Dans un communiqué rendu public le 1er octobre dernier, la mairie de la Commune du Golfe 4 demande au gouvernement de surseoir à l’appel d’offres relatif à la reconstruction du grand Marché de Lomé.
La commune du Golfe 4 dirigée par l’ANC entend faire pièce au gouvernement dans son projet de construction du Grand Marché. La Primature a en effet lancé le 27 septembre dernier, un avis d’appel d’offres restreint N° 001/2019/PM/CAB, portant reconstruction du Grand Marché de Lomé.
La Mairie du Golfe 4 rappelle au Premier ministre que le site du grand marché se situe sur le territoire de sa commune et par conséquence la construction du marché relève de ses compétences.
« …la loi portant modification de la loi N° 2007-011 du 13 mars 2007, relative à la décentralisation et aux libertés locales, modifiée par la loi N°2018-003 du 31 janvier 2018, précise en son article 82 que «la construction et la gestion des marchés et abattoirs locaux» relèvent de la compétence propre des Maires », indique le maire adjoint de la Commune du Golfe 4. Et suite aux conséquences des élections locales du 30 juin 2019, « le gouvernement, représenté par le Premier Ministre, ne peut plus exercer les compétences dévolues aux communes par la loi sur la décentralisation et les libertés locales », écrit Mme Isabelle Ameganvi, maire adjointe.
Tempête dans un verre d’eau
En réalité, le conflit de compétence évoqué par la Mairie du Golfe 4 n’a pas lieu d’être. Il s’agit d’une tempête dans un verre d’eau, déclare au Temps, sous anonymat, un expert en décentralisation. « Tous les ouvrages publics dans une commune ne relèvent pas nécessairement de la gestion de cette dernière ; ils peuvent l’être aussi du gouvernement central », ajoute l’expert. « Au lieu de faire le mariole et s’ils connaissent leur affaire, les dirigeants de l’ANC doivent faire un recours et non jouer aux opposants en pondant un communiqué », conclut-il. Le Grand Marché de Lomé relève de la gestion d’un Établissement public autonome pour l’exploitation des marchés (EPAM), qui dans le cas d’espèce relève pour le moment du ministère de la Décentralisation et des collectivités locales.
La commune du Golfe 4 est censée être dirigée par les premiers dirigeants de l’ANC, Jean-Pierre Fabre et son deuxième vice-président Mme Isabelle Ameganvi, ainsi que d’autres cadres. Quand l’on voit le nombre de juristes dans ce parti, on peut s’étonner du conflit de compétence soulevé. Soit il s’agit d’un ballot d’essai pour jauger les limites de la décentralisation et les compétences que le pouvoir UNIR est prêt à concéder, soit il s’agit tout simplement d’un jeu d’opposition d’une mairie dirigée par un opposant au pouvoir en place.
Ce qui laisse penser que l’affaire est plutôt politique, même si on ne peut nier qu’en arrière-plan, il s’agit également d’une affaire de gros sous. Le Grand Marché d’Adawlato est un marché à caractère international qui, profitant de la situation géographique du Togo, constitue le centre d’importants trafics vers les pays de la CEDEAO et l’Afrique centrale. Le marché génère des revenus énormes et elle pourrait inspirer des projets de développement, ce qui a priori constitue un atout politique important pour une mairie d’opposition.
Aussi saugrenue que cela puisse paraître, la sortie de l’ANC montre que ses dirigeants ignoraient les tenants et les aboutissants de la décentralisation version UNIR-RPT avant de s’engager dans les élections locales.
C’est pour éviter une mairie forte que le pouvoir a entrepris un redécoupage des communes par la tactique du salami. Aujourd’hui, les communes sont réduites à leur portion congrue en termes de moyens et de pouvoirs.
Le rêve de Jean-Pierre Fabre de conquérir le pouvoir de Lomé 2 à partir de la mairie du Golfe 4 est une chimère.
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