C’est dans un climat pour le moins confus qu’Edem Kodjo, facilitateur de l’Union Africaine dans le dialogue intercongolais lance ce jour à Kinshasa les travaux préparatoires. Le même jour, le Rassemblement de l’opposition a lancé une opération “ville morte”.
Après un premier report le mois dernier pour cause de malentendu avec les partis de l’opposition, les travaux préparatoires du dialogue national congolais s’ouvrent finalement ce matin à Kinshasa. Ils ont été convoqués par M. Edem Kodjo, ancien Secrétaire général de l’Organisation de l’Unité Africaine (devenue Union Africaine); nommé il y a 7 mois par l’UA pour piloter les discussions entre les protagonistes congolais dans cette crise relative à l’organisation des élections, au terme du deuxième mandat constitutionnel du président Joseph Kabila en décembre 2016.
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Un pays de plus en plus divisé
Pour défier le gouvernement et le facilitateur de l’UA, le Rassemblement des forces acquises au changement, dirigé par Etienne Tshisekedi, a lancé une “ville morte” ce mardi. Le mot d’ordre aurait été suivi dans plusieurs villes, et surtout à Kinshasa la capitale, au milieu de la matinée.
Voici le blvrd du 30 juin à Kin #RDC pr le moment: La ville est morte, pas grd chose, les kinois sont à la maison pic.twitter.com/K6Z3GCmoh1
— AfricaTopTweets (@AfricaTopTweet) August 23, 2016
Ce climat de tension n’a pas empêché Edem Kodjo de réunir à l’hôtel Béatrice de Kinshasa, les membres du Comité préparatoire du dialogue national. Le facilitateur a décidé de passé outre le désaveu dont il fait l’objet de la part de l’opposition. Il a pris soin de s’assurer le soutien de la communauté internationale. En effet hier, M. Kodjo a rencontré les ambassadeurs de l’Union Européenne, lesquels lui ont confirmé leur confiance. Avant eux, la MONUSCO (Nations Unies) et le groupe de soutien à la facilitation lui avaient voué fidélité. Au niveau interne, le plus fort soutien au facilitateur vient de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO). On peut aussi signaler la participation au dialogue, outre les partis de la majorité au pouvoir de l’UNC de Vital Kamérhé, ancien Président de l’Assembée nationale, passé à l’opposition vers la fin du premier mandat de Kabila, dont il était un proche collaborateur.
#RDC : les travaux préparatoires au dialogue doivent s’ouvrir en l’absence d’une partie de l’opposition https://t.co/FOiQtQnG7A
— Jeune Afrique (@jeune_afrique) August 23, 2016
La défiance
Le facilitateur de l’UA ne fait pas l’unanimité, loin de là! Une grande partie de l’opposition politique congolaise l’avait rejé comme médiateur dans la crise. Il est reproché à l’ancien Premier ministre du Togo sa “trop grande proximité avec la majorité présidentielle”.
Mais Au-delà de la personnalité de Kodjo, c’est la nature de la crise politique en RDC qui rend la médiation difficile. Ce pays, depuis la chute du président Mobutu suite à la guerre civile (1997-2003) est dans un processus démocratique des plus fragiles. Après avoir conduit la transition suite à l’Accord politique de Sun City (Afrique du Sud), Joseph Kabila qui a succédé à son père assassiné en 2002 a fait deux mandats à la tête du pays. Sa victoire dans les deux élections ont été dénoncées par l’opposition.
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Pour beaucoup d’adversaires de Kabila, le terme de son mandat en décembre 2016 devrait mener le pays à une alternance politique. Or, le gouvernement n’a pas pris les dispositions pour organiser les élections dans les délais. La Commission électorale vient d’entamer un processus de révision du fichier électoral qui devrait durer près de 15 mois.
Avec les travaux préparatoires, le Congo s’engage dans un dialogue difficile dont le contenu et les orientations sont loin de faire l’unanimité au sein de la classe politique. Et pourtant, Edem Kodjo avait annoncé un dialogue rapide.
Joséphine Bawa
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