Hier, trois organisations régionales (et internationales) ont rendu public un communiqué qui défraie déjà la chronique. La CEDEAO, l’Union Africaine et le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel se sont prononcés sur les événements en cours au Togo.
“Les trois organisations prennent acte en particulier de l’adoption du projet de loi constitutionnelle visant à modifier les articles pertinents de la Constitution togolaise. Elles observent que c’est une étape importante pour mettre le Togo en conformité avec les normes démocratiques reflétant les meilleures pratiques en Afrique de l’Ouest“. Mais ces organisations ne se sont pas contentées de ce constat. Elles prennent carrément parti: “Elles appellent le gouvernement à fixer une date pour l’organisation du référendum sur le projet de loi constitutionnelle. Elles encouragent l’opposition à saisir cette occasion pour faire avancer les réformes constitutionnelles.”
Ce qui a surpris plus d’un, c’est que l’organisation sous-régionale s’adjoigne l’Union Africaine et le Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel pour donner un poids à sa déclaration. On se rappelle qu’à la mi-septembre, Marcel de Souza, le Président de la Commission de la CEDEAO a effectué une mission à Lomé. Ses consultations avec les protagonistes s’étaient déroulées dans des conditions peu satisfaisantes, d’après nos informations. Beaucoup de Togolais ne font pas confiance à ce Béninois (présenté comme beau-frère de Faire Gnassingbé) pour conduire la médiation au Togo. L’autre paradoxe c’est que le président en exercice de la CEDEAO n’est que le chef de l’Etat togolais lui-même.
Il n’en fallait pas plus pour déclencher l’ire des responsables de l’opposition démocratique togolaise. Dans une déclaration rendue publique ce matin les opposants écrivent: “La coalition des quatorze partis politiques de l’opposition et toutes les forces démocratiques togolaises ont pris connaissance avec beaucoup d’étonnement et d’indignation du communiqué conjoint de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union Africaine (UA) et du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS)“. La coalition a relevé “l’incohérence” dans le communiqué conjoint qui appelle au dialogue tout en demandant au gouvernement du Togo de publier une date pour le référendum constitutionnel.
Sans se laisser émouvoir, la coalition devenue maître de la rue à Lomé et dans les grandes villes du Togo annonce: “En tout état de cause, la coalition et les forces démocratiques réaffirment leur détermination à poursuivre la lutte de libération aux côtés du peuple togolais.”
Il apparaît clairement qu’en prenant position pour la tenue d’un référendum, la CEDEAO et ses partenaires (UA et ONU) ne montrent de dispositions sérieuses pour jouer un rôle dans le rapprochement des positions entre les protagonistes de la crise. Un sentiment anti-CEDEAO monte déjà au sein de l’opinion togolaise, comme le montre la réaction de Dany Ayida, un spécialiste togolais de la gouvernance démocratique par ailleurs membre d’un mouvement politique pro-démocratique au Togo.
Entre la CEDEAO et l’opposition togolaise, un nouveau bras de fer est ouvert. Les Togolais ont en mémoire la façon désastreuse dont cette organisation (dont le Secrétaire général était Ibn Chambas) avait géré la crise post-électorale de 2005.
L’OIF a annoncé pour sa part qu’elle va envoyer une mission d’évaluation au Togo à partir du 10 octobre.
Après la grande mobilisation organisée hier, l’opposition a appelé la population à manifester aujourd’hui 5 Octobre pour la “marche de la colère”.
Joséphine Bawa
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