Un projet de loi portant cession partielle de la participation de l’Etat au capital de la NSCT (Nouvelle société cotonnière du Togo) a été validé par les députés ce 29 juin. Le nouvel acquéreur, Olam Holdings, devient ainsi actionnaire majoritaire avec 51%.
Selon la nouvelle structure du capital social, l’Olam détient 51% de participation, l’Etat 9%, les contoculteurs conservant leurs 40%.
La cession de la part de l’Etat ne répondrait pas nécessairement ni à un souci d’amélioration de la trésorerie de l’Etat, ni à un besoin de correction d’une quelconque mauvaise performance financière de la NSCT, indique le ministre des finances.
Néanmoins, difficile de le croire. Le coton togolais traverse une mauvaise passe depuis plusieurs années. La Sotoco, l’ancêtre de la NSCT, dissoute en 2009 et criblée de dettes a laissé des cotonculteurs sur le carreau. On a eu plusieurs suicides chez les agriculteurs.
La création de la NSCT donnait des espoirs d’un nouveau départ. Mais l’amélioration de gestion a manqué d’efficacité malgré la participation des agriculteurs au capital. Les subventions de la production ne permettent pas réellement aux agriculteurs de réaliser des profits.
Cependant, déclare Yaya Sani aux parlementaires, la démarche vise une augmentation du revenu des cotonculteurs et l’amélioration de la production.
Aussi le Togo a-t-il produit durant la campagne 2019-2020, 116. 000 tonnes de coton-graines contre 137 000 tonnes pour la campagne 2018-2019, soit une chute de 21.000 tonnes. Un rendement très loin des 150.000 tonnes attendues sur 180.000 hectares emblavés.
Olam, une entreprise détenant une forte place en Afrique
Née au Nigéria en 1989, sous le nom de Chanrai International, l’entreprise déplace son siège social à Londres en 1995 et devient Olam international. Elle est détenue majoritairement par le fonds souverain singapourien Temasek Holdings (53,81 %) et Mitsubishi Corp (17,49 %).
Olam opère dans 70 pays, sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’agro-industrie : fermes, plantations, approvisionnement, logistique, commerce, traitement et distribution.
En Afrique, il est présent en Afrique du Sud, au Gabon, en Côte d’Ivoire, Cameroun, Tchad, et en Egypte. Avant le Togo, il a acquis en 2018 60% de Coton Tchad.
Avec la prise de la NSCT, la firme poursuit son expansion dans l’agro-industrie, avec une présence sur toute la chaîne de valeur, de la culture à la logistique agricole.
Olam a tout de même une réputation quelque peu sulfureuse. Elle a eu des déboires en Mauritanie et a quitté le pays à la veille d’une commission d’enquête parlementaire sur sa gestion du port.
Au Cameroun et au Gabon, Olam est impliqué dans la déforestation de milliers d’hectares de forêt pour la production d’huile de palme. Les organisations écologiques ont dû lui forcer la main pour prendre des engagements environnementaux. Depuis 2015, Olam a pris des mesures pour progresser en termes de protection de l’environnement en protégeant notamment les forêts primaires.
De même, les organisations de la société civile l’accusent de fournir une faible contribution aux recettes de l’Etat (0,08%).
Grosso modo, on pourrait craindre la même situation pour le Togo, où l’opacité recouvre la privatisation des entreprises publiques. Tout comme la vente de Togocom l’an dernier, aucune information n’a filtré quant aux conditions de montant de la transaction.
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