C’était attendu, c’est rapidement. L’ancien Premier ministre Agbeyome Kodjo vient d’adresser à Faure Gnassingbe « ses plus chaleureuses, vives et sincères félicitations« , quelques heures après la proclamation du scrutin par la Cour Constitutionnelle. Obuts, le parti de l’ancien Premier ministre d’Eyadema n’attendait que ce tour de passe passe juridique de la Cour Constitutionnelle pour apporter son soutien à Faure Gnassingbé.
M. Agbeyome Kodjo raille en passant les controverses à la Commissionélectorale nationale iindépendante (Céni) en les considérant de « péripéties insignifiantes », tout en soulignant que la reconnaissance des résultats par la « communauté internationale » est un gage de transparence et de sérieux du scrutin.
En dépit de l’agitation folklorique et des péripéties insignifiantes qui ont émaillé la compilation et la publication des résultats provisoires par la CENI, le scrutin présidentiel du 25 avril 2015 qui fut observé avec attention par la communauté internationale, ainsi que par les observateurs nationaux, a constitué un test démocratique réussi pour le Togo.
Des Organisations Supranationales notamment (l’ONU, l’Union Européenne, la CEDEAO, l’Union Africaine), et la France ; leur ensemble que nul ne saurait soupçonner de la moindre complaisance, ont unanimement estimé que le déroulé du scrutin en toutes ses étapes, fut crédible, transparent et libre, témoignant ainsi du sérieux dudit scrutin, écrit son parti dans un communiqué.
Soupçonné de vouloir appeler à voter Faure Gnassingbé pendant la campagne, le parti de M. Agbeyomé Kodjo affiche clairement ses intentions pré-campagne en déclarant que le projet de Faure Gnassingbé est le « projet de société structuré et sérieux qui permettra certainement à notre pays de remonter la pente sur le plan économique et social pour un mieux vivre ensemble , et de retrouver une éminente place sur la scène sous régionale, régionale et internationale.«
Mégalo et carriériste
Viscéralement opposé à Jean-Pierre Fabre, candidat du CAP 2015, pour des raisons électoralistes liées au partage des sièges du CST (Collectif Sauvons le Togo) dans le Grand-Lomé après les législatives de juillet 2013, Agbeyomé Kodjo n’a cesse depuis lors de combattre l’opposition dans son ensemble, mais son discours politique préfigure un rapprochement avec le régime.
Selon des rumeurs persistantes, Agbeyomé Kodjo qui devra bénéficier des privilèges dus à son statut d’ancien Premier ministre et d’ancien président du parlement, lorgnerait le poste de Premier ministre.
Ce qui n’est guère étonnant de la part du personnage, mégalomane et carriériste, abonné aux places d’honneur. En rappel, sa tentative désespérée et ridicule de prendre la tête de la Fédération togolaise de football (FTF), une première dans l’histoire d’une personnalité politique ayant étrenné les plus hautes fonctions politiques du Togo, exception faite de la présidence de la République.
Ancien directeur du Port autonome de Lomé, cet activiste du Rassemblement du peuple togolais (RPT)- ancêtre d’UNIR-, a eu une des plus longues carrières au sein du système. Directeur de la Sonacom- en faillite à son départ-, ministre de la Jeunesse et des Sports, ministre de l’Intérieur pendant la transition, Directeur du port autonome de Lomé, Président de l’Assemblée nationale, Premier ministre, il a accumulé les postes et se considérait comme le dauphin d’Eyadema avant de constater que l’ex despote entendait mourir au pouvoir.
Ce ralliement au fils du général Eyadema ne s’opère pas dans une perspective de développement du pays selon une vision programmatique commune avec le parti UNIR comme se targue à l’affirmer M. Agbeyomé Kodjo. Au pouvoir depuis dix ans, Faure Gnassingbé, son nouvel allié est incapable de résoudre les difficultés économiques. D’après un sondage de l’ONU sur l’indice du bonheur, les Togolais se considèrent comme les populations malheureuses de la planète entière.
La présidentielle togolaise du 25 juillet s’est terminée en queue de poisson. La Cour constitutionnelle aux ordres a proclamé la victoire du sortant Faure Gnassingbé, alors que le candidat du CAP 2015, se considérant également vainqueur du scrutin vient de s’autoproclamer président.
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