Editorial : Dialogue politique, un problème de méthode

Selon l’opposition du Collectif Sauvons le Togo (CST) on s’achemine vers l’échec du dialogue politique. Les partis parlementaires avaient décidé d’aplanir leurs divergences sur douze points relatifs aux réformes constitutionnelles et institutionnelles. Apparemment, les Togolais dans une certaine mesure s’attendaient à ce que ces négociations aboutissent à un vaste compromis pour l’avancement de la démocratie dans le pays. Mais le désespoir qui apparait chez certains protagonistes pose une principale question : la méthode mise en œuvre dans ce dialogue était-elle la bonne ?
Cela parait trivial, mais les objectifs des discussions entre le pouvoir et l’opposition ne sont pas connus. Il en est ainsi également de la feuille de route par laquelle on devrait suivre le processus vers la réalisation des résultats visés par les parties au dialogue. L’étendue des ambitions et les prérogatives des négociateurs ne permettent pas d’imaginer ce à quoi les uns et les autres s’engageraient. Le gouvernement, véritable métronome de la manœuvre se réfugie dans un faux rôle d’observateur. Alors quelle est la vraie finalité de cette énième négociation inter togolaise sur les réformes démocratiques ?
La bonne méthode voudrait qu’une fois que les parties soient mises d’accord sur les sujets à discuter, une feuille de route soit élaborée, définissant le cadre formel du dialogue ainsi que les jalons et les acteurs devant intervenir dans l’opérationnalisation des étapes du processus. Les positions sur chaque question auraient pu être formulées par écrit, afin que les échanges portent sur des propositions concrètes venant des deux bords. On s’est contenté juste d’avoir un agenda, assez court du reste.
Dans le cas du présent dialogue, on a d’un côté les opposants qui formulent des revendications et des représentants du pouvoir qui les enregistrent, en se permettant au surplus de faire quelques commentaires. C’est la véritable faiblesse de la méthode implémentée. On peut y voir aussi toute la limite de la volonté politique. Après tout, ne s’agissait-il pas de satisfaire une opposition demanderesse de dialogue. Alors vaille que vaille, on orchestre des discussions dont la finalité est viciée. Cela semble avoir été bien pensé par les conseillers de Faure Gnassingbé.
Jean Pierre Fabre, leader de l’ANC se rend à l’évidence en fin de compte, et fait appel à la rue, avant même que la « mascarade de dialogue » ne prenne fin. C’était prévisible ! On ne peut valablement attendre d’un régime qui fournisse les armes par lesquelles on veut l’abattre. Mais la rue au Togo, on sait à quoi cela aboutit, puisque depuis 2010, Fabre et ses alliés du CST n’ont fait que ça. Eternel recommencement dans un Togo qui tournoie.
Les rares avancées du processus politique en 1991 avaient été obtenues sur la base de plateformes revendicatives claires, portées par les forces politiques et citoyennes. Le pouvoir accède aux exigences lorsque les rapports de force les lui imposent. Donc des brouhahas dans les rues de Lomé ne suffiront pas à obtenir quoi que ce soit si une telle habileté n’est mise en œuvre par les opposants.
K. Agboglati

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