Burkina Faso : un coup d’État impopulaire et intenable

Vingt-quatre heures après le coup d’Etat qui a porté au pouvoir Conseil National de la Démocratie du Général Gilbert Diendéré, le moins que l’on puisse dire est que le coup d’Etat a du plomb dans l’aile.

Alors que la junte tente de contenir les manifestations initiées par le Balai Citoyen à Ouagadougou, on signale des sorties de populations dans la plupart des grandes villes du pays. Toutes ces manifestations visent à dénoncer le coup d’Etat et exiger le retour au pouvoir de transition et l’organisation des élections. De grands regroupements ont été signalés à Koudougou, Ouahigouya, Fada N’Gourma, Dedougou, Dori et Tenkodogo. Ils n’ont connu aucune opposition de la part des forces de défense et de sécurité. Dans toutes ces localités, des « Comités de résistance » se mettent en place pour contrer le coup d’Etat.

Une seule manifestation de soutien au CND n’a été enregistrée jusqu’alors.

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Manifestation anti-putsch à Bobo Dioulasso

Au cours d’une réunion qu’elle a tenu ce matin, l’ancienne opposition au régime Compaoré a appelé la population à résister contre le pouvoir putschiste.

Manifestants face au RSP à Ouaga

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Des citoyens prêts à en découdre avec la junte

Depuis l’après-midi du 16 Septembre quand le RSP fit irruption dans la salle du conseil des ministres, le Balai citoyen (un mouvement citoyen mobilisé contre le système Compaoré) a appelé ses militants à descendre dans la rue. Les premiers affrontements ont eu lieu aux abords du palais de la présidence. D’autres regroupements ont été tentés à la place de la Nation (rebaptisée Place de la révolution depuis les événements d’octobre 2014) sans succès. Les rassemblements ont été toujours dispersés par les éléments du RSP, parfois à balles réelles.

Depuis ce matin, c’est par petits groupes que les anti-putschs tentent de s’organiser. Ils mettent des barricades dans les rues et brûlent des pneus pour empêcher les jeeps militaires de circuler. Sur l’avenue Charles de Gaule, il y a eu plusieurs affrontements dans la journée. Des témoins ont signalé des tirs à balles réelles sur des manifestants et des motos incendiées par les soldats du CND.

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Moto calcinée sur l’avenue Charles de Gaule

Le bilan officiel est de 3 morts et une soixantaine de blessés. Mais d’autres sources font état de plus de 20 morts et des centaines de blessés.

La communauté internationale se mobilise

C’est unanimement que la CEDEAO, l’Union Africaine et les Nations Unies ont condamné le coup d’arrêt contre la transition politique intervenue le 16 septembre. Aujourd’hui les Présidents Macky Sall et Yayi Boni, respectivement du Sénégal et du Bénin se sont rendus à Ouagadougou pour échanger avec les responsables du CND. Les rencontres ont eu lieu à l’hôtel Laïco non loin du palais du Kosyam. Outre la CEDEAO, des représentants des puissances et organisations internationales telles que les Etats-Unis, la France et l’Union Européenne.

Les médiateurs de la CEDEAO ont tenté d’exiger le retour à l’ordre politique de la transition. Dans un communiqué lu par un membre du CND à la télévision publique burkinabé ce vendredi soir, la junte dit avoir accepté le principe de la médiation.

Dans une déclaration faite ce jour, l’Union Africaine a suspendu le Burkina Faso et décidé du gel des avoirs des membres du CND.

Avec la fronde qu’il subit de l’intérieur et le rejet dont il fait l’objet à l’international, il est fort à parier que le pouvoir militaire du général Diendéré aura du mal à s’imposer à la tête du Burkina Faso.

Paulain Kiswendsida Ouedraogo (Correspondant à Ouagadougou)


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