Le directeur du protocole de Guillaume Soro, Souleymane Kamagaté, en audition chez le Procureur pour s’expliquer sur les caches d’armes à son domicile.
L’affaire de plusieurs caches d’armes trouvées à Bouaké, cœur de la mutinerie des ex-rebelles en Côte d’Ivoire, a pris une proportion judiciaire avec la convocation ce 26 mai du directeur du protocole, Souleymane Kamagaté dit SoulToSoul, par la justice ivoirienne.
Selon notre confrère RFI, M. Souleymane Kamagaté a fait plus d’une heure de démarches administratives à la gendarmerie nationale avant de se présenter pour une audition chez le procureur de la République. SoulToSoul devra s’expliquer sur des caches d’armes trouvées dans une de ses résidences supposées. Ces caches, vidées depuis une dizaine de jours, contiendraient des kalachnikovs, des munitions et des lance-roquettes. Des armes qui se seraient retrouvées dans les mains des mutins auteurs de chaudes revendications de primes non versées à Bouaké et dans d’autres villes de Côte d’Ivoire.
Le procureur lui signifiera sans doute les charges qui pourraient peser contre lui.
L’affaire est plus qu’embarrassante pour Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale dont SoulToSoul est un homme de confiance. Sur Facebook, l’ex-chef des rebelles des Forces Nouvelles de Côte d’Ivoire tente de rassurer ses partisans par une opération de communication adoucissant la gravité de la situation.
Soro, qui sur les réseaux sociaux recommandait à son homme de confiance de dire tout ce qu’il sait pour aider les enquêteurs, précisant en outre que tous ceux qui sont concernés, y compris lui-même, en tant que président de l’Assemblée nationale, devront assumer.
Le dilemme d’Alassane Ouattara
La Côte d’Ivoire est entrée dans la tourmente depuis l’année dernière avec le déclenchement des mutineries récurrentes des ex-rebelles. Parvenu à tout prix au pouvoir suite à une rebellion armée soutenue par la France, Alassane Ouattara paye sans doute le prix de la prise des armes pour s’imposer à la tête d’un pays qui a élu un président de manière somme toute démocratique.
En introduisant ce déséquilibre dans un système démocratique perfectible, il a montré qu’en démocratie, l’alternance peut se faire par le moyen des armes. Aussi récolte-t-il aujourd’hui le vent du désordre semé. Beaucoup d’armes, trop d’armes circulent dans le pays. Et Guillaume Soro ex-chef de la rébellion qui assurait toutes les transactions d’armes, actuellement troisième personnage de l’Etat, est un homme dont le pouvoir ne repose pas que justement sur son aura politique. Il le doit surtout aux armes dont beaucoup essaiment -qui sait – sur le territoire.
En dépit de trois élections (deux législatives et une présidentielle, et un référendum), la Côte d’Ivoire ressemble beaucoup plus à une société en état de guerre civile ou de coup d’Etat larvés.
Pour mettre fin à cette situation de mutinerie qui a conduit à la découverte de la cache d’armes, Alassane Ouattara a le choix entre la manière forte et payer les mutins, en fait ses mercenaires. Un choix cornélien, car avec des armes en vadrouille, le risque d’un conflit incontrôlé n’est pas loin. Mais le versement des primes alors que le budget de l’Etat est déjà soumis à une forte pression serait mal vu des fonctionnaires.
Certes il a cru résolu le problème en écartant Guillaume Soro par une modification de la constitution, le président du parlement n’étant plus désormais le deuxième personnage de l’Etat et son dauphin. Mais son potentiel de déstabilisation reste énorme.
Dans un système où il y a un consensus par recoupement sur la démocratie, on ne prend jamais impunément le pouvoir par les armes.
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