatoire a formulé des doléances entre autres, plus de moyens techniques et logistiques aux médias publics, aide spéciale à la presse en période électorale, respect de l’application relative à la subvention de l’Etat à la presse selon les critères définis par le code de la presse et de communication, à la HAAC de mettre en place un mécanisme de consultation périodique entre elle et les organisations professionnelles des médias. Aussi pour l’OTM, il s’agira d’inciter les journalistes à s’approprier et à respecter le code de la déontologie, veiller aux respects des règles de confraternité, mieux faire connaître l’OTM aux journalistes, et surtout inviter les journalistes au respect des dispositions du code de la presse et de la communication et celles du code de déontologie des journalistes du Togo ; inviter les forces de l’ordre à la protection des journalistes, s’abstenir des traitements inhumains et dégradants sur les journalistes, ne pas considérer les journalistes comme des ennemis sur les lieux de reportages lors des manifestations politiques.

Cette année le thème retenu pour  la journée internationale de la liberté de la presse est « médias pour la démocratie : le journalisme et les élections en période de désinformation ». Une interpellation aux médias togolais qui s’apprêtent à couvrir les élections locales annoncées pour juin prochain et surtout la présidentielle de l’année prochaine.

EKLOU de Badj


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