Le ministre guinéen de la justice et garde des Sceaux, Maître Cheick Sako, a démissionné du gouvernement guinéen, le 20 mai dernier, en signe de dénonciation du processus de modification de la Constitution en vigueur.
Dans un courrier en date du 20 mai dernier, dont Le Temps a eu copie, le ministre tire les conséquences du « silence » du Président Alpha Condé quant à sa demande de départ du gouvernement lors d’une audience avec le président le 4 avril 2019.
« Tirant les conséquences de votre silence depuis 4 avril 2019, jour de notre entretien et de la remise du courrier vous demandant de me remplacer dans mes fonctions de ministre et de garde des sceaux », écrit Maître Cheick Sako.
La controverse autour de la modification de la Constitution guinéenne par le président Condé est au cœur de cette démission. Le ministre guinéen, anti-modification, souligne n’avoir pas été associé au processus de modification.
«Compte tenu de ma position personnelle contre toute modification de la constitution ou changement de la constitution en vigueur», allègue Maître Sako pour expliquer son départ.
Société et classe politique guinéenne divisées
La constitution guinéenne stipule que le mandat présidentiel est de cinq ans, renouvelable une seule fois, et nul ne peut exercer plus de deux mandats. Le président guinéen sera aux termes de son second mandat en 2020.
Alpha Condé est arrivé au pouvoir en 2010 aux termes d’un second tour présidentiel le plus long et le plus controversé dans les annales de la démocratie en Afrique. Dès l’amorce de son second mandat, il a manifesté des velléités de modification de la constitution. En froid avec le président Condé, Kelefa Salla, 9ème président de la Cour suprême, plus haute juridiction du pays, a été démis de ses fonctions par ses pairs en 2018.
La volonté d’Alpha Condé d’aller au-delà de son deuxième mandat divise la société guinéenne et la classe politique. Plusieurs partis politiques et des mouvements de la société civile sont mobilisés pour s’opposer à cette éventualité.
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