Hommage émouvant de Gilson Désiré Parkoo à Mgr Nicodème Barrigah

Les obsèques de l’Archevêque de Lomé ont lieu aujourd’hui et demain. Les cérémonies se multiplient dans le pays pour rendre hommage à l’illustre disparu.  Plus qu’une oraison, c’est une “lettre ouverte” que M. Parkoo adresse à l’ancien président de la Commission Vérité Justice et Réconciliation du Togo.

LETTRE OUVERTE A MGR NICODEME BARRIGAH

Excellence Notre Père l’Archevêque, 

« Il nous a laissé ce qu’il a de plus précieux : l’espérance de le rejoindre au ciel, et sur la terre le souvenir de ses conseils, l’image de ses vertus, l’exemple de sa vie » Bossuet

Depuis plusieurs années, nous avons pris l’habitude d’échanger régulièrement et surtout par des messages WhatsApp. Nos sujets tournaient le plus souvent autour de la vie de la sainte Eglise : corps mystique du Christ parmi nous ici au Togo et de notre bien commun le Togo : Terre léguée à nous par nos aïeux.

 Ces nombreux échanges très fructueux au cours desquels, j’ai été édifié par vos conseils, votre vision de la vie, votre humilité, votre sagesse, la densité de vos connaissances, votre capacité d’écoute, votre ardente et brûlante volonté de participer efficacement à la transformation positive de la société humaine, avaient pour objectifs l’avancement du règne de Dieu ici-bas par la construction d’un monde juste, de paix et de joie.

Excellence Mgr, notre Père Archevêque, il se trouve que depuis la deuxième quinzaine du mois de Juillet 2024, vous ne répondiez plus à mes messages. Encore plus que depuis le 04 Août 2024, votre numéro de téléphone sur lequel nous échangions n’apparait plus en ligne.

Puisque, vous aviez toujours l’habitude de faire le point de nos discussions, il m’a semblé moi aussi opportun de vous faire un petit résumé de nos projets communs devant ce silence assourdissant et incroyable qui s’est imposé.  Et si un jour, vous parvenez à le lire, vous me ferez part de vos observations et me situerez sur les périodes d’exécution.

Oui, Mgr nous avions en commun des projets et je me fais le devoir de vous les rappeler :

Le recueil des figures historiques de notre Eglise Catholique.
Au cours de nos discussions, nous sommes parvenus à l’amer constat que les générations actuelles et futures ne disposent pas de moyens pour connaitre l’histoire de notre Eglise au Togo et surtout les fils de notre pays qui à la suite des missionnaires ont pris la relève de l’évangélisation. Nous avons pensé à la réalisation d’un recueil qui présentera le résumé du parcours de ces grandes figures.

L’objectif est de ne pas jeter aux oubliettes les Pères Henri KWAKUME, Georges KPODAR, Gérard FINI, André ANATE, Jean GBIKPI, Damien KUAKUAVI, Magloire D’ALMEIDA, Etienne KOMLAN, Emmanuel NYAKU, Pierre KONDO, Mgr Robert Casimir DOSSEH-ANYRON et bien d’autres.

Un premier travail qui consistera à établir une liste non exhaustive d’au moins une cinquantaine de prêtres togolais avant de poursuivre avec l’écriture de leurs parcours durant leur formation et les œuvres sacerdotales réalisées ici et ailleurs.             

Avec vous, nous nous sommes donc convenus de revisiter l’histoire et de la faire connaitre. Aujourd’hui, j’attends vos instructions pour avancer.

Vous avez estimé que ce recueil permettra aux générations actuelles et futures d’avoir une référence et de chercher soit à imiter, soit à faire mieux.

Vous ne cessiez de me dire que nous ne devons plus continuer de vivre et à agir comme si tout a commencé avec nous. Oui, Monseigneur, une fois encore et comme d’habitude, je vous offre ma disponibilité et j’espère que bientôt vous me relancerez.

-Le caveau des Prêtres défunts

Il y’a à peine trois mois, je vous faisais part de l’état des tombes des Prêtres défunts inhumés au cimetière de la plage. Les noms sur certaines de ces tombes ne sont plus visibles. D’autres tombes se sont sérieusement dégradées. D’autres par contre ont été rénovées par les familles biologiques des prêtres défunts. De nos discussions, la première idée retenue et qui reste à approfondir ou à murir est de construire un caveau au sein du cimetière des prêtres dans l’enceinte du petit séminaire, pour y transférer les restes des corps de tous les prêtes défunts et inscrire leurs noms sur le caveau.

