Des vidéos et photos d’arrestations des manifestants de la GenZ212 dans différentes villes du Royaume enflamment la toile. Derrière les hashtags, c’est toute une génération, mais aussi des artistes, des influenceurs et des citoyens de tous âges, qui dénoncent la répression et l’inaction sociale à l’heure où le Maroc prépare l’organisation d’évènements sportifs de grande envergure.
Ce dimanche, la deuxième démonstration du mouvement GenZ212, né sur les réseaux sociaux, a marqué un nouveau tournant dans l’expression de la colère citoyenne. Alors que des centaines de Marocains se sont rassemblés pacifiquement dans plusieurs grandes villes du Royaume, notamment à Rabat, Casablanca et Marrakech, les forces de l’ordre sont intervenues pour disperser les attroupements. Des interpellations ont été signalées, provoquant immédiatement une déferlante de réactions en ligne.
Sur la toile, l’écho a pris une ampleur sans précédent. En quelques heures, les images des arrestations ont envahi les fils d’actualité. Stories Instagram, vidéos TikTok, publications Facebook : partout, les mêmes scènes, répétées et commentées.
Des humoristes, des acteurs, des influenceurs, des voix habituellement éloignées des débats politiques, se sont emparés du sujet. Ils saluent l’émergence d’une génération « jalouse pour son pays », mobilisée non pas dans la violence mais dans une démarche pacifique et réfléchie. Et tous dénoncent une réaction jugée brutale, incompréhensible face à ce qui devait être une simple expression citoyenne.
« Pour nos droits, pour notre dignité, pour la santé et l’éducation », « Ne nous faites pas taire »… Ces slogans circulent en boucle, relayés par des milliers de comptes. Dans les publications les plus virales, on lit le même constat : le Maroc ne peut se réduire à l’image d’un pays bâtissant des stades flamboyants, investissant des milliards dans de grands événements et projets. Il est aussi celui de familles incapables de payer des soins, de jeunes privés d’une école digne, de citoyens qui peinent à trouver un logement. Cette fracture, soulignent les internautes, est devenue insupportable.
L’un des textes les plus partagés, accompagné du mot-clé #BoycottLaCAN, résume la colère. « Un pays qui répond à la faim par la répression et aux revendications de sa jeunesse par la violence est un pays qui refuse d’affronter sa réalité. La violence ne cachera jamais la vérité : les Marocains souffrent. Nous n’avons pas besoin de stades flamboyants et de fêtes footballistiques pour nous distraire. Nous n’avons pas besoin de millions dépensés pour un tournoi alors que des familles n’ont pas les moyens de se soigner, de s’éduquer ou même de se loger. Ce dont le Maroc a besoin, c’est de justice, de liberté et de respect pour son peuple. Jusqu’à ce jour, nous le disons haut et fort : nous n’avons pas besoin de football maintenant. #BOYCOTTLACAN », lit-on dans cette publication.
Par ailleurs, les appels en ligne à la libération des personnes arrêtées se multiplient. La toile marocaine, toutes générations confondues, se solidarise avec les manifestants, transformant ce qui aurait pu rester un mouvement limité en une vague numérique nationale.
Rappelons que GenZ212, né de la disparition du collectif Moroccan Youth Voice, a trouvé dans le numérique un espace de mobilisation inédit. Ses messages, largement partagés, dénoncent une école à bout de souffle et un système de santé en crise, marqué par des décès récents à Agadir et un manque criant de médecins et d’équipements.
Cette génération ne se réclame d’aucun parti, ne défile pas derrière des banderoles traditionnelles. Elle occupe les places publiques quelques heures, puis poursuit la bataille sur Instagram, Facebook ou TikTok. Et c’est là qu’elle semble la plus forte, en construisant un récit collectif, en imposant une autre image du pays, en rappelant que derrière les vitrines sportives et les grands projets, une partie de la population réclame simplement justice et dignité.
Hespress.fr
En savoir plus sur Le Temps
Subscribe to get the latest posts sent to your email.


Laisser un commentaire