Pour faire basculer l’armée, principal soutien du président élu Nicolas Maduro, le président autoproclamé du Venezuela, Juan Guaido, mise sur deux manifestations, mercredi 30 janvier et samedi 2 février.
« Mercredi de midi à 14 heures, partout au Venezuela nous descendrons dans les rues (…) pour exiger des forces armées qu’elles se mettent du côté du peuple, et samedi [nous appelons à] une grande mobilisation dans tout le Venezuela et le monde pour accompagner le soutien de l’Union européenne et l’ultimatum », a déclaré dimanche 27 janvier le député de droite de 35 ans, chef du Parlement.
Six pays européens (Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni, Portugal, Pays-Bas) ont donné samedi à Nicolas Maduro huit jours pour organiser des élections, faute de quoi ils reconnaîtront Juan Guaido comme président. L’ultimatum expirera dimanche 3 février.
L’Union européenne a brandi pour sa part une menace plus floue : elle « prendra des mesures » si des élections ne sont pas convoquées « dans les prochains jours », y compris concernant « la reconnaissance du leadership » dans le pays. Samedi, « nous célébrerons ce soutien inédit du monde entier à notre cause, mais aussi en comptant sur le fait que sera sur le point d’expirer l’ultimatum de l’Union européenne (sic), pour parvenir à la fin de l’usurpation, au gouvernement de transition et à la convocation d’élections libres », s’est félicité Juan Guaido.
Jusqu’à présent, Nicolas Maduro refuse d’accéder aux exigeances européennes, répétant sur la chaîne CNN Turk au cours du week-end que « personne ne peut nous donner d’ultimatum ».
Une offre d’amnistie pour les militaires et fonctionnaires
Encouragé par le soutien international, Juan Guaido cherche à fissurer la loyauté de l’armée, essentielle au maintien au pouvoir de Nicolas Maduro depuis 2013. Il offre donc l’amnistie aux fonctionnaires et militaires acceptant de le soutenir, dans une loi que ses partisans se sont chargés de distribuer dimanche aux centres de police et de l’armée du pays.
« Aujourd’hui, nous sommes allés tendre la main (…) Soldat du Venezuela, nous plaçons nos espoirs en toi et en ton engagement envers notre Constitution », a-t-il déclaré. « Ce n’est pas le moment d’avoir peur. »
Face aux opposants qui leur remettaient le texte de loi, certains soldats ont toutefois brûlé ou déchiré le document, qui offre « toutes les garanties constitutionnelles » aux militaires et civils qui « collaborent à la restitution de la démocratie ». « L’armée est avec notre commandant en chef, Nicolas Maduro », a déclaré l’un d’eux.
Des dissensions apparaissent
Pendant ce temps, Nicolas Maduro supervisait des exercices militaires au fort Paramacay, dans le nord du Venezuela. « Genou à terre pour combattre le coup d’Etat, je le dis à toutes les forces armées bolivariennes : union maximale, discipline maximale, cohésion maximale », a-t-il lancé aux troupes. Il les a aussi mises en garde : « Etes-vous des putschistes ou respectez-vous la Constitution ? (…)Traîtres jamais, loyaux toujours ! »
Des dissensions commencent en effet à apparaître. Attaché militaire du Venezuela à Washington, le colonel José Luis Silva a annoncé samedi ne plus reconnaître M. Maduro comme président légitime et a exhorté ses « frères militaires » à faire de même.
« Soldat du Venezuela, je te donne un ordre : ne réprime pas les manifestations pacifiques (…), ne tire pas sur le peuple », a lancé Juan Guaido, après une semaine de mobilisations qui s’est soldée par 29 morts et plus de 350 arrestations.
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