La HAAC menace de fermer certains médias

Plusieurs médias de l’audiovisuel risquent de fermer boutique à partir du 15 janvier, d’après un ultimatum de la HAAC rendu publique le 27 décembre.

La Haute autorité de l’audiovisuelle et de la communication (HAAC) presse la gomme à fond: Après une mise en demeure, il y a quelques semaines, pour rappeler à l’ordre les médias de l’audiovisuel de faire la signature d’une convention d’installation ou le renouvellement de la convention,  l’institution a rendu publique la liste des médias dans son collimateur.

Ces radios et télévision doivent régulariser leur situation avant le 15 janvier sous peine de voir « les autorisations d’installation, d’exploitation et  les fréquences » « purement et simplement retirées » et « cédées à d’autres demandeurs » (sic).

Sont en ligne de mire :

Pour les radiodiffusions :

  • Radio Bethel à Gléi/Radio La Bonne Nouvelle à Lomé /Radio City FM à Lomé/Radio Maria à Kara/Radio Maria à Kpalimé/Radio La Voix de l’Oti à Mango/Radio La Voix de Vo à Amegnran/Radio Ocean à Aneho/ Radio Sky FM à Badou

Pour les chaines de télévision:

  • La Chaîne du Futur (LCF)

Des médias proches de l’opposition

Le fait d’évoquer le règlement pour fermer ces médias, ne peut occulter la volonté des dirigeants de la HAAC de museler certains médias jugés un peu trop proches de l’opposition ou de certains ex-caciques du pouvoir aujourd’hui en disgrâce.

C’est le cas par exemple de la télévision LCF et de sa radio City FM, proches de Pascal Bodjona, ancien ministre de l’Administration territoriale et ex-Directeur de cabinet du président Faure Gnassingbé.

L’ancien ministre a été plusieurs fois  arbitrairement détenu dans le cadre d’une sombre affaire d’escroquerie sur la personne d’un homme d’affaires Emirati, Abbas Youssef.

Si Pascal Bodjona, dont la voix s’est tassée depuis sa sortie de prison cette année, les médias bénéficiant de son soutien continuent de porter une voix critique à travers des émissions où viennent s’exprimer librement de nombreux dirigeants de l’opposition et de la société civile.

Contrecoup de sa disgrâce, l’assèchement de ses ressources financières, dont le corolaire est la mauvaise passe de LCF et City FM, qui ont connu des grognes et des débrayages du personnel.

Avec une telle santé financière déclinante, il est peu étonnant que LCF et City FM soient en mesure de régulariser leur renouvellement avant le 15 janvier.

De même, la situation pour les radios citées, y compris les radios proches de l’Eglise catholique ou  celle d’obédience protestante.

Restrictions des libertés d’information et d’expression

L’ultimatum de la HAAC vient rappeler les restrictions aux droits à l’information sur le territoire. Sous le paravent d’un code de la presse des plus libertaires au monde, le régime a hypocritement dressé des barrières  liberticides pour restreindre la liberté d’information.

Par exemple, les licences d’installation, d’exploitation, et les fréquences sont attribuées à compte-goutte par lARTP.

Et, à part Radio Lomé et Radio Kara, médias officiels et porte-voix du régime, aucun média privé, exception notable des chaînes étrangères  comme RFI et BBC, ne dispose de fréquence couvrant l’ensemble du territoire.

Les fréquences sont limitées géographiquement, souvent dans le périmètre de leurs landernaux préfectoraux.

En outre, les radios rurales citées sont démunies à sang, travaillant dans des conditions absolument épouvantables loin non seulement des canons du journalisme radio mais surtout du minimum syndical requis.

Aussi, journalistes peu instruits, programmes tellement indigents que l’information donnée instruit-t-elle à peine les cibles concernées quant à leurs situations de ruraux mais également ne les forme-t-elle pas en ce qui concerne la société démocratique, objectif avoué de l’installation des médias.

En principe, la HAAC a pour mission de réguler les médias et de permettre la pluralité de l’information.

Cependant sa composition partisane, et l’arrivée à sa tête d’un cacique du RPT, adhérent par opportunisme à UNIR, tombé en disgrâce avant de recouvrer les faveurs du palais, ne favorisent pas le nivellement des médias.

Le président Pitang Tchalla, a été taxé par un parti d’opposition de manquer de légitimité pour diriger une telle institution.

 


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A propos Komi Dovlovi 1148 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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