Me Akila-Esso Boko, et maintenant on fait quoi?

Le 28 mars dernier, l’ancien ministre François Esso-Akila Boko devenu opposant à la junte militaire depuis 2005, et potentiel candidat à la présidentielle 2020, a été empêché- avec la complicité des autorités françaises- de fouler le sol togolais alors qu’il s’apprêtait à prendre un vol d’Air France. L’ancien ministre est-il déjà hors course pour la présidentielle ? Ce premier échec signifie-t-il la fin de son combat ? In ou out, d’aucuns pensent que l’ancien ministre de l’intérieur est encore indispensable à la lutte. C’est plus ou moins la ligne de cette tribune parvenue à la rédaction du Temps.  Lisez plutôt.

Me Akila-Esso Boko, ancien ministre de l’intérieur et de la sécurité sous le monarque Gnassingbé Eyadéma qui avait déserté ce qui tenait lieu d’armée au Togo en 2005 et en exil depuis 14 ans en France voulait tester « l’élégance » ou l’inélégance du régime de Faure Gnassingbé en rentrant au Togo pour « aider à la réconciliation nationale ». C’est fait. Les autorités de fait du Togo lui interdisent le retour dans son pays. Ce pouvoir est bel et  bien inélégant. « Maintenant, on fait quoi ? » a-t-on envie de lui demander.

  Cette expérience suffira-t-elle au cartésien François Boko, et même à un certain économiste Kako Nubukpo pour ne plus jamais placer sur le même piédestal ceux qui sont dans une logique de conserver le pouvoir coûte que coûte d’un côté et ceux qui de l’autre coté n’ont que leur profession de foi pour toute arme de combat, « l’opposition idéologique » comme ces deux hommes aiment qualifier les derniers ? Remarquons au passage que le mot « idéologie » n’est pas une injure à la base.

S’il est vrai que les faits du présent offrent certainement plus de charme que l’historiographie, la suspicion ou la conjecture en tous genres pour l’homme moderne qu’ils sont, il semble que c’est dans l’interstice entre la connaissance théorique d’une chose et sa mise en pratique que quelques politiciens comme Boko et d’autres nouveaux venus sur l’échiquier politique togolais comptent jouer leur partition. C’est de bonne guerre et ils ont l’énergie pour le faire. On doit leur souhaiter qu’il y ait des surprises sur leur route qui fassent démentir les pronostics des politicards fatigués et usés pour avoir trop mordu à la poussière par la volonté de l’adversaire politique qu’est le RPT/Unir et son bras armé. Prière de ne pas prendre en mal l’expression « policards fatigués et usés », car la vérité est qu’ils sont fatigués et usés comme les nouveaux venus pourront l’être eux aussi dans quelques années.  Il est vrai que ne pas réemprunter les anciennes voies en espérant que les conditions normales de température et de pression aient changé, ne serait-ce que de manière imperceptible, c’est condamner l’être humain qu’ils sont, appelés eux aussi, à jouer un rôle dans ce vaste théâtre qu’est l’existence, au renoncement et au fatalisme. Le pire ne serait-il pas de n’avoir pas essayé, comme le disait Franklin Roosevelt ? Surtout essayer par soi-même ? Il n’y a rien à reprocher à François Boko dans son espoir aussi ténu soit-il, sincère ou feint, que les autorités togolaises veuillent la jouer fair-play dorénavant. Ne pas essayer de s’immiscer au milieu des protagonistes de la crise togolaise en tentant de caresser les brutes épaisses et en « férocifiant » les faibles n’aurait pas été cohérent pour l’homme politique soucieux de réconcilier un jour son peuple. Maintenant, c’est fait, on fait quoi ?

Faut-il persister en allant dilapider son énergie devant une cour de la CEDEAO qui n’a aucun moyen de faire appliquer le droit qu’il lui arrive de temps à autre de dire ?  Ou conserver cette énergie pour des combats où les forces seront plus ou moins équilibrées ? Une chose est certaine, ce n’est pas en criant indéfiniment son opposition au régime  qu’on gagnera l’ultime combat, c’est dans la retenue, la préparation et l’action par surprise.  Et qui dit surprise, insinue rassurer l’adversaire. Tous les Togolais ne sont pas qualifiés pour une telle tâche.  Cela demande, excusez l’expression, « d’attacher son coeur », c’est-à-dire l’anesthésier. Voilà pourquoi il nous faut laisser la chance à ceux qui s’estiment qualifier pour ce job de s’y risquer plutôt que de les calomnier, diaboliser.  Esso Boko vient, lui, de rater son entretien d’embauche à la présidence du Togo en 2020. Aura-t-il une nouvelle chance ? Pa sûr! Souhaitons qu’en l’absence de candidatures imminentes, il puisse y avoir au sein même de l’entreprise familiale « Togo » quelques profils qui veuillent un reclassement à la faveur d’un recyclage pendant que le peuple, vraie opposition, se fortifie. Et justement Esso Boko, même s’il n’est pas actuellement au chômage, a là, devant lui, un job, certes mal rétribué, voire bénévole, mais un job pour la vie: s’occuper du peuple sans forcément passer par l’agence nationale du volontariat au Togo.

Onyadon Afi


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A propos Tony Feda 151 Articles
Journaliste indépendant. Ancien Fellow de l'Akademie Schloss Solitude (Stuttgart, Allemagne), Tony FEDA s’intéresse à la sociologie, la culture- ses domaines de prédilection sont la littérature et les arts de la scène du Togo. A travaillé pour plusieurs journaux dont Le Temps, Notre Librairie. www.culturessud.com. Depuis août 2018, s'inspirant de Robert Park et de Bourdieu, il entame sur son blog www.afrocites.wordpress.com des projets sur des thèmes concernant la ville.

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