“Marche de la colère”: des foules, quelques heurts et des interrogations

L'alternance en 2020 passe par une réorganisation rapide des forces d'opposition et la recherche des moyens pour affronter UNIR dans les urnes.

La deuxième journée de manifestations à l’appel de l’opposition démocratique togolaise s’est déroulée à Lomé et dans d’autres villes du pays. Comme hier, les Togolais sont sortis nombreux pour crier leur ras-le-bol contre le “régime cinquantenaire”.

Baptisée “marche de la colère” qui tombait sur le 05 octobre, il y avait de quoi redouter que les manifestations de ce jour ne dégénèrent. Les forces de l’ordre avaient été dépêchées comme d’habitude sur les lieux de rassemblement. Mais elles ont été vite dépassées; surtout du côté d’Adidogomé (nord-ouest de Lomé). Des jeunes ont érigé des barricades avec des pierres et des troncs d’arbre pour empêcher la circulation. Quelques courses poursuites ont eu lieu notamment à Tokoin Casablanca, ainsi que des jets de pierre, sans grand dégât…Des échauffourées ont été signalées dans la soirée, notamment du côté de Dekon (au centre-ville de Lomé). La police a tiré des gaz lacrymogènes sans qu’on sache trop contre quels manifestants…

La marche de ce jour a été caractérisée par la détermination des manifestants. Sifflets, musique, tambours, pancartes: tout était bon pour montrer le ressentiment contre le pouvoir UNIR.

Quel bilan?

Deux constats s’imposent: premièrement l’opposition a tenu son pari de réussir une grande mobilisation de ses partisans à Lomé et dans les villes de l’intérieur du pays. Deuxièmement, ces manifestations se sont déroulées sans violence caractérisée. Il faut remarquer que ce 5 octobre (date anniversaire du soulèvement populaire de 1990), les forces de l’ordre se sont montrées particulièrement réservées (quelqu’un dirait professionnelles). Elles n’ont pas répondu aux provocations des jeunes sur les différents parcours. Mais quelques exactions ont été signalées à la fin de la manifestation, attribuées à la police qui aurait profité de la tombée de la nuit pour régler son compte aux indignés.

Et quoi maintenant?

C’est la grande question à se poser après le déroulement des deux jours de manifestation de ce début octobre. Pour l’opposition, c’est la gestion de la suite des événements qui est la grande inconnue. Va-t-elle poursuivre avec les manifestations de rue comme méthode de fronde contre le régime ou cherchera-t-elle un autre moyen d’action? On ne tardera pas à le savoir. La coalition de l’opposition (14 partis) a démontré sa capacité d’action et a su jouer sur le mécontentement populaire pour remettre le Togo au cœur de l’actualité.

Pour beaucoup d’observateurs, il n’est pas évident que cette opposition parvienne à ses fins sans un renfort des organisations citoyennes. Mais ces dernières tardent à montrer la tête. Depuis l’annonce de la création du Front Citoyen Togo Debout il  y a une dizaine de jours, rien n’a été fait. Or les partis politiques n’ont pas la capacité de maintenir longtemps la flamme de la contestation. Ils ont vocation à se disputer sur des questions de positionner ou de leadership…Certaines supputations ont fait état de quelques difficultés à l’intérieur du groupe.

Les appels au dialogue avec l’arrivée prochaine de la mission d’évaluation de l’OIF (Francophonie) pourrait constituer un motif de répit pour la coalition. Le temps certainement pour tous les protagonistes de se repositionner. Mais pour le gouvernement UNIR ce serait une erreur de croire que les Togolais si mobilisés au pays et à l’étranger vont relâcher de sitôt.

K. Agboglati


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