Sans surprise, un parti d’ex membres du RPT (parti dissous, ancêtre d’UNIR, majorité présidentielle), vient de rejoindre avec une importante partie de ces cadre la formation politique au pouvoir à Lomé. Le parti de l’Alliance a annoncé ce 12 juillet s’être sabordé pour pouvoir intégrer les rangs de l’Union pour la République (UNIR). C’est son Secrétaire général, et membre du bureau politique, Ourna Gnanta qui l’a annoncé à la presse. Cette adhésion publique à l’UNIR s’est faite presqu’un an, jour pour jour, quand M. Dahuku Péré, président du parti, s’est présenté sous les couleurs du parti de Faure Gnassingbé lors des législatives de juillet 2013.
A partir de c juillet (12 juillet 2014), je porterai désormais les couleurs du parti UNIR comme mon patron Dahuku Péré. La majorité des cadres de notre parti s’est engagée dans cette dynamique. Nous nous sommes engagés sur la base d’une nouvelle vision pour notre pays, a déclaré M. Ourna Gnanta.
Pour faire certainement taire ces éventuels détracteurs quant aux motifs de sa décision, M. Ourna Gnanta allègue de sa conviction profonde, le mot « engagement » revenant plusieurs fois dans sa déclaration.
Nous allons accompagner le Président Faure Gnassingbé dans sa politique de développement de ce pays. Car nous avons noté des avancées considérables dans ce pays depuis 2005. Tous les problèmes ne sont pas résolus, mais de véritables bases sont jetées, argumente celui qui est considéré comme le bras droit de M. Dahuku Péré.
(…) En nous inscrivant dans cette dynamique, nous entendons apporter notre contribution à ce processus de changement en cours, engagé par le président Faure Gnassingbé, a encor indiqué M. Gnanta.
L’adhésion massive des membres du parti de l’Alliance au parti UNIR constitue en réalité une demi-surprise. Depuis la participation surprenante de Dahuku Péré aux législatives de juillet 2013, sous la bannière d’UNIR à Blitta, cette position absconse défendue fortement par les cadres de son parti, il était attendu que toute la formation allait se dissoudre dans la majorité présidentielle. Ce ralliement traduit les louvoiements et les multiples tergiversations de M. Péré qui était quelque peu à l’étroit au sein de l’opposition et n’a pas hésité à la première occasion à rejoindre les rangs d’UNIR. Son positionnement politique est au centre de l’échiquier politique, se présentant comme un modéré, même s’il a côtoyé des milieux radicaux.
Comptes bancaires et privilèges bloqués
L’Alliance a été créée suite au départ fracassant de M. Péré du RPT, après avoir publié dans la presse en mars 2002, un brûlot au Président Gnassingbé Eyadema et au Comité central du RPT pour dénoncer la gouvernance du pays. Un brûlot en mode semi-vérité, mais dans lequel M. Péré a lancé un appel pour des réformes tout en faisant remarquer l’échec de la gestion du pays sur tous les plans. Cette sortie constitue la preuve du courage de l’ancien ministre et Président de l’Assemblée nationale, l’un des rares hommes politique du RPT à dire ouvertement non au général de son vivant. Le 6 août 2006, le Comité central du RPT prononça unanimement l’exclusion de M. Dahuku Péré, sa déchéance de la distinction de l’Ordre du Mono, ainsi que son remplacement dans le parlement de la CEDEAO.
Sans tarder, M. Péré se présenta à la présidentielle 2003 sous la bannière du Parti socialiste pour le renouveau (PSR), parti d’opposition, après avoir tenté vainement de se présenter comme candidat unique de toute l’opposition. Une candidature qui suscita quelques remous et désapprobations au sein de l’opposition. Il fut sèchement battu avec 2,2 % des voix tout en accusant Eyadema de bourrage d’urne et de vol de plus de 33% des voix au Nord.
Il créa en 2005 le Parti de la Fraternité et de l’Alliance démocratique, en abrégé L’Alliance. Il fut également battu aux législatives de 2007, non sans avoir tenté d’aller encore à la présidentielle de 2005, et demandé le soutien de certains partis de l’opposition. En vain. Officieusement, l’argumentaire de M. Dahuku Péré est que seul un Kabyè peut battre le général Eyadema à une élection présidentielle.
De guerre lasse, il rejoint les rangs du Front républicain pour l’alternance et le changement (FRAC)-regroupement de partis de l’opposition- qui soutint la candidature de Jean-Pierre Fabre, le candidat de l’ANC à la présidentielle 2010. De sources proches de certains cadres de son parti, en pleines manifestations du FRAC dans la rue pour revendiquer la victoire de Jean-Pierre Fabre à la présidentielle, l’Alliance avait eu des velléités de participer au Gouvernement du Premier ministre Gilbert Houngbo, avant de faire marche arrière pour des raisons obscures. Il devait se retirer plus tard du FRAC et de ses marches interminables, prétextant la participation de son ex-ami, Agbeyomé Kodjo à ses manifestations. Depuis son départ du FRAC, il s’est cloitré dans le mutisme, intervenant très peu dans le débat politique, laissant l’initiative à son bras droit, Ourna Gnanta.
Désargenté, vivant dans des conditions difficiles, ces comptes bancaires auraient été bloqués, ses indemnités d’ancien ministre et d’ancien président de l’Assemblée nationale coupées, « M. Péré tirait le diable par la queue et Dieu par la langue », selon l’expression fleurie d’un homme politique. Son audace de se présenter sous la bannière du RPT aux législatives 2013, lui fut salutaire. La suspension de ses privilèges d’ancien président de l’Assemblée nationale et d’ancien ministre, a été levée, l’aidant à recouvrer quelque peu une santé financière.
Malheureusement, il n’a peu le temps de savourer son ralliement au RPT. Peu après les législatives, il eut un accident un accident grave de la circulation au Nord Togo, justement en allant saluer ces électeurs de Blitta. Évacué en France, son état s’améliorerait, d’après Ourna Gnanta, qui attend son éventuel retour au pays.
Débauchage massif
Le ralliement de Péré et de son parti à UNIR est un phénomène qui touche toute la société togolaise depuis 2010. On constate le débauchage de nombreux cadres apolitiques, des personnes de la société civile, des militants d’autres partis politique par le parti de Faure Gnassingbé. Peu à peu, Faure Gnassingbé réussit à asseoir son leadership politique sur la société togolaise, en attirant de nombreux cols blancs, qui disent être convaincus de la nouvelle direction qu’il imprime au pays. Mais un regard vers le passé permet de constater le même phénomène avec le général Eyadema, que plusieurs cadres du pays, issus du Comité de l’unité togolaise (CUT) et du Parti togolais du progrès (PTP), et de jeunes cadres diplômés de grandes universités françaises, ont adoubé au lendemain du coup d’Etat d’avril 1967. On connait la suite….
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