France : Notre Dame, ses milliardaires et ses misérables

850 millions d’euros. C’est la somme astronomique mobilisée en un temps record pour la reconstruction de l’église Notre Dame de Paris.

850 millions d’euros. C’est la somme astronomique mobilisée en un temps record pour la reconstruction de l’église Notre Dame de Paris. On n’est pas loin d’un milliard d’euros. Pourtant dans cette même France, 566 sans-abris sont morts dans la rue en 2018, contre 511 l’année précédente.

Par-delà les lames de feu telles, celles de la géhenne, qui ont ravagé une bonne partie de l’Eglise catholique, il y a les deux Frances. Celle des riches et des pauvres. L’annonce d’une grande souscription nationale par Emmanuel Macron le soir de l’incendie, a déclenché le lendemain, le 16 avril, une course contre la montre chez les milliardaires français. De la famille Arnaud à Pinault en passant par Bettencourt et bien d’autres, ces plus grosses fortunes de France cassent leurs tirelires pour rebâtir Notre Dame de Paris  fortement endommagée par un puissant incendie.

La famille Arnault première fortune de France, a annoncé un don de 200 millions d’euros. De leurs côtés, les Bettencourt à la tête du géant cosmétique mondial L’Oréal vont également débloquer 200 millions d’euros. Tandis que Pinault, propriétaire du groupe de luxe Kering annonce une participation de 100 millions d’euros, tout comme le groupe Total. D’autres familles ont aussi décidé de mettre la main à la poche pour contribuer à « l’effort de guerre ». Il s’agit entre autres de Martin et Olivier Bouygues qui font don de 10 millions d’euros par l’intermédiaire de leur holding familiale, SCDM. Aussi la famille Decaux et le milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière donnent respectivement 20 millions et 10 millions d’euros. Il faut ajouter les contributions des banques, Crédit agricole, BNP Paris Bas et d’autres comme Capgemini, Axa France, l’assureur Groupama. En dehors de l’hexagone, les bonnes volontés se manifestent. Cependant, cette avalanche de générosités sans précédent sous le subtil nom de mécénat, cache mal les réalités de « la France d’en bas ».

Si d’un côté les chiffres donnent des vertiges, d’un autre côté, ils font froid dans le dos. Selon « Le Collectif les morts de rue », en 2018, 566 sans domicile sont morts dans la rue en France, contre 511 en 2017. La moyenne d’âge est de 48 ans. Parmi eux, il y avait 50 femmes, 13 mineurs dont 6 de moins de 5 ans. Deux (02) avaient entre 5 et 9 ans tandis que six (06)  avaient entre 15 et 18 ans. «Durant les trois derniers mois avant son décès chacune de ces personnes a vécu majoritairement dans des lieux non faits pour l’habitation ou en centre d’hébergement d’urgence ou temporaire», mentionne le collectif. Il ajoute que ces personnes « sont mortes sur la voie publique, dans des abris de fortune tels qu’un parking, une cage d’escalier, une cabane de chantier ou dans le métro, mais aussi en lieu de soins ou en structure d’hébergement».

Ces « misérables » de Victor Hugo et qui représentent la « France d’en bas » sont malheureusement exclus d’un mécénat très sélectif et selon ses intérêts. Ce sont les deux visages que présente la France de Notre Dame de Paris, de la Tour Eiffel, de l’avenue des Champs Elysées, etc. La romancière sénégalaise Fatou Diome a raison lorsqu’elle dit dans son ouvrage Le ventre de l’atlantique, « Le Tiers-monde ne peut voir les plaies de l’Europe, les siennes l’aveuglent ; il ne peut entendre son cri, le sien l’assourdit ».

EKLU de Badj


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