Menaces d’arrestation, appel à la démission, tractations en tous genres: plus rien ne va pour le Premier Ministre de la transition burkinabé Issac Yacouba Zida. Au delà des divergences entre l’ancien numéro 2 de la garde présidentielle de Blaise Compaoré, les nouvelles revendications du haut commandement militaire et de l’ancien parti au pouvoir font peser de lourdes menaces sur le pouvoir de la transition.
Ce jour, alors que le conseil des ministres venait de commencer au Palais Kosyam, Isaac Zida a quitté précipitamment pour rejoindre ses bureaux en centre-ville. Il a été suivi quelques instants par le Ministre de l’Administration territoriale, le colonel Auguste Denise Barry. Interrogé, ce dernier qui était revenu pour la suite du conseil à la différence de son chef expliquera que Zida avait eu un malaise et que lui-même était parti chercher un dossier…
Les événements de la journée ne sont pas faits pour rassurer les Ouagalais. Revenu hier d’Abidjan où il était en visite officielle, le Premier ministre avait été accueilli par un groupe de la société civile. Une marche a été improvisée de l’aéroport jusqu’aux bureaux du chef du gouvernement. Quelques centaines de personnes y ont participé. C’était la réponse de ces organisations de la société civile, parmi lesquelles le très populaire Bali Citoyen de Me Guy Hervé Kam et le Comité Anti-Référendum (CAR) du bouillant Hervé Ouattara.
Le fond du problème
Des revendications militaires, on est passé en 48 heures à une véritable crise politique. A l’origine c’était le Régiment de la Sécurité Présidentielle (RSP) qui réclamaient la démission des militaires du gouvernement et du parlement de transition. Après des discussions infructueuses avec le Président de la transition Michel Kafando, c’est maintenant le haut commandement militaire qui réclame la tête du colonel Zida. L’armée a indiqué qu’elle n’en voulait pas à la transition mais ne voulait plus en tant qu’entité prendre part à ses instances.
Curieusement, hier, des partis favorables à l’ancien président Compaoré sont montés au créneau, pour exiger également la démission du Premier Ministre.
Des voix sont vite montées au sein de la société civile pour accuser l’ancien régime d’être de mèche avec l’armée pour faire tomber la transition.
Les élections dans 3 mois
Pour les observateurs du jeu politique, il va sans dire que ce qui agite le microcosme politique burkinabé n’est rien d’autre que la loi électorale qui exclut de la course les partisans du régime Compaoré. En effet une loi révisant le code électoral rend inéligible “toute personne ayant soutenu ouvertement la révision de la constitution”. Pour des observateurs avertis, cette réforme comporte le risque d’exclure plusieurs acteurs de la course à la présidentielle et aux législatives prévues le Octobre prochain dans le pays.
Ainsi les “manœuvres auxquelles on assiste depuis quelques jours auraient pour finalité de bloquer le processus électoral ou contraindre le gouvernement à reporter les élections. Mais les agitateurs iront-ils jusqu’à attenter à la vie du Premier ministre? Rien n’est moins sûr? A Ouagadougou, la tension monte et personne ne semble contrôler la situation.
Claude Ouedraogo (correspondant permanent Le Temps à Ouagadougou)
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