La nouvelle démonstration littéraire est une inspiration de l’auteur togolais Cyr Adomayakpor Alban de la Meunière. C’était dans la perspective du sommet de l’Union Africaine qui devrait se tenir à Lomé sur la sécurité maritime au premier trimestre de 2016. Il aurait été dans le comité d’organisation qu’il proposerait à Faure Gnassingbé le discours d’ouverture de la façon suivante.
Mesdames et Messieurs (…)
Notre Créateur mit dans notre existence, l’empreinte de sa Grandeur et jeta un voile épais, sur l’implexité des questions essentielles qui demeurent et entretiennent les mystères de ces faisances dont il remplit le Monde.
Jamais en effet, Mesdames et Messieurs, la raison qui justifie l’objet même de ce sommet ne pût traverser quelque esprit, ou n’eût quelque actualité que ce fût, si la Mer n’existât. Vieille dame multimillénaire à l’éclat terni par les stigmates éloquents et avilissants qui, charriés par les écumes des flots sous la conjonction du vent et de la houle dans ses mouvements désordonnés, souillent et perforent d’outre à outre le somptueux corps ondulant de la Plaine liquide, offrant ainsi, un spectacle qui offusque la raison et déchire le cœur.
Cette vaste étendue poétique qui coule et qui danse de ses ondulances souveraines, devenue par-ci, la scène flottante d’actes délictueux, par-là, le tombeau de multiples détresses, et dont le lyrisme pathétique des vagues s’aheurte à ses malheurs, mérite à cet instant solennel, qu’éloge fût fait en des termes tout aussi émouvants que grandiloquents, afin que les vents qui soufflent au-dessus d’elle emportent vers son Créateur, le parfum éventé de sa robe bleue, sous le témoignage confus de nos soupirs et de nos regrets étouffés.
Permettez Mesdames et Messieurs, que je me fasse l’interprète fidèle de ces voix lointaines, factionnaires des Mystères, à la chanterelle tantôt haut placée, tantôt étranglée par tant d’émotions perpétuelles, qui remontent des ténèbres abyssales, afin que parvînt à vos cœurs, jusque dans leurs replis les plus secrets, et sous leurs voûtes solennelles, l’écho Poétique de leurs chants éternels que voici :
Au nom, à la résonance planétaire
Dieu lui donna vie, pour qu’à son tour, elle donne vie à la vie sur terre
Elle était là bien avant nous depuis des Millénaires, la mer
De face placée, elle vit de son siège en mouvement, les cataclysmes de la terre et des airs.
Elle a été le passage de maintes conquêtes extraordinaires et le théâtre de moult obscures guerres.
Elle aime quand les vents soufflent sur sa robe aux reflets changeants bleu-vert, qu’ils soulèvent de leurs forces phénoménales depuis l’atmosphère.
Bergère d’azur, elle entraîne dans son sillage tourbillonnaire les secrets de ses Mystères.
Ses vagues infatigables viennent mourir sur les rivages le long des golfes éclairs. Elle nous a vus naître, et en a tant vus disparaître aussi, la Mer
Elle retient à jamais disparues dans les tourments de ses profondeurs, des âmes consignées aux sorts jetés par des tempêtes d’éclairs
Du plus insolite au plus répandu, du plus petit au plus géant des Mers, elle a dans son ventre, ombres et formes infinies qui foisonnent de vie, la Mer.
De ses chaines volcaniques, jaillit des entrailles de la terre, la sève brulante qui coule dans ses artères
Et quand elle devient ivre de colère,
ses grondements et les convulsions brutales de ses Nerfs s’accélèrent pour de leur sentence, frapper de stupeur et anéantir aîtres et chairs. O Mer ! Ta somptueuse robe couverte des taches de la folie de nos chimères ;
Tes fonds raclés et dépouillés de ses trésors, de jour comme de nuit, O Mer ; Amers, les flots de tes vagues clament la solennité de leurs révoltes éphémères.
Huché sur les sommets lumineux de ses Mystères,
Dieu nous regarde, ému, de tous ses yeux pers
qui semblent nous ressouvenir que l’eau que nous buvons a connu la MER. /.
