Le 05 octobre prochain, le processus démocratique au Togo aura 25 ans et le régime contre lequel le soulèvement populaire s’était déclenché est toujours en place. Le leader du Parti des Travailleurs, Claude Ameganvi, sonne le tocsin du bilan, en dessine déjà les contours.
Lors d’un passage à l’émission « Club de la presse » de radio Kanal FM, le leader du Parti des Travailleurs a déclaré que tous les dirigeants de l’opposition ont fini tous par rejoindre le camp du pouvoir en place.
« Tous les dirigeants à mes côtés pendant la conférence nationale sont tous devenus conseillers de Faure Gnassingbé ou collaborent avec le régime. Francis Ekon, Edem Kodjo, Nicoué Broohm, Gilchrist Olympio, et plusieurs autres sont devenus des collaborateurs patentés de Faure Gnassingbé. De tous, je suis le seul qui reste », affirme Claude Ameganvi.
Selon l’ancien enfant terrible de la Conférence nationale, ceux qui n’ont pas rejoint directement le camp du régime, le font indirectement par d’autres voies politiques. Il cite notamment le cas de Me Yaovi Agboyibo qui a été Premier ministre de Faure Gnassingbé après l’accord politique global d’août 2006 ; celui de son parti le CAR, qui, malgré le rejet de la présidentielle 2015, a contribué à élire Faure Gnassingbé par sa présence dans une institution clé telle que la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Les dirigeants de l’ANC et du CAR doivent laisser la place
La dernière salve est allée directement à l’ANC et à Jean-Pierre Fabre, les derniers à avoir rejoint le camp du pouvoir selon Claude Ameganvi par leur participation à «l’organisation» de cette mascarade électorale que fut la présidentielle 2015. Sur le genre d’un fact-checking comme il sait le faire, et pour démontrer que l’ANC malgré son discours et sa stratégie de la rue revendiquant les réformes avant la présidentielle, Claude Ameganvi a rappelé que Jean-Pierre Fabre était déjà décidé à participer à tout prix au scrutin. Pour preuve, selon Claude Ameganvi, très tôt 2014, Eric Dupuis, Secrétaire national à la Communication de l’ANC, déclarait sur Kanal FM que Jean-Pierre Fabre affrontera Faure Gnassingbé en 2015.
Pour le leader des Partis des Travailleurs, la dernière présidentielle a prouvé que ces dirigeants politiques de l’opposition ont atteint leurs limites et qu’il est temps de tourner la page pour qu’une nouvelle génération prenne la relève.
Pour le premier responsable du Parti des Travailleurs, la lutte également doit changer d’orientation tout en tenant en compte du bilan d’échec de ses 25 dernières années. “Il faut de nouveaux créneaux organisationnels qui s’appuient sur l’auto-organisation des populations”, déclare M. Ameganvi. Pour exemple, il a cité la manifestation spontanée des chauffeurs de taxis-motos le vendredi 12 juin contre les exactions policières et gendarmesques.
Seul leader de gauche
Architecte de formation, et venu de la gauche trotskiste française, Claude Ameganvi, 62 ans, reste dans une interprétation marxiste de la scène politique. Brillant orateur, s’il est craint pour ses idées parfois radicales, force est de lui reconnaître la justesse de ses analyses. D’une remarquable force de travail, auteur de plusieurs livres sur les crimes et assassinats politiques, il documente toujours ses interventions et ne raconte jamais des billevesées.
Son analyse du bilan politique est en effet surprenant. Au bout de 25 ans, l’essentiel des acteurs politiques de l’opposition a rejoint le parti au pouvoir. L’UTD d’Edem Kodjo et son avatar, la CPP, fournissent aujourd’hui l’essentiel du personnel politique de premier plan à l’UNIR de Faure Gnassingbé. Edem Kodjo lui-même, après avoir “trahi” en 1994 en s’alliant au RPT pour chiper la primature à Me Yaovi Agboyibo, a récidivé en 2005 en devenant Premier ministre de Faure Gnassingbé. Aujourd’hui, il est Ministre-conseiller de Faure Gnassingbé, qui d’ailleurs le remercie en finançant sa fondation Pax Africana.
Une analyse exhaustive des cadres politiques de l’opposition du début des années 1990 montre effectivement qu’il ne reste que quelques Mohicans.
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