Dans une déclaration rendue publique le 6 octobre dernier, le Président du Parti des Togolais, Alberto Olympio rend hommage à la Jeunesse togolais, à la base du soulèvement populaire du 5 octobre. Après avoir rappelé les circonstances du soulèvement, il a rendu un vibrant hommage aux deux activistes de la CDPA, Logo Dossouvi et Tino Agbelenko, pour « Avoir osé exercer leur droit inaliénable et constitutionnel de citoyen : Celui d’exprimer librement leur opinion, sans que leur sécurité et intégrité physique n’en soient inquiétées« . A une époque où il était suicidaire de mener une telle entreprise.
Le président du Parti des Togolais a mis en cause la justice instrumentalisée de l’ère du parti unique, et n’a pas manqué de souligner la persistance de ces mascarades de procès qui continuent à défrayer malheureusement la chronique:
24 ans après, ces pratiques d’un autre temps, sont encore malheureusement d’une intolérable banalité dans notre pays. Trop d’Hilaire Logo Dossouvi et de Tino Doglo Agbelengo se sont retrouvés dans les prisons togolaises, précipités par un appareil judiciaire plus soucieux de la préservation de l’intérêt de la classe dirigeante que de la protection du droit des citoyens, dénonce le candidat à la présidentielle 2015.
Des pratiques qui témoignent de la continuation d’un régime pervers contre lequel de nombreux jeunes se sont battus au prix de leurs vies:
En cette date anniversaire du 05 Octobre, nous ne saurions garder sous silence le fait que trop d’étudiants, de journalistes, de politiques, de commerçantes, d’entrepreneurs et de togolais de tous bords subissent encore le revers d’un appareil judiciaire devenu un instrument de mise au pas cadencé au rythme d’un régime cinquantenaire. L’insécurité judiciaire est devenue un épouvantail qui fait fuir les investisseurs.
Tout en évoquant les acquis du 5 octobre- les libertés de la presse et d’expression, multipartisme, M. Alberto Olympio fait remarquer le caractère « insidieux » de ces changements pour rappeler aux Togolais que la lutte est loin d’être terminée.
Mais à y regarder de plus près, le mal qui ronge notre peuple et le prive de sa liberté, loin d’être éradiqué, est toujours là, devenu plus insidieux.
Outre les intimidations et les menaces, l’arme économique est utilisée aujourd’hui pour obliger le peuple à regarder dans la même direction, celle qui conduit le peuple à la misère, déclare le premier candidat déclaré à la présidentielle 2015.
Le président du Parti des Togolais a également interpellé le gouvernement togolais sur l’inéluctabilité de la démocratie, en lui demandant de ne pas compter sur « l’apparente stabilité du pays » pour faire l’impasse sur « la libre expression démocratique des citoyens. »
Nous ne pouvons en tant que Nation, continuer à affirmer devant l’opinion nationale et internationale que nous sommes une démocratie libre et pacifiée alors que nos élections de par leur organisation et leur déroulement prêtent tant à l’approximation et à la corruption des règles démocratiques dont découlent confusion et protestations, suggère-t-il au gouvernement.
Moyens humains, financiers, techniques, diplomatiques pour gagner la présidentielle
Néanmoins c’est sur le verrouillage des institutions par une recomposition d’une CENI et d’une Cour Constitutionnelle à la solde du pouvoir, que le prochain candidat Alberto Olympio se démarque du reste de l’opposition. Après avoir fustigé, le refus des réformes institutionnelle et constitutionnelle, la composition actuelle de la CENI qui ne suscite même pas l’adhésion de ceux qui ont participé au vote de ses membres, les nominations à la Cour Constitutionnelle, et l’expulsion du responsable du Projet Pascrena de l’Union Européenne, le candidat Alberto Olympio demande aux populations de rester mobilisées pour faire échec au pouvoir dans les urnes.
Je tiens à assurer à chaque togolais participant aux élections à venir, que tous les moyens humains, financiers, technologiques et diplomatiques à notre disposition seront mis en œuvre pour la surveillance et la protection du vote de nos concitoyens. Nous ne transigerons pas sur ce point fondamental et pèserons de tout notre poids pour que la transparence du processus électoral et l’expression de la vérité des urnes soient effectives cette fois-ci, et pour toujours, souligne le candidat.
En retour je vous demande de vous mobiliser. Allons-nous inscrire massivement sur les listes électorales. Soyons plus que nombreux pour aller voter.
Tenant compte de l’histoire du processus démocratique et des échecs itératifs de l’opposition, M Alberto Olympio demande d’oser une nécessaire et incontournable « autocritique de nos modes opératoires et de nos perceptions des relations entre les différentes composantes du peuple« . Il en appelle à beaucoup plus d’imagination de la part des opposants pour ne pas laisser les populations « gagnées par la fatalité » » sombrer dans une désespérance qui annihilerait les énergies, après tant d’années de lutte courageuse« .
Nous avons le devoir d’oser de nouvelles voies, avec une nouvelle vision, de nouveaux concepts dans les relations intercommunautaires. Nous devons être créatifs, pour nos enfants, pour les générations futures et pour l’ensemble de notre peuple. Sortons des obligations de moyens et engageons-nous dans la voie des obligations de résultat, conseille le candidat du Parti des Togolais.
Le président du Parti des Togolais clôt son discours en conviant les Togolais en la méditation de cette citation d’Albert Einstein :
« La folie consiste à répéter à l’infini la même opération en espérant que le résultat va changer », selon le découvreur de la loi de relativité générale.
Discours historique
Le discours du 5 octobre d’Alberto Olympio est produit dans un contexte de tensions et de confusions sur le théâtre politique, à l’orée de la présidentielle 2015. Plusieurs chefs religieux chrétiens ont dans une adresse à la classe politique demandé la réintroduction à l’Assemblée nationale du texte de loi portant réforme constitutionnelle. Le Président de la Cour Constitutionnelle, Aboudou Assouma, cette double casquette qui ne cache plus sa vassalité au pouvoir en place, s’est mué en activiste d’UNIR pour déclarer à Republicoftogo, le site officiel du Togo, que « l’Accord politique global est caduque » et qu’il « faut tourner la page des réformes« . Et au même moment, Jean Kissi, de la Coalition Arc-en-ciel, affirme qu’il n’y aura pas d’élections sans réformes!!!. Une rengaine, une polémique connue à la veille de chaque élection mais qui aboutit finalement à la tenue du scrutin, avec la participation de l’opposition, le plus souvent dans la précipitation et l’impréparation intégrales.
Alberto Olympio fait une déclaration historique en demandant à tous de mobiliser les moyens humains, financiers, techniques et diplomatiques pour prendre le pouvoir de Faure Gnassingbé à son propre piège. Fondateur de la société informatique Axxend Corporation, passé lui-même par Microsoft et les plus grandes entreprises informatiques européennes, Alberto Olympio s’aventure sur un terrain sur lequel il a engrangé d’énormes expériences. Il a non seulement financé la campagne présidentielle du candidat Ibrahima Boubakar Keita, actuel président du Mali, mais son entreprise a fourni la logistique pour la surveillance. Son amitié avec le chef d’Etat du Niger, le social-démocrate Mahamane Ousmane, n’est pas le secret le mieux gardé de l’Afrique Occidentale. Homme d’affaires prospère, il a un carnet d’adresses impressionnant. Il est connu en Europe et aux Etats-Unis. Il y a un mois, il entamait une tournée européenne pour rencontrer les dirigeants politiques, dont le ministre des affaires étrangères du Portugal.
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