« Les hommes politiques ne sont pas tous des voleurs, mais quand ils vous serrent la main, recomptez vos doigts », disait l’humoriste français Coluche. Eh bien, les Gabonais sont en train de se demander s’ils ont encore leurs main et leurs têtes depuis que leur président leur a fait des cadeaux pendant la fête d’indépendance.
Les Gabonais ont dû avoir le sentiment d’une immense duperie le soir du discours d’Ali Bongo Ondima à l’occasion de la célébration du 55ème anniversaire de l’indépendance de leur pays. Le président Bongo a déclaré redistribuer sa part d’héritage à la « jeunesse gabonaise ».
« J’ai décidé avec le plein accord de mon épouse Sylvia Bongo Ondimba et de mes enfants que ma part d’héritage sera partagée avec toute la jeunesse gabonaise car à mes yeux nous sommes tous les héritiers d’Omar Bongo Ondimba », a-t-il dit, après avoir affirmé « qu’aucun Gabonais ne doit rester sur le bord de la route ».
Prédateurs et redistributeurs
Dans un article paru sur le site d’investigation français Mediapart , le patrimoine laissé par Omar Bongo est estimé au bas mot à 300 milliards CFA, soit l’équivalent de 10% du budget de l’Etat. C’est dire que la jeunesse gabonaise pour laquelle « rien n’est impossible », malléable et corvéable à merci, pourrait bénéficier d’un pactole assez conséquent.
Mais avant que la jeunesse gabonaise revienne de la surprise d’une telle libéralité présidentielle, Ali Bongo a dû procéder à une rapide rectification : Sa charité a des limites, le capital de sa part d’héritage restera intact, seuls les intérêts seront redistribués.
« Tous les revenus tirés de ma part d’héritage qui me revient seront versés à une fondation pour la jeunesse et l’éducation », a poursuivi le chef de l’Etat gabonais.
Et Ali Bongo n’est pas seul. Atteinte subitement par le virus de la charité, c’est toute la famille qui lègue une partie non négligeable du patrimoine laissé par leur père.
« Au nom des enfants » d’Omar Bongo, une propriété familiale située à Libreville, près du camp de Gaulle serait cédée à l’Etat et dévolue à l’implantation d’une Université. Les enfants Bongo céderont à l’Etat pour le franc symbolique deux propriétés en France ayant appartenu à Omar Bongo Ondimba- il s’agit des fameuses propriétés citées parmi les biens mal acquis(une propriété en France achetée à 100 millions d’Euros). En l’occurrence » deux hôtels particuliers, situés rue de la Baume dans le VIIIème arrondissement pour l’un, et rue Edmond Valentin dans le VIIème arrondissement de Paris, pour l’autre. »
En vérité, le président gabonais ne fait qu’orchestrer une vaste opération de blanchiment des biens volés par son défunt père, auteur d’une prédation d’une « rare ampleur » de son pays.
Venant d’une famille rurale pauvre, directeur de cabinet du président Léon Mba, avant d’être nommé président par la France de Jacques Foccart et Charles de Gaule, Omar Gabon s’est retrouvé aux termes de sa présidence (presque 40 ans) comme l’un des hommes les plus riches de la planète. C’est cette prédation éhontée des ressources de son pays- un scandale géologique sur tous les plans mais et une population malheureuse- que ses héritiers essaient passablement de blanchir sous forme de dons à la nation.
Un procès verbal ultraconfidentiel d’un inventaire des biens de la famille dûment établi par un huissier de justice commis par Pascaline Bongo, fille aînée et mandataire exclusive, donne une image de la répartition partielle du patrimoine (partiel) dans quatre provinces du pays : Il s’agit de villas, d’hôtels de luxe, d’appartements ou d’immeubles. Le tout évalué par un expert de la cour d’appel de Libreville à 238 milliards de francs CFA soit (370 millions €). Mediapart précise que les calculs ayant mené à ce montant «ne prennent, par exemple, pas en compte les revenus issus du pétrole (un gisement de cash) ou des actions dans plusieurs multinationales (la rente idéale).» Les biens des Bongo est inestimable…
Les visiteurs qui se risquaient chez Omar Bongo Ondimba espéraient beaucoup du « Boss ». Notamment en termes financiers. «Tous les soirs, on en voyait venir avec le sac vide et repartir le sac plein [d’argent]. Moi, Ali, j’étais dans un coin, car c’était la maison de mon père ! Je préparais le sac et je voyais tout. On me disait : “Tu vois, mais tu ne dis rien.” », écrivait le publicitaire Jeune Afrique, généralement favorable aux rois nègres.
Ali Bongo Ondimba, le pacha
Dans cet article sur son site, le publicitaire Jeune Afrique, raconte dans le détail les dépenses somptuaires du pacha Ali Bongo Ondimba. Escort girls (blondes de préférence, surtout les prostituées bulgares) généreusement payées de 5000 à 15.000 Euros, les mallettes pleines de grosses coupures d’Euros, et des valises bourrées de pièces de collections Smalto, embellissent les séjours du chef de l’Etat gabonais.
Evidemment les Gabonais ne sont pas dupes; eux qui vivent dans une misère crasse savent que c’est la classe dirigeante qui leur enlève le pain de la bouche. Ils savent que si le pays semble voué aux affres du sous-développement en dépit de ses immenses richesses, la faut en incombe à des dirigeants incapables, adossés à une mafia internationale, qui se contentent de piller les ressources et de leur laisser des miettes. Ils savent également qu’ils ont une opposition assez médiocre pour arrêter à cette descente sans fin dans l’abysse crasse de la pauvreté.
Ali Bongo qui se targue d’être un musulman fait en réalité de la charité bien chrétienne selon laquelle quand le gourmand mange, il doit bien laisser aux pauvres les miettes qui tombent de la table. Bongo a certes donné des millions d’Euros au footballeur Messi, il n’a pas oublié son peuple à qui il doit les miettes.
Malheureusement, le Gabon n’a pas de chance: Candidat à sa propre succession, dans un scrutin électoral qui s’annonce sans suspens, Ali Bongo restera probablement président.
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