Aux antipodes du pouvoir et de l’opposition, le président Nana Akufo-Addo pencherait pour un gouvernement de transition devant conduire les réformes et les élections.
Le salut du Togo viendra-t-il par le Ghana ? La reprise du dialogue dans quelques jours le fera savoir. Si le présent dialogue sous l’égide du Ghana est une mi-temps pour les parties au conflit en vue de recharger leurs batteries, le président Nana Akufo-Addo veut bien trouver une solution idoine, en tout cas loin des solutions bancales diplomatiques. Pour des raisons de prestige personnel mais aussi de politique intérieure, il voudrait mettre fin à une crise qui semble insurmontable pour les parties.
Parfaitement francophone voire francophile, le Ghanéen se met au-dessus des parties. Il lui arrive de faire de fortes réparties dans la langue de Voltaire, clouant le bec aux parties. Il impose sa notoriété, se montre ferme à l’égard de toutes les parties, surtout du pouvoir en place. A tous, il dira ses vérités, sèches voire brutales. La délégation du pouvoir en sait quelque chose, de sources proches de la présidence de la République.
Quand par exemple, la délégation du pouvoir exige avant la libération des détenus que la coalition fasse une déclaration de compassion vis-à-vis des victimes militaires. Le président ghanéen dit : «Vous-même connaissez la brutalité de votre armée. Feriez-vous une déclaration à l’égard des civils tués par l’armée ? », dit Nana Akufo-Addo aux représentants du pouvoir. «Je préfère que l’on pense à l’avenir», ajoute-t-il.
De même, “le document que vous tenez en main, vos adversaires le contestent“, dira-t-il sèchement au ministre Payadowa Boukpessi qui exhibe le code électoral pour justifier la volonté du pouvoir d’aller au référendum et aux législatives sans tenir compte des dispositions du dialogue.
Un Gouvernement de transition pour conduire les réformes et les élections
Le médiateur demande aux parties les questions autour du retour à la Constitution de 1992. La délégation UNIR met 10 minutes pour répondre au président ghanéen : elle ne veut en aucun cas un retour à la constitution originelle de 1992 et rejette tout dispositif législatif contraire à l’éligibilité de Faure Gnassingbé en 2020.
Son de cloche opposé chez la Coalition. Le retour à la Constitution originelle de 1992 et le départ de Faure Gnassingbe au plus tard en 2020.
A l’opposition, le Ghanéen aurait confié : «Je ne prends pas parti. Ce que vous cherchez ne peut pas s’obtenir par voie de négociations, dit Akufo-Addo. La conquête du pouvoir doit se faire étape par étape. C’est ma conviction personnelle »
Le Ghanéen proposerait « la solution la moins coûteuse », c’est-à-dire une stratégie qui aboutit au «maximum de réformes pour gagner les élections».
Pour le Ghanéen, dans l’état actuel des rapports de force, Faure Gnassingbe ne peut quitter le pouvoir qu’à la suite d’une révolution. Or, on n’en est loin pour le moment.
Et le président Akufo-Addo de décliner ses souhaits en grandes et petites réformes. Les grandes : la limitation du mandat présidentiel et le mode de scrutin, les modalités de désignation et les prérogatives du Premier ministre. Et surtout, il demande l’introduction d’une clause de restriction de modification de la constitution afin d’éviter à l’avenir les toilettages à l’envie.
Il propose également les réformes du cadre électoral ainsi qu’un Gouvernement de Transition chargé de conduire les réformes puis d’organiser des «élections transparentes».
Le Ghanéen n’a pas encore défini les modalités de ce gouvernement de transition censé apporter la solution d’une crise qui dure depuis le 5 octobre 1990 et devant mettre fin à plus de 50 ans de règne sans partage d’un pouvoir militaro-civil dirigé par la famille Gnassingbé.
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