La majorité des citoyens africains pense que la corruption s’aggrave dans leurs pays et la plupart dans certains pays pensent être « capables de changer la donne dans la lutte » contre le phénomène.
C’est ce qu’indique la 10ème édition du Baromètre mondial de la corruption – Afrique de Transparency International rendue publique ce 11 juillet. Mais dans d’autres pays comme le Togo, les populations ont peur des représailles en cas de dénonciation des personnes corrompues. Les populations constatent en outre que les gouvernements ne luttent pas efficacement contre ce problème.
Le sondage a été réalisé dans 35 pays africains dont le Togo, en partenariat avec Afrobaromètre et Omega Research. Le Baromètre mondial de la corruption est l’enquête la plus vaste et la plus détaillée sur l’opinion que les citoyens africains ont de la corruption et sur leur expérience directe de la pratique des pots-de-vin. Le rapport présente les points de vue de plus de 47 000 citoyens de 35 pays africains.
Le sondage révèle la clairvoyance des populations face au fléau de la corruption qui entrave le développement économique, politique et social. « Elle représente un obstacle majeur à la croissance économique, à la bonne gouvernance et aux libertés fondamentales, comme la liberté d’expression ou le droit des citoyens à demander des comptes à leur gouvernement », souligne le rapport.
Perception de la corruption par les Africains et Inégalité devant les pots-de-vin
L’étude a pris en compte la perception de la corruption des institutions par les populations. Ainsi, près de la moitié des citoyens (47%) considèrent la police comme l’institution la plus corrompue. Viennent ensuite les fonctionnaires (39%), les parlementaires et les chefs d’entreprise (36%), la présidence de la République ou le cabinet du premier ministre et la justice (34%), ainsi que les administrations locales, les chefs traditionnels, les ONG et les chefs religieux.
Le sondage concerne de même les services où les citoyens vivent directement la corruption. Les forces de police, les services collectifs tels que la distribution d’eau et d’électricité, l’Etat-civil, les établissements scolaires, les hôpitaux et centres de santé sont les services où l’on verse facilement les pots-de-vin.
Au niveau des pays, la RDC , le Libéria et la Sierra-Léone sont considérés comme les champions de la corruption. Plus de 80% des RD Congolais trouvent leur pays corrompu tandis que 53 % des Libériens et de Sierra-Léonais ont très peu confiance en l’intégrité des institutions. Les derniers scandales de corruption éclaboussant les dirigeants politiques dans ces pays sont certainement à l’origine de ces perceptions.
Par contre l’Ile Maurice, le Cap-Vert et le Botswana paraissent être les pays les plus clean en matière de corruption.
Afrobaromètre consate une inégalité devant les pots-de-vin ; les plus pauvres (36%) sont plus touchés que les plus riches (19%), et souvent privés d’un accès essentiel aux services de santé, à l’éducation et aux protections juridiques, avec des conséquences désastreuses. De même, les jeunes de 18 à 34 ans sont plus susceptibles de devoir verser des pots-de-vin que les plus de 55 ans.
Les Togolais préfèrent ne pas dénoncer
La majorité des sondés pensent être capables de mener des actions citoyennes pour lutter contre la corruption. 53% des citoyens pensent que des «citoyens ordinaires peuvent changer la donne dans la lutte contre la corruption». «
« Les Africains se sentent capables de changer le cours des choses. Les États doivent leur donner les moyens de le faire », pense Paul Banobam Coordinateur Régional pour l’Afrique de l’Est de Transparency International.
Cependant, certains citoyens ont la phobie des dénonciations et craignent des représailles. Le Togo, le Nigéria, le Kenya, l’Ouganda, le Malawi et le Gabon sont les endroits où les citoyens ont peur de dénoncer les cas de corruption. On peut noter que ces pays sont aussi parmi ceux où s’exercent de multiples formes de violences sur les citoyens et les populations et connaissent des régimes de dictature ou de démoncrature.
Dans ces pays sus-cités, les institutions en lutte contre la corruption font très peu de vague. Ainsi le Togo, la Haute Autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HAPLUCIA) n’a produit le moindre rapport depuis son installation. Et, malgré les rapports accablants de la Cour des Comptes et plusieurs scandales dans la presse, les personnes mises en causes ne sont guère inquiétées par la justice et paraissent bénéficier d’une impunité totale. L’impunité des puissants nourrit la crainte et la méfiance des citoyens envers les institutions.
D’une manière générale, il se dégage un certain pessimisme en matière de lutte contre la corruption. Elle représente un obstacle majeur à la croissance économique, à la bonne gouvernance et aux libertés fondamentales, comme la liberté d’expression ou le droit des citoyens à demander des comptes à leur gouvernement.
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