L’activiste anti-CFA Kémi Séba interrogé en Côte d’Ivoire et au Bénin sur ses mobilisations

Kémi Séba, ses prises de position et sa popularité auprès de la jeunesse dérangent certains intérêts

Le militant « anticolonialiste » et grand pourfendeur du franc CFA, fondateur du mouvement Urgences panafricanistes, poursuit sa lutte contre le franc CFA, qualifié de « monnaie coloniale ». Après Abidjan, c’est au Bénin que l’activiste a été interpellé.

Déjà expulsé cette semaine de Côte d’Ivoire, le polémiste et militant « anticolonialiste » Kémi Séba a affirmé jeudi 28 mars avoir été arrêté, interrogé puis relâché à son arrivée au Bénin, son pays d’origine, d’où il a décidé de poursuivre sa lutte contre le franc CFA. Arrêté mardi à sa descente de l’avion à Cotonou, capitale économique du Bénin, Kémi Séba, franco-béninois et plusieurs fois condamné en France pour incitation à la haine, a dit avoir été « placé en détention sur demande du ministre de l’intérieur » béninois, avant d’être relâché.

En Côte d’Ivoire, où il devait tenir un meeting, il a dit avoir été interrogé sur d’éventuelles relations avec les pays comme le Venezuela, la Chine ou la Russie. « On m’a posé les mêmes questions qu’en Côte d’ivoire », a déclaré le fondateur du groupe Urgences panafricanistes, qui a menacé de porter plainte contre le ministre de l’intérieur du Bénin, Sacca Lafia.

« Il m’a dit : “Que vous soyez populaire en Afrique francophone n’est pas mon problème, mais dès lors que vous effectuez des mobilisations qui dérangent nos partenaires économiques, – il ne les a pas cités mais je peux parler de la France, la Côte d’ivoire […] – nous allons restreindre le périmètre de vos libertés individuelles”. » « La personne qui va restreindre le champ de nos libertés individuelles n’est pas encore née », a-t-il ajouté.

« Néocolonialisme français »

« Kémi Séba a été conduit et gardé par la police républicaine à sa descente d’avion en provenance de la Cote d’Ivoire d’où il a été expulsé. Il a été effectivement reçu par le ministre de l’intérieur », a confirmé à l’AFP une source à la présidence, qui rejette néanmoins toute « menace » contre le polémiste qui combat le franc CFA.

Le « panafricaniste » a déclaré jeudi que cette monnaie commune à la majorité des anciennes colonies françaises d’Afrique « anéantit tout processus de compétitivité » car, arrimée à l’euro, c’est « une devise trop forte pour les économies locales »« La balance commerciale des pays d’Afrique de la zone franc est déficitaire, à l’exception de la Côte d’Ivoire qui est maintenue sous assistance respiratoire et donne la sensation d’aller mieux alors qu’elle ne va pas bien », a-t-il dit.

Kémi Séba s’est maintes fois attaqué « au néocolonialisme français, qui a pris comme capitale en Afrique la Côte d’ivoire », où il était arrivé le 23 mars et d’où il a été expulsé mardi. Le porte-parole du gouvernement ivoirien avait évoqué « des risques potentiels de troubles par rapport à une manifestation qu’il comptait organiser sur le territoire d’Abidjan. » Kémi Séba avait déjà été expulsé en septembre 2018 du Sénégal vers la France pour avoir brûlé publiquement un billet de 5 000 francs CFA (7,6 euros).

Avec Lemonde.fr


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