Tout ça pour ça ! C’est fini, on ne va pas en faire tout un plat de la rencontre entre Faure Gnassingbé et Jean-Pierre Fabre. Le président national de l’ANC est revenu de l’audience à la présidence comme on entre dans une auberge espagnole. A la rigueur ne pourrait-on tirer de cette entrevue qu’une opération de communication plus ou moins bénéfique pour les deux protagonistes.
Faure Gnassingbé s’en sort non seulement avec une image ripolinée d’homme de dialogue qui tend le bras à son opposition, même la plus récalcitrante et rigolote, mais il se retrouve tout à fait légitimé par celui qui se considère comme le vrai vainqueur de la présidentielle de mars 2010. En plus, il obtient l’apaisement de cette opposition un tantinet agitée, financée par la loi de financement des partis politiques. Bénéfices à peu de frais pour le fils du général Eyadema.
Quant à Fabre, s’il a passé la réclame à Faure Gnassingbé, publicité dont le président n’assurera même pas le service après-vente, il confirme aux yeux de ses militants et sympathisants qu’il serait possiblement le chef de l’opposition. Rien ne prouve cependant que le message soit passé du côté de ses adversaires qui lui dénient allègrement ce statut. Reste à savoir le comportement de l’opinion publique qui découvre désormais que tous les opposants ont le feu sacré du dialogue politique, qu’il y en a qui le font ouvertement, certains souterrainement, qu’il n’y en a pas plus radical qu’un autre. Les conséquences d’un tel constant ne sont pas encore mesurables sur l’état de l’opinion.
Cependant, au final, le Président national de l’ANC, adepte des calculs d’apothicaire, risque de ne pas trouver son compte. Il est ressorti de la présidence comme on entre dans une auberge espagnole : le chef de l’Etat n’a fait aucune concession, et l’Assemblée nationale reste toujours pour lui le cadre incontournable des discussions sur les réformes institutionnelles et constitutionnelles. Jean-Pierre Fabre et ses compagnons du CST devront-ils s’y plier ? Chiche !
A l’analyse, Jean-Pierre Fabre est parti à Canossa. Lui qui conteste la légitimité de Faure Gnassingbé depuis avril 2010 à travers une longue marche, battant le pavé et des séances de bronzage au soleil de la plage, espère aujourd’hui, par un retournement de situations, obtenir en un tête-à-tête ce qu’il n’a pas eu en quatre ans, et est revenu bredouille de sa vadrouille politique.
Que va-t-il faire à présent ? On ose croire que Jean-Pierre Fabre, qui a déjà du mal à s’asseoir sur les bancs de l’Assemblée nationale, ne se remet encore à la rue avec ses compères du CST et du FRAC. La stratégie de la rue a fait ses preuves. La marche du samedi,” les derniers jours de Jéricho”, paraissent aujourd’hui très datés. Ils n’ont en tout cas pas fait tomber la citadelle du Palais de la Marina. Ces manifestations d’ailleurs contre-productives ont paru renforcer un régime quelque peu fragile il y a quelques années.
Que va faire Jean-Pierre Fabre à présent ? Se rendre à l’évidence. Les réformes ne se feront pas avant la présidentielle de 2015 et Faure Gnassingbé sera candidat à sa propre succession.
Au lieu de rechercher des solutions simplistes pour un problème complexe, il va falloir que Fabre et ses compagnons se résolvent à répondre à la question fondamentale qu’ils esquivent depuis des mois: comment battre Faure Gnassingbé dans les urnes ?
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