Argent: Classement des fortunes d’Afrique francophone

Le Magazine américain Forbes vient d’établir le classement des 25 plus grandes fortunes d’Afrique francophone subsaharienne. Une première. Contrairement à leurs homologues de la sphère anglophone (Nigéria, Afrique du Sud notamment), c’est la première fois que l’on voit des Francophones cités par Forbes Afrique.

Les Camerounais sont les plus riches

Selon Forbes Afrique, la première fortune d’Afrique noire francophone est le Camerounais Baba Danpullo dont la fortune est estimée à 940 millions de dollars US, très loin derrière le tout-puissant cimentier nigérian Ali Dangote qui pèse plus de 13 milliards de dollars. C’est un très proche de Paul Biya et principal soutien financier de son parti le RPDC, ce qui démontre assez bien que la politique et le bizness font excellent ménage en Afrique francophone. Ancien camionneur, il est présent surtout dans l’immobilier, les télécoms et l’agro-industrie.

Il y a d’autres Camerounais comme Fokma Kamgogne Samuel Foyou, la famille Moukete, Jean Samuel Noutchoguoin, Nana Bouba, Silvestre Ngouchinghe, la famille Sohaing et Josep Kadji. Seul  Yves-Michel Fotso, actuellement en prison, n’entre pas dans ce classement, sa fortune fond comme beurre au soleil. Il a perdu ces denières années sa banque, la CBC ainsi que d’autres sociétés.

Les descendants des ex-colons fortement présents

Georges Forest, un Belge né en RDC, est classé deuxième pour une fortune estimée à 800 millions dollars de dollars. George Forrest, patron du groupe Forrest qui opère notamment dans la cimenterie, les mines, la banque, l’agroalimentaire et les énergies renouvelables en RDC.

Dans une interview sur RFI,Michel Lobe Ewane, journaliste camerounais, rédacteur en chef de Forbes Afrique le présente comme « un homme mystérieux ».

George Forest, on l’appelle le vice-roi du Katanga. Il a fait sa fortune dans les mines, mais il est également dans le génie civil, dans les cimenteries, dans le transport aérien et dans la banque. Et il a un immense patrimoine foncier, plus de 400 000 hectares de terre. Mais il est un homme mystérieux. Les résultats financiers du groupe n’ont jamais été communiqués. Il reste le premier investisseur et employeur privé de RDC, affirme-t-il.

En Afrique francophone, exception faite du Cameroun, on note surtout que les plus grandes fortunes sont étrangères. Il en est ainsi de Christian Kerangali, Franco-Gabonais, 8ème au classement, et Ilias Iqbal Rahim et Hassanein Hiridjee, qui sont tous deux d’origine indo-pakistanaise. Christian Kerangali est la première fortune du Gabon. Il est très proche des Bongo, père et fils. De même,  la famille française Fraise est 23e au classement avec 208 millions de dollars. Cette famille française e est présente sur la Grande île dans l’énergie, les travaux publics et la vanille.

Les Rawji du Congo, une famille d’origine indienne sont classés quatrième plus grande fortune pour 630 millions de dollars US. La fortune de cette famille active essentiellement dans la banque (groupe Rawbank), la distribution de biens de consommation, la distribution automobile et la logistique

Discrétion, politique et business

Beaucoup de choses échappent à ce classement, les hommes d’affaires africains cultivant  beaucoup la discrétion. On note toutefois la présence du Président du Bénin, Patrice Talon, qui a été assez ouvert pour des raisons évidentes de publicité car il concourait à l’époque à la présidentielle. Il y a l’homme politique ivoirien Jean-Louis Billon, le Congolais Moïse Katumbi, très discret sur sa fortune réelle.

Les bourgeois d’Afrique francophone sont des pingres

Les 30 plus grosses fortunes d’Afrique francophone subsaharienne pèsent un peu plus de 10,56 milliards de dollars, selon le classement annuel élaboré par le magazine Forbes Afrique, qui compte pour la première fois une femme: la camerounaise Kate Fotso. Seules les fortunes supérieures à 175 millions entrent dans le classement Forbes.

Cependant, contrairement à leurs homologues anglophones d’Afrique du Sud et du Nigeria, les francophones d’Afrique noire, assez discrets déjà ne sont pas dans le mécénat. En Afrique du Sud par exemple, les plus grandes fortunes interviennent dans le financement de la culture, tout comme le Nigérian Tony Elumelu vient de créer une fondation qui apporte un appui à à l’Entrepreneurship program à destination de la jeunesse. L’Afrique francophone moins ouverte  politiquement que l’espace anglophone n’a pas un homme du style de Mo Ibrahim.

Du coup, on s’étonne de l’absence de la famille Gnassingbe et des oligarques du pouvoir de Lomé dans ce classement. Est-ce la faute également à la discrétion de “cette petite minorité” dénoncée par Faure Gnassingbé ?

 


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A propos Komi Dovlovi 1103 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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