Cicéron, en son temps, les désigna comme les « Ennemis communs à tous ». C’étaient les pirates des Mers. Cette piraterie qui ne relève pas d’une fable, existait depuis l’Antiquité. Toutes les Civilisations anciennes ayant possédé une marine marchande en ont été confrontées. Les Phéniciens comme les Mycéniens. Jules César eut lui-même à en pâtir puisqu’il fut capturé par ceux-ci ; après sa libération contre rançon, il entreprit de s’en prémunir en les faisant exécuter à chaque fois que ses flottilles en interceptaient et qu’ils eussent été appréhendés au corps. L’évolution de ce phénomène à travers les siècles, connut une alternance de périodes fastes et de périodes creuses, mais atteignit son apogée au XVIII Siècle, puis s’ensuit un déclin relatif. À ce déclin, succèdent des moments de somnolence, d’engourdissement de l’action, de sommeil profond et de réveil brutal.
La Mer dont les artères et les veines servent d’ouverture pour les Hommes vers d’autres Hommes, à travers les échanges commerciaux qui se sont accrus avec la mondialisation, et qui sont essentiels et indispensables pour nos économies, redevient la « Scène Flottante » de la résurrection de la piraterie maritime. Cette forme de criminalité organisée, élaborée, adoptée et déployée par la faune exaltée de coupe-jarrets enrôlés, et par la Flore commensale d’un système mafieux, qui tout au long de sa longue histoire prit toutes les formes possibles et embrassa de multiples causes animées par diverses motivations entrelacées et superposées, dont les zones de résurgences, aujourd’hui, sont principalement l’Asie du sud-est, l’océan Indien, la mer des Caraïbes, le long des côtes de l’Amérique du Sud, la corne de l’Afrique et le golfe de Guinée, met effectuellement en danger, la fluidité et la sécurité du transport maritime en général, et de la marine marchande en particulier.
En effet, 90% des marchandises qui circulent dans le monde transitent par voie maritime ; moyen de transport le plus important dans le commerce mondial avec un volume de 9,84 milliards de tonnes en 2015, qui représente un marché global estimé à plus de 2000 milliards d’euros d’ici à 2020.
De quelle autre manière, encore plus éloquente, ces chiffres dussent-ils nous parler, avec un regard inquisitorial sur l’évidence d’une sécurité maritime maximale et l’assurance que nos échanges commerciaux eussent pu y trouver les moyens de se pérenniser dans un état fonctionnel satisfaisant qui eût permis à nos économies de cueillir l’ahan des moissons de nos efforts ? Et qu’en conséquence, l’évidence de l’incontournabilité et de la vitalité de cette source de croissance considérable sur l’économie mondiale, que symbolise la marine marchande, fait éclat d’une splendeur prégnante de vérité qui met en lumière, l’ombre funeste de ses ennemis communs à tous qui, incontestablement, constituent un mécanisme de rupture qui impliquerait la destruction des millions d’emplois à travers le monde et la pulvérisation des perspectives de création de nouveaux emplois. Comment notre jugement ne serait-il pas obscurci par cette menace, avec les aruinements encourus et toutes les détresses associées à l’évocation de cette piraterie, sans que surgissent aussitôt inquiétudes et peurs.
Il ne m’appartient pas ici Mesdames et Messieurs, de désigner quelque complicité active ou passive de quelqu’Etat que ce puisse être. Certes, la volonté d’accombattre ce phénomène pût fléchir sous les forces d’une langueur prescrite par l’insuffisance des moyens affectés, mais elle n’est en rien exorable, et il est assavoir que face à la menace que comporte une telle résurgence pour des vies humaines et pour nos économies, les puissances publiques n’ont d’autres choix que de se hisser au sommet d’une détermination commune ; car il s’agit désormais pour nous, d’harmoniser nos politiques de lutte contre les flux et les reflux de la piraterie et du terrorisme maritime, au travers d’une charte dont les mesures dissuasives et de représailles soient telles, dans leur efficacité durable, que ces Ennemis communs à tous s’en fussent amortés dans leurs élans par des estocades décisives portées par l’implacabilité de leurs effets, afin que cette menace ne retrouvât point sa splendeur de malheur.