Excellence Mgr mon Père Archevêque, vous avez promis approfondir la réflexion et prendre une décision avant la prochaine fête de la Toussaint. Alors, où en sommes-nous ?
Le petit Séminaire Saint Pie X d’Agoenyivé
Excellence Mgr, un des sujets qui vous tenaient à cœur depuis votre transfert sur le siège archiépiscopal de Lomé est la redynamisation                   et l’autonomisation du petit séminaire saint PIEX d’Agoènyive dont vous êtes un sûr et fier produit. De réflexions en réflexions, il vous a semblé utile d’organiser une sorte d’états généraux du petit séminaire St PIEX d’Agoenyivé pour définir de nouvelles orientations et adopter une nouvelle vision pour une meilleure formation des futurs clercs. Vous aviez mis en place une commission qui a déjà remis des propositions que les états généraux devraient étudier et adopter

A l’époque, vous aviez pensé que les périodes de vacances seraient mieux indiquées pour une telle activité. Depuis le mois de Mai dernier, on attendait que le projet soit rendu public accompagné de la publication de la liste des personnes et des groupes de personnes devant participer aux travaux. Ici aussi, l’enthousiasme a fait place à un silence assourdissant. Une fois encore, il me vient à l’esprit de vous demander, Excellence Monseigneur, Où en sommes-nous avec ce projet ?

Excellence Mgr Nicodème BARRIGAH, notre Père Archevêque, voilà le résumé de quelques-uns des projets dont nous ne cessions de discuter, nous ne cessions de rechercher leur faisabilité, de réfléchir aux différents contours à leur donner.

Mais devant ce silence qui se prolonge, et qui fait du bruit, je me suis résolu à comprendre que mon bien aimé Père Archevêque n’est plus là où il était, n’est plus ce qu’il était. Il a changé de demeure et d’état.

Aujourd’hui, j’ai compris que l’humble serviteur de Dieu, toujours souriant et au visage toujours radieux n’est plus disponible pire n’est plus. Un grand arbre est tombé, notre mur s’est profondément lézardé, notre fierté est ébranlée.

Désormais tout ne sera que souvenir pour moi et pour ces milliers de personnes dont la vie a croisé vos chemins. Incroyable que notre parcours se soit ainsi terminé. Incroyable que vous eussiez jeté toutes ces idées pour d’autres incroyables que vous susciterez. Mais soyez rassurés Mgr notre Père Archevêque, nous ne vous oublierons pas car comme le dit si bien Bossuet : « « Il nous a laissé ce qu’il a de plus précieux : l’espérance de le rejoindre au ciel, et sur la terre le souvenir de ses conseils, l’image de ses vertus, l’exemple de sa vie »

Mgr BARRIGAH Nicodème, une fierté ecclésiale, une fierté nationale qui sait redonner confiance à tous ceux qui croisaient son chemin : il est sorti de notre monde après avoir ‘’fait sa part’’.

Oui, notre Cher Père Archevêque, qui voulait tellement faire pour le pays et l’Eglise, se consumait sans cesse même sous le poids de la maladie. Avec lui, nous avons appris le silence dans la souffrance et l’abandon de soi à la providence divine. Nous prions le Seigneur de nous inspirer pour continuer vos nombreuses glorieuses œuvres que vous avez commencées ici-bas.

Vous aviez à cœur de réaliser des projets assez importants dont ceux que je viens de citer. C’est vrai que depuis quelques temps, je vous savais malade, mais j'avais foi que vous serez guéri et nous allons reprendre nos discussions pour avancer sur nos projets. Seulement, votre créateur a choisi de vous rappeler à lui.

Depuis lors, alors que je ne cesse de me poser des questions sans réponse. Et brusquement, je me suis surpris vous voir rayonnant de la gloire de votre maître. Mgr, je vous vois animant la table garnie au festin éternel, oui, je vous vois guitare à la main aux côtés des archanges et saints anges célébrant la vie qui ne finit jamais.

 Et alors, j’ai compris que je ne vous reverrai plus nous Chantant ici-bas, nous racontant des anecdotes, et nous célébrant l'eucharistie avec toute la gravité spirituelle qu’on vous connait.

Nous inspirant de Saint François de Salles qui disait ; « La vie c’est le temps de chercher Dieu. La mort c’est le temps de trouver Dieu », nous sommes convaincus que vous avez trouvé le Seigneur que vous aviez de toutes vos forces cherché et servi ici-bas !

 Là-haut, intercèdes pour notre Eglise famille de Dieu au Togo, pour notre pays le Togo pour qu’enfin les graines de la vérité et de la réconciliation puissent germer.

A présent, il ne me reste qu’à vous dire merci cher Père Archevêque pour le temps passé ensemble, pour ces réflexions menées, les joies et les peines partagées.

Adieu et à nous revoir au festin éternel

Ton cher Désiré Gilson Amenyo PARKOO

 


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