L’association togolaise des consommateurs (ATC) relance l’affaire de la gestion des fonds mobilisés pour la participation du Togo à l’édition 2013 de la Coupe d’Afrique des Nations de football. Après les vaines interpellations des ministères des sports et des finances et finalement du Premier Ministre, c’est le tour pour l’ATC de solliciter l’intervention du Chef de l’Etat pour éclairer la lanterne des contribuables sur la gestion des fonds mobilisés. La Fédération Togolaise de Football (FTF) et le gouvernement avaient consenti à imposer des prélèvements à opérer chez les entreprises et celles-ci l’ont transféré sur le dos des consommateurs. Des comités ad hoc ont été mis sur pied en décembre 2012 pour coordonner la mobilisation. Mais en ce mois de novembre 2016, le contribuable ne connaît ni la valeur de la cagnotte ni l’utilisation qui en est faite de ces fonds.
Justification des prélèvements
La crise au sein de la fédération togolaise d’alors et les difficultés de tous ordres ont amené le gouvernement à solliciter du secteur privé des contributions et des citoyens, une quête volontaire pour une meilleure prestation de l’équipe nationale. « A l’époque diverses actions de marketing avaient demandé aux Togolais de contribuer à la mobilisation des fonds afin de doter l’équipe nationale de moyens suffisants pour sa participation à la CAN 2013 », écrit l’ATC dans un communiqué publié le 12 novembre. Trois comités avaient été mis sur pied dont celui de la supervision présidé par le Premier Ministre d’alors, Arthème Awoumey-Zunu. Les cimenteries du pays ont augmenté le prix de leur produit, les opérateurs de téléphonie mobile ont fait payer les utilisateurs pendant un mois, les constructeurs ont fait payer leurs clients, la brasserie a vendu plus chère la mousse, les banques… bref ce fut le printemps de l’envolée des prix sur les produits à la tête exclusive du consommateur.
Des cabinets ont été commis pour faire l’audit de la campagne africaine de l’équipe nationale togolaise. Les cabinets ont rendu les rapports à la Primature dans les délais mais ceux-ci n’ont jamais fait l’objet d’une quelconque publication. Silence consternant et contrastant avec une certaine grogne de la population qui visiblement croit que des pratiques gourgandines auraient émaillé la gestion de ces fonds. Le silence du gouvernement vient confirmer le doute. En 2010,les Eperviers s’étaient qualifiés pour la CAN d’Angola. Des cotisations similaires avaient été organisées. Le Togo n’ayant même pas joué un seul match, est revenu handicapé au bercail. Tous les sous avaient été délicatement dépensés et « justifiés ». Au moins un rapport, même contesté, avait été rendu public.
Les consommateurs interpellent le chef de l’Etat
L’Association Togolaise des Consommateurs insiste sur la restitution de la gestion de ces comptes en interpellant le chef de l’Etat togolais parce qu’elle estime qu’à l’époque c’était un décret en conseil des ministres qui avait mis en place les comités en question sous la supervision du Premier Ministre. A quelques semaines d’une prochaine probable nouvelle quête « Nous insistons que ces comptes soient faits avant que les Eperviers aillent à la CAN du Gabon. On ne peut pas accepter qu’on appelle les Togolais à contribuer alors que les premiers comptes ne sont pas faits », avertit le Secrétaire Général de l’ATC, Agouta Alladjou, indigné.
Enigme
L’affaire des comptes non publiés de la CAN 2013 reste une énigme et jusqu’alors la clef de cette énigme est détenue par l’ancien Premier Ministre, Arthème Awoumey-Zunu qui avait fait de l’esbroufe en promettant que les filets de la passoire de son comité étaient suffisamment réglés pour ne faire passer aucune moisissure des centimes déposés par les contribuables. Il y avait engagement qu’un compte rendu moral et financier serait fidèlement fait à la population après la campagne. Le ministère des finances et la Primature avaient dernièrement joué à un ping pong ahurissant en se rejetant alternativement la responsabilité dans la publication de ce rapport. Pourtant des sources informent que les rapports d’audit seraient sous scellé en attendant qu’ils soient dépoussiérés. Ce sera sous la pression !
Sans ce compte, non seulement le culte de l’impunité se fera toujours à la FTF et même ailleurs mais les contributeurs togolais amoureux du football n’auront plus le plaisir de répondre à un quelconque nouvel appel de fonds.
En promettant des actions au-delà d’un simple communiqué, l’association de défense des droits des consommateurs croit que « la lutte contre la corruption, le sabotage économique et le détournement des fonds publics étant des maux que combat le gouvernement, l’ATC reste convaincue que les autorités feront diligence par respect et considération pour le peuple togolais » afin de rendre à celui-ci son droit à l’information.
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