Tchad : mobilisation pour la libération de Succès Masra

Selon le collectif des avocats de l’ancien Premier ministre au Tchad, Succès Masra, au moins trois pourvois en cassation ont été déposés devant la Cour suprême, mais sans suite depuis sa condamnation. La défense de l’opposant conteste plusieurs irrégularités ayant émaillé la procédure, depuis l’instruction jusqu’à la condamnation de leur client à 20 ans de prison.

Sur le plan médical, le collectif d’avocats de Succès Masra fait part de sa vive inquiétude à la suite d’analyses médicales récentes faisant état de symptômes apparus chez leur client en prison. Selon son médecin, des examens spécialisés sont nécessaires, mais ne peuvent être réalisés au Tchad.

« Le collectif d’avocats tient pour responsable le gouvernement de la République du Tchad de tout ce qui arrivera à son client, le Docteur Succès Masra, explique maître Jacqueline Moudeina, la porte-parole du collectif des avocats de Succès Masra. « Le collectif prend à témoin le peuple tchadien et appelle l’opinion nationale et internationale à une implication urgente de la communauté internationale, des partenaires du Tchad, pour œuvrer à un dénouement heureux de cette cabale politico-judiciaire qui n’a que trop duré. »

Des leaders politiques et des membres de la société civile se mobilisent aussi

Plusieurs leaders politiques et des organisations de défense des droits humains plaident dans le même sens : l’évacuation sanitaire de l’opposant. Le député Béral Mbaïkoubou dénonce, lui, le cynisme du gouvernement. « Le Docteur est en pleine santé depuis toujours, il n’a pas de maladie chronique. Et si aujourd’hui sa santé se dégrade, c’est forcément lié à son arrestation depuis mai dernier », assure l’homme politique. « Donc le gouvernement, plutôt que de se perdre en conjectures et de nous abreuver de bobards, devrait simplement lever l’équivoque en permettant à Succès Masra de se faire consulter dans une structure sanitaire ici, au pays, et éventuellement l’évacuer si c’est nécessaire. C’est un comportement cynique, sadique et inhumain. Il ne faut pas s’amuser avec la vie d’un être humain. »

Contacté, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement tchadien, Gassi Chérif, n’a pas souhaité réagir. Mais dans une récente déclaration, celui-ci a indiqué que l’opposant se porterait plutôt bien et que son état de santé ne nécessiterait pas une évacuation sanitaire.

Blaise Dariustone, DW