Parce qu’il ne se passe pas de semaine, sans que l’effroyable ne vînt s’enchâsser dans quelque séquence atroce d’ombres humaines désassemblées par des mains façonnées dans le moule des Enfers, il me submerge l’émotion, et je tiens quelque assurance, Mesdames et Messieurs, que cela ne pût être considéré mal à propos, de rappeler que la terre ferme qui abrite nos États et leurs Empires Humains, est elle-même chahutée, secouée, confrontée à une guerre d’un genre particulier, au nom de prétendues prescriptions, jamais écrites nulle part, et d’un mélange sophistiqué de folie, de démence et de bric et de broc de tous ordres, enlaidis de haines, frappés d’un incomparable obscurantisme débridé et élevé à des hauteurs considérables dans l’empyrée de l’horreur. Une guerre du « Faible » au « Fort », où le Faible s’en prend chez le Fort à une cible collatérale faible et sans défense, c’est-à-dire aux Populations. Ces «Faibles» dont le moindre soupir, le moindre déclic et les moindres faits et gestes énigmatiques s’apparentent à l’odieusité et à la lâcheté qui leur servent de munitionnaires pour armer des Bombes humaines de destruction aveugle que leurs déshumanisations meurtrières prescrivent, ordonnent et exécutent froidement avec un luxe de barbarie qui défie et repousse les limites les plus extrêmes de l’imaginaire diabolique, et que nous combattons de toutes nos forces à travers des alliances portées par un même refus partagé de la désacralisation de la vie ; par un même sentiment d’outrage et de révolte de voir ainsi des êtres humains supprimés, disloqués dans la plénitude de leurs innocences, au détour de jours ordinaires où, ils vaquaient à leurs charges ou allaient simplement chercher à aérer leurs esprits, au demeurant contrariés par les contingences de leurs déveines et de leurs vies éclatées par l’ignée des convulsions sociales au souffle ravageur.
Cette terre ferme et les hommes qui la peuplent de leurs souffrances, mais aussi de leurs espoirs, ne sauraient tolérer ou supporter sans réagir avec foudroyance, à ces attaques inacceptables ; qu’elles aient comme scène de théâtre de leurs monstruosités, la Mer ou la terre ferme. Parce qu’il s’agit pour nous de la protection de notre Empire Humain et de la préservation de ses viatiques dont le commerce international est un des leviers essentiels de développement et de croissance économique ; croissance que nous pourchassons à franc étrier pour soutenir nos efforts, et faire entrevoir à nos populations respectives, l’espoir d’asseurir leur avenir.
Au-delà de l’objet même qui nous réuni ici aujourd’hui, et dont nous dûmes n’en sortir, céans, que triomphants, nous devons en effet, témoigner de notre gratitude et de notre respect à l’égard de notre Mer nourricière, et nous élever au dessus des dépendances de nos intérêts respectifs, pour hisser vers les hauteurs de l’empyrée insondable des Dieux et sur les sommets de notre conscience collective, l’exigence intimement liée à la voix de notre âme pour qu’à travers les effets d’une politique de la prévention de la pollution des Mers, de sa protection et de la préservation de l’espace littoral, les Océans eussent pu retrouver l’éclat de la Majesté que les Dieux leur ont conférée, et qui nous oblige. Quel que puisse être le degré de malédiction des raisons qui poussent nos « ennemis communs à tous », à je ne sais quelle grandeur misérable, qu’ils sachent que désormais, quelque chose en nous d’insaisissable accorde la préséance à l’exigence de ne point abrenoncier notre responsabilité sur la sécurité maritime dans sa maximalité. Nos raisons le susurrent, et notre détermination en est l’unique interprète dans sa traduction la plus éloquente.
Il en est de ces solennités qui réveillent la mémoire des consciences. Ainsi, je ne doute pas de trouver parmi vous, Mesdames et Messieurs, pour m’en garantir, le secours des âmes qui fleurissent de leur bienveillance cette assemblée, pour que ce sommet fût un succès collectif.
Qu’il me soit donc permis, d’entrer avec vous dans le vif du sujet, sous les meilleurs auspices, et que nos efforts s’en fussent convertis en décisions d’ampleur qui justifient l’envergure latente d’un évènement historique. Que loin nous emportent les vents de l’inspiration sous le regard du Très-Haut.
Je vous remercie.
Par Cyr Adomayakpor Alban de la Meunière / 16/03/2016
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