« Les Togolais sont des peureux », dixit Fulbert Sassou Attisso au cours de l’émission 7/7 lors de son passage sur la télé privée TV7. Il est même allé plus loin en glosant sur des poncifs comme quoi le pays est un ramassis de poltrons venant d’ethnies ayant toutes fui les guerres, de peuples ayant jamais vécu dans un empire, par conséquent sans histoire et pourquoi pas manquant totalement de sens politique.
Celui qui tient un tel discours- soit dit en passant qui raillé Alberto Olympio de s’être retiré de la course à la présidentielle 2015 pour raison de fichier électoral vérolé à 75%, s’apprête dans les tout prochains jours à ériger sur la place publique un parti politique censé libérer le Togo du malheur d’avoir Gnassingbé père et fils comme dirigeants.
J’ose croire tout d’abord qu’il va nous instruire à la guerre, nous filer ce caractère belliciste qui a poussé nos voisins à se libérer et vivre en démocratie.
Ensuite, ce qui m’enrage c’est de voir un maoïste faire la leçon à tout un peuple sans oser lui-même se mettre à une simple analyse basique de l’histoire qui commande une petite interprétation marxiste. Enfin, citer Mao, Léon Trotsky, Lénine, et Marx, tout cela est parfait, mais les interpréter au regard de notre histoire récente, j’attends toujours….
Les Togolais ne sont pas plus peureux que les peuples qui nous environnent ni moins dignes que d’autres peuples du monde. L’histoire avec grand H est une question d’organisation et de bons dirigeants. Et dans le cas d’espèce, les Togolais ont eu le malheur d’avoir eu de très mauvais leaders. Des dirigeants peu perspicaces dont le manque de vision, d’habileté voire leur réaction de classe inavouée devant tel ou tel événement de l’histoire, maintiennent les Togolais sous le joug de la camarilla au pouvoir adossé à une armée clanique et une mafia politico-financière internationale.
J’invite donc Fulbert Attisso à lire les interviews croisées des Maîtres Joseph Kokou Koffigoh et Yawovi Agboyibo dans Jeune Afrique Economie numéro 143 de mai 1991 pour comprendre pourquoi un tel a refusé de prendre le pouvoir par crainte de « vide institutionnel » pendant que la rue prenait le dessus.
J’invite Fulbert Attisso à revoir 1994 pour comprendre pourquoi un carriériste de la trempe d’Edem Kodjo a préféré donner la majorité parlementaire au RPT et favoriser le maintien d’Eyadema.
J’invite Fulbert Attiso à lire toute l’histoire d’un Gilchrist Olympio, ce représentant de la finance internationale, pour comprendre pourquoi et comment il a fini par se ranger du côté de Gnassingbé et fils.
J’invite Fulbert Attiso à comprendre pourquoi et comment Jean-Pierre Fabre -ce représentant de la bourgeoisie commerçante et digne héritier de Gilchrist Olympio- s’est battu pour faire valider par une énième mascarade électorale l’élection de Faure Gnassingbé.
Les Togolais ne sont pas des PEUREUX, ils ont juste de mauvais dirigeants mal préparés à conduire un peuple en démocratie.
Le temps est venu de les changer. Et j’ose espérer que quand ils auront fait le balai, ils n’opéreront pas le choix de s’aligner derrière un maoïste qui les regarde de haut.
Comme le dit Walter Lippman, le peuple est un public fantôme, une communauté d’individus aux intérêts assez divers qu’il faut chercher à intéresser et à rassembler autour d’affaires considérées comme urgentes. Si l’élite censée le diriger ignore ces questions et le fatigue par des stratégies ineptes, ne soyez pas étonné que le public fantôme reste sourd à vos desiderata.
Notre malheur au Togo, c’est cette élite et ces journalistes qui traînent leur morgue et méprisent le commun des mortels et pensent être justement plus intelligents. Descendez messieurs de votre tour d’ivoire !
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