Le Premier ministre français Manuel Valls a démissionné hier 5 décembre pour se présenter à la primaire du Parti socialiste en vue de la présidentielle de 2017. Il sera confronté à plusieurs ténors du PS dont l’ancien ministre de l’économie Arnaud Montebourg.
Pressé. Quelques jours après que François Hollande a annoncé qu’il ne défendra pas le bilan de sa présidence au cours de la présidentielle prochaine, le Premier ministre Manuel Valls, soutenu par quelques responsables socialistes, a décidé de se jeter à l’eau.
Un candidat de « gote » avec des idées libérales
Maire d’Evry, l’ex-Premier ministre a fait cette annonce dans son fief électoral, entouré de son adjoint, le Togolais d’origine Pacôme Adjourouvi, ainsi qu’une assemblée hétéroclite. Une image insolite quand on sait que Manuel Valls désirait plus de Blancs dans sa commune.
En dépit du soutien de certains ténors, l’ancien Premier ministre de l’intérieur ne part tout de même pas grand favori de cette primaire des socialistes. Ouvertement social-libéral voire libéral, celui qui souhaitait la suppression du terme « socialiste » dans le nom du Parti socialiste, risque de voir ses adversaires lui savonner la planche et lui faire payer toutes les dérives idéologiques et droitières auxquelles la présidence de François Hollande a habitué les Français.
Ironie de l’histoire, Manuel Valls le plus grand diviseur commun du PS se pose en rassembleur et demande le rassemblement autour de son nom, ceci dans un parti connu pour sa scissiparité et ses querelles byzantines légendaires. Lui qui a parlé de deux gauches irréconciliables jouent désormais à l’homme providentiel et en appelle à l’union.
J’ai cette force en moi, cette volonté de servir mon pays, c’est au-delà des mots, c’est une conviction totale, je veux tout donner pour la France », a-t-il déclaré dans un discours ancré à gauche et ciblant François Fillon, candidat désigné par la droite Il a pour slogan « Faire gagner tout ce qui nous rassemble.
De nombreux coriaces adversaires
Ça risque fort mal de passer. Les caciques du PS ne sont pas de cet avis. La maire de Lille, Martine Aubry, située à la gauche du Parti a eu des mots peu tendres à l’égard de l’ancien Premier ministre.
Le problème est de savoir comment on est unis, non pas autour d’un homme providentiel ou d’une femme providentielle, mais autour de nos valeurs », a souligné Mme Aubry, affirmant aussi : «Je n’ai jamais cru en une gauche irréconciliable. (…) Pour moi, il n’y a pas deux gauches ou alors, s’il y a deux gauches, c’est qu’il y en a une qui est devenue de droite. »
Quant à Arnaud Montebourg, candidat déclaré à la primaire, et l’un des favoris, il a sorti l’artillerie lourde en rappelant à Manuel Valls d’être le chantre du libéralisme au sein du Gouvernement en faisant passer des lois ultra-libérales au forceps.
Artillerie lourde
Qui est le Manuel Valls qui parle, celui qui candidate ou celui qui a gouverné ? Il défend la démocratie sociale, mais il a gouverné avec le 49.3, il défend le respect des citoyens, mais il a fait la loi travail, il défend l’unité des gauches, mais il a théorisé les gauches irréconciliables, il dit vouloir unifier, mais il a porté la déchéance de nationalité, a souligné l’ex-ministre des finances Arnaud Montebourg.
Pour être élu, M. Manuel Valls doit se battre contre l’ancien ministre de la Solidarité Bénoit Hamon, Marie-Noëlle Linemann, Arnaud Montebourg et l’actuelle ministre de l’éducation, et possiblement Mme Najat Vallaud-Belkacem.
Affaibli par un bilan de François quelque peu négatif, mais difficilement mésurable, le Parti socialiste risque de subir l’échec le plus cuisant de son histoire à la présidentielle et aux législatives 2017.
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