Bonéro Lawson-Betum, directeur de publication du journal La Nouvelle, interpellé depuis mardi dernier par des éléments de la Direction de police judiciaire (DPJ), serait accusé de diffamation, selon ses proches. Il a été interpellé dans des conditions que ses proches considèrent comme un enlèvement. La police ayant fait peu de cas du respect des procédures en la matière.
Le journaliste serait accusé d’être l’auteur du blog peuples-observateurs, un site très critique envers le régime de Faure Gnassingbé et aux attaques ad hominem des personnalités du régime.
Selon d’autres sources, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Yark Damehane, serait derrière l’arrestation du journaliste. Des photos de sa fille étudiante dans une université française seraient publiées sur des sites togolais, avec des informations subliminales tendant à inciter à des actes de violences sur elle en représailles aux répressions ordonnées par le ministre contre les militants et sympathisants de l’opposition.
Une association de presse, SOS Journalistes en danger dont est membre Bonéro Lawson-Betum condamne l’arrestation et la détention du journaliste et réclame sa « libération immédiate ».
Sur les réseaux sociaux, l’interpellation du journaliste déchaîne des réactions unanimes contre le régime de Faure Gnassingbé accusé d’être liberticide.
Mais à part les informations révélées par Zeus Aziadouvo, directeur de publication du quotidien Liberté, le contenu du dossier à charge contre le journaliste est pour l’instant inconnu.
On sait néanmoins que Bonéro Lawson n’est pas l’auteur du blog incriminé. Peuples observateurs appartient à un dénommé Matthieu Cichoki, Polonais d’origine marié à une Togolaise, résident en France. Ce gauchiste aurait apparemment épousé la lutte des Togolais pour l’avènement d’une société démocratique, vu la virulence et le caractère outrancier voire diffamatoire de ses articles sur les personnalités du régime en place. Les informations concernent souvent la vie privée des membres du régime.
Qui est Bonéro Lawson
Presque la cinquantaine, passé par le mensuel Focus Infos, Bonéro Lawson-Betum est un journaliste atypique. Pas forcément une belle plume, ni une pratique du journalisme enviable, mais un carnet d’adresses impressionnant et des informations souvent de première main. Il est arrivé en journalisme comme une pierre dégringole d’une montagne. Un pur hasard. Sans nécessité d’ailleurs. Ce qui explique son mépris ou son ignorance des règles de l’éthique et de la déontologie. Son aversion du régime de Faure Gnassingbé l’amène donc à publier des informations impubliables. Raison pour laquelle il a eu maille à partir plusieurs fois avec la Haute autorité de l’audiovisuelle et de la communication (HAAC), la tour de garde du régime, prompte à suspendre voire à poursuivre de sa vindicte les journalistes proches de l’opposition que ceux du pouvoir spécialisés dans la diffamation et les attaques ad hominem des opposants. Il parle un français moche et écrit la langue de Voltaire comme deux mains gauches.
Bonéro Lawson-Betum est-il pour autant l’informateur du blog des “peuples observateurs” ? Peut-être. Mais on en doute. Matthieu Cichoki est connu dans la diaspora togolaise et dans les réseaux sociaux togolais comme un chômeur de longue date qui noie son inactivité dans sa virulence contre le régime des Gnassingbé Père et fils. Cet impécunieux ne saurait rémunérer son informateur supposé qu’est Bonéro Lawson-Betum, dont le journal, La Nouvelle- aux parutions erratiques- suspendu par la HAAC tire le diable par la queue et Dieu par la langue.
On peut néanmoins noter que l’affaire Bonéro Lawson-Betum intervient dans un contexte post-électoral caractérisé par une violation intempestive des libertés de presse. Depuis la proclamation rocambolesque des résultats controversés de la présidentielle d’avril 2015, le régime se spécialise dans l’interdiction d’accès aux sites en lignes togolais au Togo. Plusieurs journaux en ligne ne sont lus qu’à l’étranger, les nationaux sevrés de la quintessence de ces informations de première main.
Violation tous azimuts de la liberté de presse
La presse en ligne n’est pas réglementée au Togo, mais peu coûteuse et ultra rapide, elle permet la diffusion d’un maximum d’informations, même si les lecteurs auraient souhaité disposer de plus d’analyses approfondies sur la situation.
C’est donc cette presse qui fait peur à un régime qui vient pourtant de se faire réélire officiellement à plus de 58% des voix. C’est dire la fébrilité dans le camp du pouvoir, le régime de Faure Gnassingbé qui s’assure des soutiens internationaux pour corroborer une victoire hypothétique à la présidentielle, constate amèrement que son manque de vision du développement reste malgré tout son talon d’Achille. D’où cette répression de la liberté de la presse et l’arrestation d’un pauvre journaliste dont tout le monde se doute qu’il constitue une réelle menace.
K. Dovlovi
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