L’écrivain togolais Sami Tchak vient de faire paraître aux éditions La Cheminade, La couleur de l’écrivain, un essai sur la littérature. Il y est question entre autres thèmes, dont celui de l’engagement, de la posture de l’écrivain africain hors du continent.
Il s’agit d’un ensemble de réflexions, dont le texte sur l’engagement qui circule déjà sur le net, sur notre place en tant qu’écrivains noirs francophones au cœur de la langue française et de la France, de nos rapports avec les maisons d’éditions, les instances de légitimations, les universitaires, de notre rapport à la langue, à la nation, etc., le tout illustré ou accompagné de nouvelles, dans la première partie. La deuxième partie concerne la comédie littéraire en général, au-delà du cercle africain, et la troisième, un hommage à Ananda Devi, constitué de nouvelles évoquant son œuvre et de réflexions sur ses écrits, dont la reprise d’un passage d’Hermina où je rendais pour la première fois publiques notre complicité littéraire et notre amitié singulière, qu’elle exprime aussi dans ses livres, surtout dans Les hommes qui me parlent, où je suis L’ange noir, indique l’écrivain dans une brève présentation de son essai.
Ce n’est pas la première fois que Sami Tchak aborde ces thématiques, étant pris lui-même dans un classement assez réducteur que certains universitaires de l’Université de Lomé avaient fait de la littérature togolaise, classée en deux catégories. Selon eux, il y aurait une littérature spécifiquement togolaise, donc produite par des écrivains vivant au Togo, et l’autre appelée « littérature de la mondialitude », écrite par des écrivains vivant en Occident et éditée par des maisons étrangères, principalement françaises. Sans conteste, les conditions de vie et les milieux déteignent sur l’écriture, mais de là à dire qu’il y a quand même des canons auxquels se soumettent les écrivains dans leur création, il y a une ligne à ne pas franchir.
Sami Tchak est l’un des auteurs les plus doués sinon le plus grand de sa génération. Il est immense par sa culture livresque. Grand Prix littéraire d’Afrique Noire pour l’ensemble de ses œuvres, Sami Tchak, dont seuls deux romans se déroulent en Afrique, est en réalité l’auteur du délitement de nos sociétés sous les tropiques. Sexe, pouvoir, argent, le tout se déroulant dans un univers sadien et libéral, gangrené par la corruption, la consommation effrénée, le matérialisme à tout crin. Auteur prolifique, Sami Tchak a à son actif plus d’une dizaine de livres, romans et essais compris.
Sami Tchak, La couleur de l’écrivain, Editions La Cheminante,essai, pages 224, 20 Euros
En savoir plus sur Le Temps
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Laisser un commentaire