Le président Faure Gnassingbé a effectué une visite express le 30 avril à Conakry pour convaincre Alpha Condé de s’engager pour le sommet Israël-Afrique.
Plaidoyer. La visite-éclair de Faure Gnassingbé à Conakry relève tout de même de l’étonnement. « Ce déplacement s’inscrit dans le cadre du renforcement des liens d’amitié et de fraternité existant entre les deux pays, leurs peuples et dirigeants respectifs », indique dans la plus insipide langue de bois, la présidence de la République.
Non convaincu d’ailleurs par ce paragraphe, le rédacteur en ajoute un autre paragraphe peu explicite sur l’objet réel du voyage. Il porte sur « le renforcement de l’intégration », « la préservation de la paix et la promotion des valeurs de solidarité ». Pour deux pays appartenant à la CEDEAO, non frontaliers par ailleurs, et n’ayant jamais eu de cassus belli, de telles affirmations paraissent bien oiseuses.
Et comme si cela ne suffisait pas à convaincre, la présidence rajoute la confusion à l’insatisfaction avec un paragraphe mettant en exergue un précédent voyage d’un émissaire du président Alpha Condé, porteur d’un message à Faure Gnassingbé quant aux réformes en chantier de l’Union Africaine.
Rien de ce qui est au-dessus n’éclaire pas le citoyen lambda sur les motivations du voyage présidentiel et pour lesquelles Faure Gnassingbé pourrait dépenser le denier public, soit plus de 200 millions CFA pour le court déplacement à Conakry.
Toutes les raisons évoquées dans le communiqué relèvent des sujets sur lesquels une discussion téléphonique entre les deux présidents aurait suffi. Les relations économiques entre la Guinée et le Togo sont négligeables pour nécessiter la visite de Faure Gnassingbé, fût-elle de courte durée.
Somme toute, il n’y a qu’une cause qui peut mettre en branle Faure Gnassingbé: le premier sommet Israel-Afrique censé se tenir le premier du genre qu’accueillera le Togo du 16 au 20 octobre prochain. Et Faure Gnassingbé était en mission en Guinée pour faire un plaidoyer auprès du président guinéen, réticent quant à sa participation à une telle rencontre entre l’Etat d’Israël et les pays africains.
Président en exercice de l’Union Africaine, le Guinéen a des préventions contre les hommes d’affaires israéliens. Alpha Condé qui s’est lancé dans la remise à plat du système de concessions minières dans son pays, a lancé la justice guinéenne aux trousses de Benny Steinmetz, mis en résidence surveillée à Tel-Aviv jusqu’en janvier dernier. L’Israélien avait obtenu dans des conditions obscures le gisement de diamant de Simandou, l’un des plus importants au monde.
Sommet inutile ?
Ensuite, le président guinéen qui reste tout de même un dirigeant avisé, ne semble guère convaincu par l’importance d’un sommet régional entre l’Afrique et l’Etat hébreu. Certes, Israël, 21.000 Km2 est une grande puissance militaire mondiale, vivant par ailleurs grâce aux aides massives des Etats-Unis et des Européens dans un contexte de guerre larvée avec les nations arabes.
Mais l’Etat hébreu reste une puissance économique mineure, même pas présent dans les 30 premières économies du monde, dispose d’un PIB inférieur à celui du Nigéria. Si l’on ne peut dénier une certaine technicité à Israël, surtout dans le domaine agricole (un certain intérêt pour les pays désertiques), une coopération économique liant le continent à Israël relève d’un intérêt que du point de vue militaire.
Les lubies de la diplomatie togolaise pour un sommet Israël-Afrique sont pour le moins mystérieuses. Mais ce n’est pas la première fois qu’elle opère des choix loufoques. Pays à majorité animiste voire chrétienne, le Togo est paradoxalement membre de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) et a rejoint la Coalition anti-terroriste internationale formée par l’Arabite saoudite- un Etat considéré comme le parrain du terrorisme fondamentaliste.
Depuis l’arrivée de Robert Dussey à la tête des Affaires étrangères, il s’y déroule une diplomatie étrange. Pour se donner une stature internationale rêvée et un rayonnement mondial, un fantasme entretenu avec Robert Dussey, Faure Gnassingbe est disposé à gaspiller les ressources du contribuable.
Il est pourtant de notoriété publique que la richesse des nations ne dépend que du seul travail de ses enfants.
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