Opposition : le plus grand commun diviseur

L’éditorial de K. Agboglati

L’avenir ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices pour des partis de l’opposition togolaise. Le sujet en question est un conglomérat d’associations politiques, réunies par commodité sous le vocable « opposition », qui s’était donné comme mandat commun de faire tomber le régime du RPT/UNIR. Première tentative d’approche conceptuelle de ce groupe. Une large majorité des formations politiques créées autour de 1991 défendent des valeurs de liberté et de démocratie. Ce faisant elles passent pour les chantres de l’édification des normes et des pratiques qui devraient transformer la société togolaise et la faire passer du système de régime autocratique à celui d’un État de droit dont elles seraient les principaux géniteurs. Deuxième tentative de conceptualisation de l’opposition « démocratique ».

Vingt-trois années après « l’ouverture démocratique » au Togo, la composante partisane des forces du changement politique est enfin astreinte à son auto-évaluation. On lit, on entend et on voit des partis appartenant à la même « famille’’ se critiquer les uns les autres. L’exercice est quasiment accidentel. Il tient lieu en quelque sorte d’un travail pratique d’introspection que certains opposants au sein de la diaspora ont essayé de promouvoir à partir de 2012, sans succès. Aujourd’hui les partis se défient, émettent des jugements de valeur, dénoncent voire déblatèrent leurs congénères, sans qu’on en meure.

Le fléau qui annihile la composante partisane du CST est une des manifestations du phénomène. Les récents déballages de l’UFC contre ses anciens camarades de l’ANC en sont une autre. La guéguerre  entre les coalitions « Collectif Sauvons le Togo » et  » Arc-en-ciel » en sont sans équivoque l’extrême illustration.

La réalité du problème est autre. Elle procède d’une situation de fait: il est une évidence que les partis politiques fondés à une certaine étape du processus politique au Togo ne sont pas condamnés à vivre ensemble. L’erreur a été commise entre juillet et août 1991, lorsque des délégués participant à la Conférence Nationale Souveraine en tant qu’opposants (face aux représentants de la mouvance présidentielle) se sont crus face à l’ouvrage devoir convenir d’une omerta. On a passé le reste du parcours à rechercher qui est plus opposant que l’autre et quel membre du groupe porterait les gênes de la trahison…

Malheureusement le débat actuel est malsain et profondément déséquilibré. Il est à sens unique. Il se passe à une période où les principaux meneurs sont au crépuscule  de leur vie (et de leur carrière politique). Ceux qui parlent ne se prêtent pas à une analyse sans complaisance sur le passif commun. Ils avancent souvent masqués et ne sont pas toujours honnêtes dans leurs opinions.

Prions pour le plus grand bouleversement au sein des partis d’opposition, qui induirait enfin un changement de mentalité et de méthodes; un chamboulement qui organiserait autrement les positions. Prions pour la fin de l’opposition claudicante.


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