En poste depuis 2019, le président de ce petit pays d’Amérique centrale mène une véritable guerre contre la criminalité. Au mépris de l’État de droit. Considéré comme l’un des pays les plus dangereux de la planète il y a encore cinq ans, le Salvador, 6,5 millions d’habitants, est devenu en quelques années l’endroit le plus sûr d’Amérique latine.
Le président salvadorien Nayib Bukele a propulsé son pays au premier rang mondial du taux d’incarcération, avec un chiffre dépassant les 1% selon les données récoltées par le think thank américain Prison Policy Initiative. Concrètement, plus d’une personne sur cent vivant dans ce petit État entre le Guatemala, le Honduras et l’océan pacifique dort derrière les barreaux.
Depuis son intronisation à la tête de l’État salvadorien, celui qui se qualifie comme le ‘’ dictateur le plus cool du monde’’ a fait de la lutte contre les gangs et la criminalité sa priorité numéro un au mépris de l’État de droit. Si le taux d’homicides a certes diminué, la violation des droits humains, les arrestations arbitraires et les actes de torture sont devenus la norme dans le plus petit pays d’Amérique centrale.
Amnesty International s’inquiète du sort des détenus
Inquiète du règne sécuritaire de Nayib Bukele, Amnesty International a tiré la sonnette d’alarme en 2023. « La politique menée par le gouvernement s’est traduite par plus de 66 000 arrestations, en majorité arbitraires, des mauvais traitements, y compris des actes de torture, des violations flagrantes des procédures, des disparitions forcées et la mort d’au moins 132 personnes qui se trouvaient aux mains de l’État et qui, au moment de leur décès, n’avaient été reconnues coupables d’aucune infraction pénale », écrit l’organisation internationale dans un rapport alarmant. La « guerre contre les gangs » menée par le président Bukele n’épargne pas non plus les mineurs. Symbole de cette dérive carcérale, le Salvador a inauguré le 2 février 2023 la plus grande prison de toute l’Amérique latine d’une capacité de 40 000 détenus.
À l’instar du Salvador, Cuba a connu des arrestations massives, généralement de dissidents politiques. Le pays se classe deuxième au niveau mondial, avec un taux d’incarcération de 795 pour 100 000 habitants. Un rapport de l’organisation espagnole Prisoners Defenders publié à la fin de l’été dernier estime que 60 000 des 90 000 prisonniers de l’île sont exploités dans des conditions « inhumaines ». Avec un taux d’incarcération de 637 pour 100 000 habitants, le Rwanda complète ce triste podium juste devant les États-Unis. Le premier pays d’Europe, la Biélorussie, se classe 12e. Avec 81 599 détenus recensés au 1er février et un taux d’incarcération de 109 pour 100 000 habitants, la France se situe plutôt dans la moyenne mondiale.
En bas du classement, la Gambie affiche le record mondial du taux d’incarcération le plus faible, 22 pour 100 000 habitants. Le Japon est la seule économie développée à figurer parmi les dix derniers avec un taux d’incarcération de 36 pour 100 000 habitants.
Cyprien Tardieu
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