Les gendarmes interrompent une réunion du PNP à Yelivo et emportent le matériel de sonorisation

Archives. PHOTO / Yanick Folly

Des gendarmes togolais, arrivés probablement de Sokodé, ont interrompu une réunion du PNP à Yelivo (Préfecture de Tchaoudjo) en procédant à la saisie du matériel de sonorisation ce 12 juillet 2019.

Scène ubuesque cette après-midi à Yelivo, un village de la préfecture de Tchaoudjo, situé sur l’axe Sokodé-Tchamba. Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montre une demi-douzaine de gendarmes équipés de casques et de boucliers anti-émeutes hués par une foule composée d’enfants, de femmes et d’hommes.  Ces éléments des forces de l’ordre en question viennent d’arracher à cette foule un ridicule haut-parleur, ont raconté deux témoins joints au téléphone par Le Temps.

Yelivo est le siège chaque vendredi, après la prière musulmane,  d’une réunion de militants locaux du PNP. C’est cette coutume que des éléments de la gendarmerie togolaise ont interrompue ce vendredi 12 juillet par l’irruption sur les lieux du rassemblement  en vue de saisir le haut-parleur.

Ce n’est pas la première fois qu’une réunion du PNP est empêchée manu militari par les forces de l’ordre. En 2017, c’est carrément un groupe électrogène qui a été emporté à Kara. La presse a même rapporté le re-badigeonnage d’un siège du PNP sous la surveillance d’un encadrement militaire.  Le PNP subit  régulièrement à Lomé et à l’intérieur du pays, de multiples harcèlements de la part des forces de l’ordre. Une forte partie de la direction nationale du parti, dont le numéro deux Ouro-Djikpa Tchatikpi, est actuellement en détention à la prison civile de Lomé.

Une Logique militaire à Sokodé

La saisie, illégale, du matériel de sono intervient néanmoins dans un contexte de règlement de la question du PNP par la voie militaire.   Une stratégie adoptée par le pouvoir. Le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé a, au cours d’une conférence de presse à Londres, justifié la solution militaire, alléguant le port d’armes par certains sympathisants du PNP pendant les manifestations.

Les gendarmes repartant de Yelivo après avoir emporté le matériel de sonorisation

En septembre 2017, peu après le déclenchement des soubresauts démocratiques du 19 août, l’intervention d’un contingent de l’armée togolaise a fait de nombreux morts et blessés dans les villes de Sokodé et Bafilo. Le contingent n’a toujours pas évacué Sokodé.

Parti essentiellement constitué de Tems- communauté majoritairement musulmane-, le PNP a sorti l’opposition togolaise de sa léthargie par les manifestations synchronisées des 19 et 20 août 2017 au Togo et dans la diaspora. Conduit par Tikpi Atchadam, aujourd’hui en exil, le PNP entrave le discours du pouvoir qui a basé son règne sur une division ethno-régionale Nord-Sud. En réussissant à aliéner la majorité des Tems au pouvoir, le PNP devient la bête noire du régime, et ses leaders, des hommes à abattre. Et le pouvoir en profite pour verrouiller le Nord mettant ainsi des barrières aux libertés d’expression et de circulation.

A quelques mois de la présidentielle 2020, les libertés publiques sont en grand danger au Togo.


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A propos Komi Dovlovi 1103 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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