Claude Ameganvi a été sans concession avec Hilaire Logo Dossouvi, le héro du 05 octobre, décédé en ce mois de mars. Le leader du Parti des Travailleurs était de passage le 12-13 de Nana FM, hier dimanche, 23 mars:
Je ne lui [Hilaire Logo Dossouvi] rendrai jamais hommage pour la simple raison qu’on ne construit pas une nation avec la compromission et les trahisons.
Le leader du Parti des Travailleurs, qui faisait un tour d’horizon de l’actualité togolais, était franchement méchant avec le héro du 05 octobre. Il ne voit que trahison et compromission partout, et déception quant à ses amis du CST et de l’ANC. Il est sans pitié pour ses anciens camarades de l’opposition. Hilaire Logo Dossouvi, a apporté son soutien à Faure Gnassingbé en 2010, dans un contexte politique totalement transformé, où la voix du héro du 05 octobre était politiquement nulle. Ce soutien à Faure Gnassingbé pouvait paraître anecdotique, compréhensible d’ailleurs. On pourrait éviter de salir la mémoire de ceux qui ont décidé de secouer dans les années 1990 le régime monolithique du général Eyadema.
De toute façon, en refusant de rendre hommage, c’est aussi une manière de rendre hommage.
Il critique vertement le statut du chef de l’opposition et la loi de financement des partis politiques. Le leader trotskiste fait une analyse marxiste de la situation politique. La loi de financement des partis politiques et le statut de chef de l’opposition ne sont que des “manœuvres” du pouvoir pour compromettre certains acteurs clés de l’opposition. Le nouveau statut de l’opposition repose sur des contreparties financières pour le fonctionnement de partis politiques présents à l’Assemblée nationale. La peur de Claude Ameganvi réside dans le fait que ce financement peut contenter une opposition démunie, qui dès lors risque de renoncer à sa ligne politique. L’ANC, plus gros bénéficiaire de cette loi de financement parmi l’opposition, est implicitement visé.
Fidèle à lui-même, Claude Ameganvi est resté dans ses lectures radicales de la situation politique du début du processus démocratique, et continue à penser que la crise togolaise ne peut trouver une solution que dans un mouvement populaire insurrectionnel. D’où son soutien permanent et actif aux contestations et à la stratégie de la rue du CST et du FRAC. Il a toujours refusé la participation de l’opposition aux différentes élections, qu’il qualifie de mascarades. Les défaites successives de l’opposition qui semblent conforter le pouvoir en place, ne lui donnent que raison.
Malgré les échecs successifs de la stratégie de la rue- échecs qu’il met au compte des trahisons et compromissions des leaders de l’opposition, Claude Ameganvi n’a pas varié dans ses choix.
Il vit alors dans un ostracisme politique, ne faisant attendre sa voix que quand la rue gronde. Ainsi s’explique ses incessants aller-retour et divorces avec le CST et le FRAC.
Toujours de blanc vêtu, le verbe haut et acerbe, Claude Ameganvi ressemble de plus en plus à un loup solitaire, une voix bruissant dans le désert. Ce trotskiste garde le même schéma de lecture de la crise politique, et ne tire pas les leçons de ses propres échecs. Après la présidentielle de mars 2010, il a lancé une pétition dite « Faure dégage » et fait le tour de nombreuses localités pour collecter les signatures. La pétition a peut-être été signée, mais l’adhésion n’a pas suivi. Le révolutionnaire ne se rend pas compte qu’il manque d’adhésion populaire et ferme à ses choix. Il apparaît dès lors de plus en plus comme un homme qui veut faire à lui tout seul la révolution.
Il n’est pas entendu, et on le croit manquer de raison.
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