Quand l’armée soudanaise vole la révolution du peuple

En mettant en place un conseil militaire de transition, l'Armée empêche le peuple de réaliser une vraie révolution.

La chute d’Omar El-Bachir a été célébrée comme la victoire du peuple soudanais sur le régime en place depuis 30 ans. Mais les chefs militaires qui se sont emparés du pouvoir à Khartoum sont loin de rassurer la population toujours mobilisée. Elle réclame à présent un gouvernement civil.

Abdel Fattah al-Burhane est le nouvel homme fort du Conseil National de Transition mis en lace par les militaires qui ont perpétré le putsch contre l’ancien régime. Il tente de donner quelques gages de crédibilité à l’opposition et au régime, en promettant de couper les racines avec le pouvoir d’El-Bachir.

La démission de Salah Gosh, chef du puissant service de renseignement soudanais NISS, a été accepté par le Conseil militaire de transition. L’homme est critique d’avoir été à l’origine de la répression ces derniers mois du mouvement de contestation. Mais il est difficile de savoir si Gosh a capitulé suite pressions civiles en cours dans le pays ou celles venant de l’extérieur; l’homme étant sous sanction américaine.

Abdel Fattah Abdelrahman Burhan a fait plusieurs d’annonces ce samedi, parmi lesquelles la promesse d’ouvrir un dialogue avec les partis politiques. Le conseil militaire a ensuite tenu une rencontre avec l’opposition et l’Association des professionnels soudanais, fer-de-lance de la contestation, et les militaires.

En prenant les devants pour faire tomber le régime d’El-Bachir à l’agonie, il est clair que les militaires ont voulu préserver leur hégémonie sur le pays. Les militaires ont été pris une part active au système autoritaire qui a régenté le pays les trois dernières décennies. Ainsi en mettant de côté El-Bachir, cette armée se maintient dans le jeu politique. La transition qu’elle met en place est donc loin de rassurer ceux qui au Soudan veulent une rupture complète d’avec l’ancien pouvoir.

Au delà de la transition dont la durée et la feuille de route ne sont pas encore définitivement connues, c’est l’avenir politique du Soudan qu’il faut questionner. Va-t-on vers la fin définitive du régime basé sur la charia? L’armée passera-t-elle totalement la main aux civils à la fin de la transition?Dans quelle mesure les partis d’opposition et les organisations syndicales et de société civile seront-elles impliquées dans la gestion de la transition?

Voilà autant de questions qui doivent trouver réponses, pour voir plus clair dans le changement en cours dans ce pays d’Afrique du Nord.

J. BAWA


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