Celui qui fut considéré comme le « dieu du foot » sinon le meilleur footballeur de tous les temps, est décédé en Argentine des suites d’un accident cardio-vasculaire, à l’orée de son soixantième anniversaire.
La nouvelle a fait l’effet d’une bombe planétaire. Diego Armando Maradona est mort. Au moment même où on s’y attendant le moins. C’était un secret de polichinelle, le «pibe de oro » (l’enfant en or) des bidonvilles de Buenos Aires, était souffreteux depuis plusieurs années. La légende du foot mondial brûlait la vie par les deux bouts. Une vie agitée rythmée par la drogue et l’alcool, un corps fatigué par une charge pondérale. Diego Maradona avait fait peur à la planète du foot pour une opération pour un hématome au cerveau, en début de ce mois de novembre. Le médecin était rassurant, mais il avait fini par succomber du cœur, là où il prenait tous les fanatiques du football.
Né en 1960 à Lanus (une province de Buenos Aires), ce prodige intégré déjà dans la sélection nationale en à peine 18 ans, a commencé à conquérir la planète avec la coupe du monde 1982 en Espagne. D’où son surnom de « Pibe de oro » acquis déjà quand il jouait au Boca Juniors. Si l’Argentine fit piètre figure, la prestation du joueur n’est pas passée inaperçue, tant ces dribles chaloupés, son sens esthétisme, étaient impressionnants lors du match face au Brésil, au cours duquel il fit d’ailleurs exclu pour un coup de sang.
Au mondial mexicain de 1986, le monde découvrit l’immense talent et la qualité de meneur d’hommes de ce milieu offensif hors pair. L’Argentine remporte la finale en battant l’Allemagne par 3-2. Mais c’est lors du quart de finale contre l’Angleterre et la demie finale contre la Belgique qu’il éblouit le tournoi de son talent.
Dans un match difficile en quart mais que son pays dominait, Diego Maradona marqua un but de la main que valida l’arbitre malgré les protestations britanniques. A la fin du match, il dira qu’il s’agit de « la main de Dieu », une de ces punchlines qui feront sa carrière.
Cependant le second but, le plus beau du siècle, dit-on, fit oublier l’erreur d’arbitrage. Maradona dribble toute l’équipe d’Angleterre avant d’aller défier un Peter Shilton aux fraises. Ce match sonnait comme la revanche sur la guerre des Malouines au cours de laquelle l’Angleterre de Magareth Tatcher écrasa l’armée d’une Argentine en pleine dictature des colonels.
L’Argentine ne fera d’une solide Belgique qu’une bouchée quelques jours plus tard. Mais la prestation du capitaine argentin fut un chef-d’œuvre. Grâce à lui seul et ses passes décisives et son impact sur la psychologie des adversaires, l’Argentine remporte une seconde coupe du monde après celle de 1978 qu’elle organisait sur ses propres installations. On se souviendra qu’il avait gagné le trophée contre une Allemagne des Rumminigge, Matthaüs et autres Völler dirigée par le célèbre Beckenbauer.
Dimension tragique d’un personnage hors norme
C’est en Italie, après un passage de deux ans par Barcelone, que Maradona connut la gloire avec Naples avec qui il emporta deux championnats, les premiers de l’histoire d’un club du sud italien, et une coupe de l’UEFA. Adulé en Italie, son déclin commença en même temps que son apogée pendant la coupe du monde de 1990. Malgré une équipe d’Argentine peu joueuse et drôlement très défensive voire brutale parfois, Maradona réussit à hisser son pays en finale, en battant voire démoralisant son pays d’accueil, organisateur du sommet mondial. L’Argentine perdit la finale contre l’Allemagne, une revanche de 1986.
A Naples, Maradona côtoie les milieux interlopes de la mafia napolitaine. La drogue et les femmes et la vie avec les petites frappes de la Camorra. Ses problèmes personnels et sportifs débutèrent en cette période. Il dut quitter l’Italie, mais pas la drogue.
Car lors de la coupe du monde de 1994 aux Etats-Unis, il fut détecté pour dopage après le match contre la Grèce. Le masque du joueur shooté à la coke après avoir marqué un but contre la Grèce demeure encore vivace dans les mémoires comme l’expression d’un dieu grec déchu. C’est le début du crépuscule.
Sa carrière d’entraîneur ne fut guère brillante et a été surtout terni par la défaite écrasante 0-4 de l’Argentine face à l’Allemagne en 2010 en Afrique du Sud en quart de finale. Entraîneur de plusieurs clubs de seconde zone en Argentine, au Mexique et au Qatar, Maradona n’a jamais su trouver un réel équilibre et il n’a surtout pas surmonté le lourd handicap d’une santé déclinante.
Engagement politique
Adulé par son peuple, le « pibe de oro » de Buenos Aires suscite la sympathie en dehors des terrains par son engagement politique à gauche. Proche des déshérités et surtout des grands leaders communistes ou socialistes sud-américains comme Hugo Chavez ou Fidel Castro, qui étaient ses amis, Maradona avait de ces saillies qui faisaient mouche. Mélangeant la rhétorique sociale à la gouaille des bidonvilles, comme lui seul sait le faire, il égratignait les puissants.
« Je me suis fâché avec le pape. Je suis allé au Vatican : le plafond était recouvert d’or. Et après, on nous dit que l’église se préoccupe des plus pauvres. Mais, putain, mec, vends le toit ! Fais quelque chose ! », pour critiquer l’hypocrisie de l’Eglise catholique.
« Je voulais faire ma cure de désintoxication aux États-Unis, mais Bill Clinton, avec sa tête de thermos, m’a refusé l’entrée dans son pays», en moquant les Etats-Unis, pour fustiger l’impérialisme américain.
Et cette dernière à l’endroit de Daniele Passarella, l’entraîneur argentin lors de la coupe du monde de 2002. « Passarella veut que les joueurs se coupent les cheveux parce qu’ils se les touchent trop. Les joueurs se touchent aussi les couilles. Du coup, il va leur demander de se les couper aussi ? » Diego Maradona.
Fin de clap pour un grand artiste du ballon rond que le monde hisse au sommet des plus grands joueurs de l’histoire.
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