Togo: Alors on vote!

25 Avril: le jour s'est levé sur le Togo et les électeurs ont commencé à se drainer vers les bureaux de vote. Les centres de vote, environ 9000 sont situés pour la plupart dans des écoles publiques à travers le pays. Le corps électoral est estimé quant à lui à 3,5 millions de personnes. Le président sortant Faure Gnassingbé affronte 4 candidats de l'opposition dont le principal est Jean Pierre Fabre de l'Alliance Nationale pour le Changement (ANC).

Quel intérêt présente cette élection?

Le scrutin intervient à la suite de longs mois au cours desquels les adversaires du régime, partis politiques et organisations de la société civile ont revendiqué sans succès des réformes institutionnelles et constitutionnelles, sans résultat. Le système électoral en vigueur au Togo est particulier: l’élection est à un tour, sans conséquence sur la participation des électeurs. Le mandat est illimité, donc le président peut se représenter autant de fois qu’il le souhaite. Dans ces conditions, l’alternance à la tête du pays semble compromise.

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La Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui a la charge de l’organisation de l’élection est constituée par des représentants du parti au pouvoir et ceux de l’opposition. L’actuelle CENI a été reconstituée à plusieurs reprises, pouvoir et opposition y remplaçant continuellement leurs délégués avec leurs militants les plus fidèles. Jusqu’à l’ouverture des bureaux de vote, il n’y a pas de compromis entre les protagonistes sur le système de compilation des résultats du vote. Le logiciel SUCCES acquis par la CENI est contesté par le CAP 2015 qui endosse la candidature de Jean Pierre Fabre.

Taffa Tabiou, le Président de la CENI n'a pas suffisamment de poigne pour être au-dessus de la mêlée.
Taffa Tabiou, le Président de la CENI n’a pas suffisamment de poigne pour être au-dessus de la mêlée.

Surveillance du vote

La société civile est présente dans l’élection, à travers la Concertation Nationale de la Société Civile (CNSC Togo) qui déploient environ 1200 observateurs dans les bureaux de vote. La CNSC met en place également un dispositif pour le décompte parallèle du vote… C’est une autre source de pression sur la CENI, car ce système a permis dans certains pays tels que le Ghana et le Nigeria d’assurer la fiabilité ou non de l’élection. La société civile togolaise a bénéficié du soutien financier de l’Union Européenne pour cette opération.Les responsables de la CNSC Togo à la conférence de presse

Outre la société civile, la Francophonie, la CEDEAO, l’Union Africaine et l’UEMOA ont envoyé des observateurs au Togo, dont le nombre n’est pas connu. Leur appréciation du déroulement des opérations comptera au final.

Cette élection changera quelque chose

Le processus de cette présidentielle, avant même l’aboutissement de la consultation a vu plusieurs acteurs politiques prendre position de manière radicale. Même si l’opposition se présente en rangs dispersés et sans stratégie unitaire, il faut reconnaître que le CAP 2015 est parvenu à faire de cette élection un enjeu national que rien ne laissait présager après l’échec du dialogue politique. Pour la première fois, Jean Pierre Fabre se présente comme une alternative face au candidat président, faisant campagne dans l’ensemble du pays avec des moyens conséquents. Et c’est là l’autre originalité de ce scrutin: le financement de la campagne par des fonds publics. Chaque candidat a reçu plus de 70 millions CFA de l’Etat pour ses activités de campagne! L’innovation est dénoncée par certains acteurs politiques, surtout ceux qui ont décidé de boycotté l’élection, parlant de “dilapidation” des deniers publics.

Enjeu: l’après élection

C’est la proclamation des résultats et la réaction des deux principaux candidats qui déterminera le véritable enjeu de cette élection. Alors que la CENI est seule autorisée à proclamer les résultats, le rejet du SUCCES par l’opposition fait courir des risques sur l’issue du scrutin. L’opposition pourrait contester ces résultats s’ils ne lui sont pas favorables.

Par le passé, les élections présidentielles au Togo ont entraîné des actes de violence entre les partisans du pouvoir et ceux de l’opposition avec souvent l’implication des milices armées et des agents des forces de sécurité publique. En 2005, ces violences ont entre 500 et 800 victimes.

Joséphine Bawa

 


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