L’arrestation puis la détention le 29 novembre dernier de Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson par les argousins de Faure Gnassingbe suscite une salve de condamnations dans le monde politique et des organisations de la société civile.
Dans un communiqué, le Mouvement populaire du 05 octobre (MO5) « exige la libération immédiate et sans condition de la première Secrétaire nationale de la CDPA », précise le coordinateur Eloi Koussawo.
Le Mouvement condamne avec vigueur « et sans réserve l’arrestation », tout en rejetant les thèses du procureur quant à l’accusation de l’atteinte à la sûreté de l’Etat.
Il demande en outre la libération immédiate et sans condition également des militants et sympathisants de l’opposition qui croupissent dans les geôles du pouvoir. Plus de 300 militants et sympathisants du PNP sont arrêtés sur la base d’accusations farfelues de déstabilisation des institutions.
Le communiqué accuse le pouvoir de vouloir instrumentaliser l’Etat d’urgence dans un contexte de covid-19 pour accroître la pression sur l’opposition et empêcher l’expression des libertés publiques.
L’association qui se revendique l’héritage des soubresauts démocratiques du 05 octobre 1990 et l’un des artisans des manifestations, « tient à rappeler au gouvernement que le multipartisme garanti par la constitution togolaise ne fonctionne que dans le libre et plein exercice des activités des partis politiques. »
Atteinte à la sécurité de l’Etat
Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson est l’un des plus vieux acteurs du combat démocratique au Togo. Militante des droits de la femme dans la réputée association GF2D, elle fut ministre pendant la Transition. Membre de la CDPA, le parti qui menait le combat underground contre la junte militaire togolaise vers la fin des années 1980, elle en devint la secrétaire générale en 2012, suite au départ à la retraite du leader historique Léopold Gnininvi.
Si son parti reste quelque peu marginal sur le théâtre politique, elle reste la seule femme politique d’une certaine envergure, au point d’avoir coordonnatrice de la Coalition de la C14.
Son rôle fut prépondérante dans la constitution de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) qui présenta l’ancien apparatchik du RPT, Agbeyome Kodjo à la présidentielle de février 2020. En dépit de la proclamation des résultats de la présidentielle qu’elle juge controversés et plutôt en faveur du candidat de la DMK, Mme Brigitte mène un combat pour la vérité des urnes.
Une situation qui lui a valu déjà une convocation par le procureur de la République et une mise en demeure de ne plus évoquer la question de la présidentielle controversée de février 2020.
La DMK a organisé deux manifestations, interdites par le pouvoir sous prétexte du covid-19. L’organisation d’une troisième manifestation ce 28 novembre a-t-elle été perçue par le pouvoir comme une défiance au point de vouloir la faire taire ?
Possible. Car les accusations d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat, de trouvaille à son domicile de documents de déstabilisation devant fomenter des actes de violence par les jeunes, paraissent trop grotesques pour être vraies. Non pas que Mme Adjamagbo-Johnson, malgré sa marginalité, soit incapable de fomenter de tels actes, mais elle sait fondamentalement après plusieurs décennies d’opposition que de telles escarmouches sont inopérantes pour mettre fin à la junte militaire qui régente le destin du Togo depuis 1967.
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