Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, était arrivé dimanche dans la capitale centrafricaine, a annoncé officiellement la fin de trois ans d’opération militaire dans le pays, au moment où un règlement de comptes entre groupes armés était en cours.
Déjà la semaine écoulée, d’autres violences dans le centre du pays ont fait des morts dont six gendarmes. Le lundi, M. Le Drian s’est attaché à rassurer les députés centrafricains lors d’un discours à l’Assemblée nationale à Bangui avant de présider la cérémonie marquant la fin de l’opération Sangaris. Devant l’inquiétude des députés, M. Le Drian tente de rassurer : “l’armée française sera certes moins visible mais elle sera présente, active et vigilante. Nous sommes fiers de l’opération Sangaris. Il est donc hors de question de laisser remettre en cause les acquis”.
La France maintiendra par ailleurs “une force de réserve tactique de 350 soldats” au sein de la Mission des Nations unies (Minusca), dont 12500 casques bleus des Nations Unies sont désormais seuls en première ligne pour assurer la sécurité des civils faute d’un Etat et d’une armée capables de résister aux groupes armés ainsi qu’aux groupes d’auto-défense d’éleveurs peuls..
La France avait lancé Sangaris début décembre 2013 alors que la Centrafrique connaissait des massacres après le renversement du président François Bozizé.
L’opération Sangaris avait trois missions à remplir: mettre fin au chaos, accompagner la montée en puissance des forces internationales et permettre la tenue d’élections démocratiques.
La France avait mobilisé quelque 2.500 soldats au plus fort des tensions. Le ministre a également rendu hommage lundi aux quatre soldats français morts lors de l’opération Sangaris.
Pour Anicet Georges Dologuélé, ancien candidat à l’élection présidentielle “Sangaris se retire beaucoup trop tôt. Nos forces de sécurité ne sont pas en mesure de prendre le relais ».
La force Sangaris a été mise en cause dans des scandales d’abus sexuels, tout comme des Casques bleus de nombreux contingents. Des enquêtes judiciaires sont en cours à Paris sur ces accusations de viols, d’abus ou d’exploitation sexuelle, notamment sur mineurs, ou de sévices physiques.
Comme le disent certains experts, le risque, c’est que la Minusca soit chassée à coups de pierres et que, dans 5 ou 6 ans, une nouvelle intervention française soit indispensable pour sauver la Centrafrique.
L’avènement d’une paix durable dans le pays est menacé du fait de ce retrait prématuré et qui donnera lieu à la reprise et à la poursuite des affrontements entre milices et groupes armés. Les Centrafricains craignent un regain de tension et que le travail entamé depuis trois ans ne soit pas totalement achevé. Les populations ne semblent pas avoir confiance aux casques bleus de l’ONU cités dans des scandales d’abus sexuels dans le pays et qui fait monter un raz le bol contre la MINUSCA.
Dans un pays où tout semble à reconstruire, les ingrédients d’une guerre civile s’accumulent, les groupes armés sont très actifs et la reprise des hostilités n’est plus trop éloigné. Le pays devrait se reprendre en charge.
En savoir plus sur Le Temps
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Laisser un commentaire