France : Ça sent le sapin pour François Fillon

«Pas de classement sans suite», selon le Parquet national financier dans le dossier François Fillon. Le candidat LR risque un renvoi en correctionnel.

Les chances de François Fillon, le candidat de la droite à la présidentielle s’amenuisent comme peau de chagrin. Chaque jour qui passe apporte son lot de malheurs au point que l’on peut affirmer sans risque d’être démenti par les événements que la probabilité de le voir mener campagne jusqu’au bout est très faible.

Un communiqué du Parquet national financier (PNF) rendu public ce matin ôte les doutes quant à une possible mise en examen ou une comparution immédiate devant la justice pour « détournements de fonds publics », « abus de bien sociaux » et « recels » de ces délits.

Dans une tournure négative, le PNF évoque un non-recours au classement sans suite de l’affaire, tout en indiquant clairement que les faits de détournements de fonds publics sont suffisamment avérés pour permettre des poursuites.

« L’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) a remis au parquet national financier, le 15 février 2017, les premiers résultats de l’enquête préliminaire qui lui a été confiée le 25 janvier 2017 concernant des faits susceptibles d’être qualifiés de détournements de fonds publics, abus de biens sociaux et recels de ces délits, mettant en cause, notamment, monsieur et Madame Fillon (…) En tant qu’autorité de poursuite, il est de mon devoir d’affirmer que les nombreux éléments déjà recueillis ne permettent pas d’envisager, en l’état, un classement sans suite de la procédure», indique que le communiqué du PNF. 

En attendant la poursuite des investigations des policiers, cette sortie médiatique du PNF, attendue depuis le début de la semaine, rend encore plus difficile la campagne de François.

François Fillon dans la nasse

Car l’affaire d’emplois fictifs révélée par le Canard Enchaîné a plombé un candidat non seulement favori des sondages mais qui  partait rempoter l’élection présidentielle haut les mains.

 Large vainqueur de la primaire de la droite, éliminant tour à tour Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, François Fillon paraissait comme un parangon de vertu, un bon catholique, bon père de famille, élu sans histoire, homme politique imbu de son devoir devant l’histoire et la situation de détresse et de décrochage que vit la nation française.

Bien que l’opinion conservatrice ait la mémoire courte que ce «collaborateur» taiseux de Nicolas Sarkozy fut en tout cas complice du précédent quinquennat médiocre, le profil de François Fillon collait parfaitement à son programme de redressement de la France.

Les révélations du palmipède et les réactions de François Fillon ont plutôt donné à voir le théâtre d’un homme fourbe, un sournois,  un grippe-sou doublé d’un misogyne pour qui sa femme compte pour du beurre. Un Rastignac politique décidé à vivre sur le dos de la princesse en traficotant quelques milliers d’Euros des fonds publics, marchant sur une ligne de crête des textes peu cohérents, tout en incitant les plus pauvres et les immigrés à la vindicte les accusant de plomber la France par l’assistanat.

François Fillon, un personnage de roman. Un dirigeant africain qui s’ignore. L’homme éhonté qui « ne voit pas le rapport » entre ces privilèges indus et les sacrifices immenses dont l’abolition de 500.000 postes de fonctionnaires qu’il demande à la France. Qui croit ne pas avoir de compte à rendre ni à la justice, ni à la justice, ni à son parti, ni à la presse.

François Filon le menteur compulsif qui s’est fait le credo de la politique sans morale  et a oublié qu’on ne peut quand même pas en faire sans. On voyait déjà son cynisme doublé d’un racisme pointé dans sa déclaration sur la colonisation considérée comme un partage de a culture de la France, niant le lourd passé colonial et postcolonial de la France. Une situation qui contraste avec celle de l’Allemagne pourtant source d’inspiration de sa politique économique, qui se penche, elle, sans complexe sur son passé colonial.

Une France en délitement moral

L’insolite dans toute cette affaire, c’est l’alignement de son parti derrière lui, l’approbation d’une conduite hautement répréhensible par la majeure partie de la droite. Une droite qui ressemble à s’y méprendre à l’extrême contre laquelle pourtant elle se veut un rempart.

D’ailleurs cette droite est conforme à son extrême, le comportement d’une Marine Le Pen sur laquelle glisse comme de l’eau le scandale des emplois fictifs au Parlement de l’Union Européenne ne rime-t-il pas avec celui d’un Fillon revendiquant avoir tous les droits de voler les fonds publics ? Marine Le Pen, l’anti-Europe, qui vit escroque cependant les fonds européens. Qui l’eût cru ?

Du coup le masque de la démocratie française tombe. Sa classe politique égale par sa corruption celle des républiques bananières d’Afrique. La République, cette gestion de la chose publique perd sens et valeurs.

Au-delà de la mesquine personne de François Fillon, la présidentielle française aura démontré que le déclin de la France est aussi avant tout moral. En parlant du déclin de l’Occident, Cioran disait que la France ne se releverait pas ! L’illustration est désormais faite.

Quand une soi-disant démocratie  et ses élites, pour assurer le rayonnement de leur pays mettent en esclavage des ex-colonies par le pillage et l’abâtardissement des dirigeants locaux, n’est-ce pas pas la preuve que ces élites viennent elles-mêmes d’extraction fangeuse ?

 


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A propos Tony Feda 141 Articles
Journaliste indépendant. Ancien Fellow de l'Akademie Schloss Solitude (Stuttgart, Allemagne), Tony FEDA s’intéresse à la sociologie, la culture- ses domaines de prédilection sont la littérature et les arts de la scène du Togo. A travaillé pour plusieurs journaux dont Le Temps, Notre Librairie. www.culturessud.com. Depuis août 2018, s'inspirant de Robert Park et de Bourdieu, il entame sur son blog www.afrocites.wordpress.com des projets sur des thèmes concernant la ville.

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