Faure Gnassingbe a inauguré le 28 avril dernier des fresques de dix artistes togolais de renom qui s’étendent de l’aéroport au Carrefour de Bè Amoutiévé.
Historique. Des fresques s’étendant sur plusieurs kilomètres couvrent les murs de la capitale Lomé allant de l’Aéroport International Gnassingbé Eyadema au Carrefour Amoutivé en passant par la Colombe de la Paix.
Aussi le chef de l’Etat a-t-il assisté hier 28 avril au vernissage des fresques murales à l’aéroport Gnassingbé Eyadema de Lomé. Ces peintures murales sont partie d’un ensemble de travaux de dix artistes togolais parmi lesquels Kossi Assou, Sokey Edorh, Emmanuel Sogbadji, Jimmy Hope, Eric Wonanu.
Les œuvres se déclinent sur le thème de la paix et convoquent les Togolais et le public à s’interroger sur ses ressorts.
Les titres des œuvres drainent ces idées-là : « La paix t’accueille » ; « Bâtissons la cité » ; « Les faiseurs de paix sont braves » ; « La poignée de main pacifique » ; « L’union fait la force » ou encore les « Méandres de arts pour la paix ».
Le plasticien Eric Wonanu, auteur d’une fresque titrée « Les faiseurs de paix sont braves » explique : « Les mots PAIX et BRAVES sont mis en exergue. Symboliquement, la paix est dans une marmite. Elle mijote. Pour dire que la paix n’est ni une évidence, ni une facilité. Pour être pleine et entière, elle nécessite du temps, du courage et de la patience. Et il faut être brave pour agir dans le sens de la paix ».
Ces travaux d’arts participent de l’esthétique d’une capitale nullement réputée pour ses qualités artistiques. Si quelques œuvres du peintre Paul Ahyi pavent admirablement quelques bâtiments publics à Lomé, celles des autres artistes sont rares voire inexistantes.
Certes depuis Faure Gnassingbe, des artistes ont fait des bustes assez détestables des grands hommes du Togo ainsi que des oeuvres de qualités hissées dans les allées de la présidence de République. Mais l’Etat du Togo au temps d’Eyadema commandait très peu d’œuvres auprès des artistes locaux. Eyadema, un militaire ignorant n’entravait que couic en Beaux-Arts et donnait sa priorité aux métiers des armes. Son fils s’illustre autrement.
Alliance des artistes et du pouvoir togolais
L’un des artistes a déclaré que ces fresques témoignent de la vitalité et du dynamisme de la politique culturelle de Faure Gnassingbé, que cette dernière va dans le bon sens.
De même le ministre des Arts et de la Culture, Guy Madjé Lorenzo, a abondé dans le même sens en déclarant que cela va de la « vision » de Faure Gnassingbé « en matière culturelle, celle de construire une nation unie, sur un socle culturel diversifié et réhabilité ». Et de son souhait « de faire de notre capitale un fleuron de la création artistique contemporaine », a-t-il ajouté.
Néanmoins, on ne peut manquer de souligner le contexte de production de ces œuvres, celui d’un pays dirigé par un dictateur d’opérette qui a à son actif plus 400 à 500 morts, régente un pays grâce à des élections controversées et le soutien d’une armée clanique et tribale.
Il a fait échouer toutes les réformes devant déboucher sur une transition démocratique, et par des tours de passe passe juridico-politiques manœuvre à perpétuer un pouvoir familial qui dure depuis 50 ans. Ce n’est donc pas d’un grand démocrate et pas forcément un ami de la paix auquel s’acoquinent les artistes, togolais.
Faure Gnassingbé s’est acheté la paix sur le front artistique en finaçant grassement ou en faisant payer par l’Etat des oeuvres d’artistes togolais. Un Fonds d’aide à la culture (FAC) de 360 millions- une broutille- a même été institué et distribué comme de petits pains, un émollient pour colmater les plaies béantes de la misère des artistes.
En travaillant à l’instigation de Faure Gnassingbé et sur le thème choisi de la paix, les artistes ont-ils oeuvré en toute liberté ?
On peut en douter. Dans ces conditions, il est difficile de croire que leurs oeuvres restent à la postérité.
Artistes et pouvoir politique ?
Dans son dernier roman, Le Soleil sans se brûler, le romancier togolais Théo Ananissoh met en exergue la place de l’écrivain africain dans le monde. Il évoque la situation de l’écrivain congolais Sony Labou Tansi et du professeur Amelavi Amela, agrégé des lettres classiques. Les deux artistes furent compromis à leur corps défendant par le pouvoir politique.
Il serait dommage que pour des postures et des raisons obscures, des artistes prospères jusqu’à présent de façon indépendante grâce à leurs propres talents, et qui ne mmanquent certainement pas de discernement en ce qui concerne la situation sociopolitique togolaise, fassent une union avec le pouvoir des Gnassingbé.
On ne peut pas confondre le siècle de Louis XIV et celui de Faure Gnassingbé.
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